Bibliothèques idéales : résistance, mode d’emploi !

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Rendez-vous incontournable et essentiel des saisons culturelles strasbourgeoises depuis 18 ans, les Bibliothèques idéales réinvestissent la capitale européenne et ses lieux les plus emblématiques. Avec plus de 70 rencontres, débats, lectures et spectacles au programme pour célébrer la littérature dans ce qu’elle a de plus vivant, sa capacité à éveiller, à questionner, à résister.

Il n’est pas du tout certain que la littérature puisse sauver le monde, si c’était le cas, cela se saurait. Mais enfin, elle peut, peut-être, éviter qu’il ne coure trop vite à sa perte. Peut-être, seulement peut-être, mais c’est déjà beaucoup de pouvoir imaginer que, peut-être, les livres, les auteurs, la réflexion ont encore un peu leur place et, peut-être on y revient car comment être sûr, qu’au milieu du tumulte informationnel, de la volonté désormais généralisée de saboter tous les repères, de mélanger le vrai du faux pour que les opinions comme les faits se valent, peut-être qu’il y a encore un espace pour la raison et la réflexion. En un mot, enfin trois, un espace pour ce qui constitue ce qu’on peut parfaitement appeler un esprit de résistance.

Quand, en 2010, Stéphane Hessel publie un petit ouvrage d’une trentaine de pages intitulé Indignez-vous !, il ne croit sans doute pas lui non plus que la littérature sauvera le monde. Mais que peut-être, peut-être, les livres ont encore le pouvoir d’éveiller les consciences et que cet esprit de résistance qui l’a animé toute sa vie et comme jamais au plus fort de la tourmente des années de guerre ne s’est pas éteint. Quinze ans et quatre millions d’exemplaires vendus plus tard, le monde n’a pas changé d’inflexion, mais quatre millions de consciences éveillées en 34 langues, ce n’est pas rien. D’où l’hommage que rendront les Bibliothèques idéales (BI) à Stéphane Hessel en ce début d’automne ; et encore, le mot hommage est-il impropre puisqu’il s’agit de bien plus que ça : d’une volonté de maintenir le souffle.
« Oui, parce qu’aujourd’hui il y a de jeunes auteurs qui poursuivent l’oeuvre de Stéphane Hessel avec des textes qui correspondent entre les générations », explique François Wolfermann, créateur des BI. « Ce sont des passerelles entre les unes et les autres et il nous a paru important de leur donner une parole. »
La journaliste Salomé Saqué – dont le Résister, déjà vendu à plus de deux millions d’exemplaires, est plus qu’un écho au Indignez-vous ! de Hessel dont elle préface la réédition – ouvrira ainsi ce festival de littérature au Parlement européen le samedi 20 septembre. Donnant ainsi le ton d’une édition très engagée, très forte dans laquelle, du dernier prix Goncourt Kamel Daoud à Rokhaya Diallo, de Delphine Horvilleur à Alfred de Montesquiou, de Laurent Gaudé à Sorj Chalandon, de Rachid Benzine et Marie Semelin qui débattront de cette question essentielle qui est de savoir comment rester humain face à l’incompréhensible, à la sociologue iranienne Chahla Chafiq, Isabelle Autissier ou à la poétesse ukrainienne Yaryna Chornohuz, il sera question d’humain et d’humanité.

À ce titre, la rencontre du dimanche 21 septembre, toujours au Parlement européen, sur le thème des Peuples Racines sera un rendez-vous incontournable car rare avec la présence des représentants des peuples Maya (Amérique centrale et du Sud), Betsimisaraka (Madagascar), Kariri-Xocó (Brésil), Pénan (Bornéo) et Amazigh (Afrique du Nord) : cinq cultures inspirantes, et pour une fois le mot n’est pas galvaudé, cinq façons de voir le monde et de le porter. Des voix qui ne doivent pas être étouffées tant ce qu’elles ont à nous dire mérite d’être entendues.
Plus que jamais, il s’agit donc de prendre ici le pouls du monde, de l’entendre respirer douze jours durant depuis le prestigieux hémicycle du Parlement européen (dont l’architecte Rodo Tisnado viendra parler lors de la journée inaugurale), l’église Saint- Guillaume, la BNU et une douzaine de librairies indépendantes, de médiathèques, d’écoles et de quartiers de la ville et de l’Eurométropole.Le plus difficile finalement avec les Bibliothèques idéales est de toujours résister à la tentation de citer tous les noms des intervenants, tentant mais par nature impossible puisque cette année encore quelque 70 rencontres sont programmées.

Rencontres littéraires donc et avant tout – avec de nouveaux formats comme des déjeuners littéraires en compagnie d’auteurs comme Pierre Assouline, des croisières sur l’Ill ou des ateliers participatifs – des débats de société, des lectures musicales, des rencontres avec le jeune public, mais aussi des rendez-vous croisés où le texte répond à la musique, au dessin, à la danse et à la performance. Avec des soirées musicales, des concerts (Weepers Circus, un hommage à Nina Simone avec Grégory Ott et Sélia Setodzo, un autre à Darwich) et des spectacles comme celui de clôture qui consistera en un cabaret & Drag avec Léopoldine HH, Élysée Moon & Co. Une façon totale, décomplexée, assumée d’habiter le monde qui est aussi, par quelque bout qu’on le prenne, une forme de résistance. ←

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