Cédric Schell, portrait d’un talentueux oeil transfrontalier
Cédric Schell pourrait être nommé « ambassadeur » de l’Alsace. De sa vie professionnelle à ses photographies, le jeune homme de 25 ans, originaire d’Alsace du Nord, vit comme beaucoup de personnes dans la région une double vie. De part et d’autre de la frontière, il s’épanouit appareil à la main ou en assemblant des tableaux de bord. Une dichotomie ? Ce serait méconnaître la culture alsacienne. Et, celui qui a l’art de capturer l’essence même des beautés d’Alsace, est suivi sur Instagram par plus de 27 500 personnes ! Pour Or Norme, nous avons rencontré ce natif de la région, parfait exemple de ce qu’être un transfrontalier dans l’industrie peut offrir de meilleur…
Un accent tintant de l’Alsace Verte, des lunettes de vue façon aviateur, des yeux clairs et le sourire facile… Avec une mère allemande et un père alsacien, Cédric, né chez nos voisins, dans le Palatinat, ne s’est pas longtemps posé la question de travailler par-delà les cimes – composées de châteaux forts – qui délimitent son pays de naissance et la région de Wissembourg, où il habite. « Je parle couramment allemand, et il faut savoir que les salaires sont meilleurs là-bas, dans l’industrie automobile », pose, très pragmatiquement, le jeune homme. Mécanicien chez Mercedes Benz à Rastadt, il a été embauché cette année, après plusieurs contrats d’intérim. Sur sa chaîne de production, cet alsacien se fond dans la masse. Cependant, le fonctionnement en 3×8, lui permet une certaine liberté qu’il fait une place à sa passion, son moyen d’expression.
Comment en êtes-vous venu à la photographie ?
Je faisais beaucoup de photos avec mon portable. Je postais sur Instagram, avec une grande part de couchers de soleil ! Puis, en 2018, un ami à moi s’est acheté un appareil. J’avais déjà eu quelques retours très positifs sur ce que je postais à l’époque, on me disait que j’avais un « oeil »… Donc j’ai sauté le pas. Il faut savoir que sur le téléphone, c’est l’IA qui gère. L’appareil, c’est un tout autre monde ! C’est pas du tout la même chose ! (rires) Doucement, et à l’aide de tutoriels YouTube, en autodidacte, j’ai appris à paramétrer et régler ce nouvel ami, pour parvenir à avoir ce que je voulais. Il était hors de question pour moi de l’utiliser en mode automatique. Pour mes premiers tests, je me suis fait la main sur de beaux couchers et levers de soleil. Je regardais la météo.
Vous êtes aujourd’hui particulièrement connu et remarqué pour votre lien fort – et une sorte d’intimité parfois onirique – à la brume. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette circonstance météo ?
La brume et les châteaux forts, ça a été l’avancée suivante. Je me suis offert du matériel plus poussé, et j’ai pu me faire plaisir. Pour la brume, je pense que ça a tout à voir avec mon amour des défis ! D’ailleurs, on m’appelle le « Roi de la Brume » ! (rires) Où je suis, elle est. Ou plutôt, avec l’expérience, je sais quelles conditions météorologiques sont ou non favorables. S’il y a le bon taux d’humidité, la bonne température, un ciel dégagé, je me lève tôt – très tôt ! – et j’y vais. Évidemment, il arrive qu’elle ne vienne pas à notre rendez-vous ! Avec la sécheresse, il n’y en a pratiquement plus depuis quatre ou cinq mois, d’ailleurs.
Vous qui aimez les défis et vous diversifier, que faites-vous quand cette compagne n’est pas là ? J’ai vu passer quelques photographies en macro…
Oh ça c’est très récent ! Oui effectivement, comme je n’aime pas m’ennuyer je teste toujours de nouvelles choses. La macrophotographie (technique permettant de capturer des sujets de tailles infimes – ndlr), est une technique à part et j’ai bien aimé pouvoir l’expérimenter. Je varie aussi en faisant des commandes pour l’Office du Tourisme de l’Alsace Verte ou celui de Strasbourg, depuis fin 2021. Avec des photos de paysages ou de villes, de villages… Et les orages ! Je me suis vraiment amusé sur les derniers de juillet ! Et je calcule tout par rapport à la météo, pour ne jamais avoir la même photo.
Debout avant 5 h pour les levers de soleil, noctambules pour chasser les orages, vous n’arrêtez pas ! Qu’est-ce qui vous fait vibrer dans vos photos ?
Une de mes photos favorites est un autoportrait, de dos, avec mon pull rouge sur les ruines d’un château de l’Alsace Verte, non loin du Fleckenstein, face à la brume. Sinon, j’aime les tons chauds, chaleureux, les lumières des levers de soleil… Je suis quelqu’un de calme, et à ce moment-là je me sens en harmonie avec la nature, très serein face à ce moment qui m’est offert.
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