Bienvenue au Strasbourg Gaels I Foot d’ailleurs
Depuis 2019, une joyeuse bande se donne rendez-vous chaque semaine sur les terrains de football situés devant le Parlement européen. Réunis pour taper la balle, seuls les avertis comprennent. Bienvenue au Strasbourg Gaels, le club de football gaélique local.
«Pas de dribble. Juste des solos et à la fin, passe du mauvais pied. » explique Sébastien à des joueuses et joueurs en short pour certains, en maillot à manches courtes pour les plus fous, sous une météo digne de l’Irlande.
Ici, les entraînements sont mixtes et bilingues. Le ballon rond, tout en cuir avec les traces de coutures, date d’un autre siècle. Plus proche de celui avec lequel jouait Raymond Kopa que de celui de Zinédine Zidane.
En France, les parties se déroulent sur un terrain de football classique. On tire aussi au but. Mais on peut aussi marquer des points en drop, façon rugby. Et surtout, on joue au pied et à la main. « C’est un sport accessible où tu retrouves un autre sport déjà pratiqué. » explique Maël Dancette, un des fondateurs du club. « Si tu n’es pas doué avec une partie de ton corps, tu compenses avec une autre. » ajoute cet ancien basketteur. « Les règles sont très simples comparés au rugby. Déjà, le hors-jeu n’existe pas. » commente Florian Vaujany, le trésorier de la Fédération des Sports Gaéliques et manager de la team France au football gaélique. « Ce sport demeure attractif et hyper dynamique. Si t’aimes courir et les contacts, ce sport est pour toi ! » termine-t-il.
De 8 à 29 licenciés
Maël découvre le football gaélique à Paris en 2013 ou en 2014. La date exacte reste floue. Après quelques années passées au Paris Gaels GAA, il décide de s’installer à Strasbourg avec sa compagne. Problème ! La capitale européenne ne possède pas d’équipe malgré de multiples tentatives d’amener cette discipline en terres alsaciennes. Alors, Maël freine son départ de Paris. Entre-temps, il se rapproche de la représentation irlandaise auprès du Conseil de l’Europe. Sensible à sa demande, il reçoit un listing où figurent les membres de la communauté irlandaise. Le néo-strasbourgeois demande un terrain à la mairie. « Allez vous entraîner avec le football australien. » lui répond-on. Les dénominations se ressemblent mais les deux sports n’ont pas grand-chose en commun. Qu’importe. Après quelques initiations et la création d’un noyau dur de motivés – comme Mathieu qui depuis Saint-Louis traverse l’Alsace deux fois par semaine pour s’adonner à sa passion – il rencontre les dirigeants des deux plus gros clubs omnisports de l’Eurométropole : l’ASPTT et le SUC. Un accord avec Strasbourg Université Club plus tard, le Strasbourg Gaels naît. Au départ, 8 licenciés adhèrent à la nouvelle structure. Aujourd’hui, le club compte 29 membres et avec le retour des compétitions, le nombre ne devrait que s’accroître.
Nouveaux adhérents
Pour le club, composé en grande majorité d’expatriés, fidéliser des adhérents reste le problème premier de ce sport n°1 en Irlande. « Une dizaine de personnes sont présentes depuis le début. Après, ce sont des Erasmus. Ça permet d’apporter des regards nouveaux. Mais l’équipe féminine en souffre parce que trop dépendante des expatriés. » insiste Maël. Avec ses 800 licenciés, la Fédération des Sports Gaéliques préfère fidéliser plutôt que perdre son âme. « On n’a pas tous la même vision du développement. Il faut garder cette identité irlandaise. Chaque année, 5 % à 10 % de nouveaux adhérents nous rejoignent. On va rapidement atteindre notre plafond de verre. » explique Florian Vaujany. Selon le team manager de l’équipe de France, le salut viendra des jeunes. « Pour le moment, on n’arrive pas à leur offrir de compétition. Pour les tenir, c’est compliqué. Parce que le plus dur, c’est de recruter, pas des enfants. »
Dernière action et l’entraînement touche déjà à sa fin. 135 ans après la création des règles modernes du football gaélique, les joueurs de Strasbourg Gaels perpétuent une tradition qui n’a jamais paru aussi moderne.