Comment ça va chez…Boehli ?

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Article publié dans Or Norme N°57 (juin)

L’entreprise familiale de Gundershoffen se réinvente sans perdre une miette de son identité. Visite guidée par Raphaël Wurtz, son directeur d’usine.

 


Fiche technique :

 Boehli c’est :
– 90 ans de bretzels, sticks et biscuits apéritifs.
– 6000m2 d’usine ;
– 3100m2 d’entrepôt logistique
– 500m2 de musée qui accueille chaque année
– 20 000 visiteurs.

 

 Effectif : 90 collaborateurs
Chiffre d’affaires : 22millions d’euros en 2024, dont 38% à l’export (22 pays)
Production :7000 tonnes de biscuits/an
Distribution : 60 % MDD, 40 % marque Boehli


Depuis 1935, la PME alsacienne, ancrée à Gundershoffen, a toujours su conjuguer croissance et indépendance. « Quand mes parents ont racheté Boehli en 1998, le chiffre d’affaires était de 700 000 francs. Aujourd’hui, nous sommes à 22 millions d’euros », affirme Nicolas Meckert, son PDG. Une ascension fondée sur une recette simple : qualité, savoir-faire local et audace industrielle.

« NOUS SOMMES PASSÉS DE DEUX À SEPT LIGNES DE PRODUCTION : CINQ POUR LES BRETZELS ET DEUX POUR LES STICKS. » R. Wurtz

Pour accompagner sa croissance, l’entreprise a investi 6,7 millions d’euros dans une septième ligne de production et un nouvel entrepôt automatisé (Boehli2), cofinancé en partie par la Région Grand Est, l’État et l’Union européenne à hauteur de 400 000 euros. Ces équipements modernes, épaulés par « Toby » et « Giorgio » (voir encadré), permettent d’optimiser les flux logistiques et d’expédier jusqu’à 250 palettes par jour. L’automatisation fait gagner 50 % de temps de préparation tout en réduisant l’empreinte carbone, grâce notamment à l’installation de panneaux photovoltaïques d’une puissance de 250 kWh sur le toit de Boehli2, qui a déjà permis de réduire de 31 tonnes les émissions de CO2.

Dans un tiers de la France, de la Normandie jusqu’à Lyon, les produits alsaciens se vendent sous la marque Boehli. © Laetitia Piccarreta

« Nous sommes passés de deux à sept lignes de production : cinq pour les bretzels et deux pour les sticks » explique Raphaël Wurtz, le directeur d’usine. Et l’extension industrielle est impressionnante : Boehli2, véritable cathédrale logistique de 3100 m2 avec dix mètres de hauteur sous plafond, peut stocker jusqu’à 4054 palettes. Deux transstockeurs automatiques assurent la manutention, tandis que quatre quais permettent de préparer simultanément trois commandes. La production, elle, tourne cinq jours sur sept en continu, portant la capacité de 31 tonnes à 42 tonnes de biscuits apéritifs par jour.

Avec cette septième ligne, la capacité de production a augmenté de 35%, passant de 31 tonnes par jour à 42 tonnes. ©Laetitia Piccarreta

Si l’entreprise familiale mise sur l’innovation industrielle, elle n’oublie pas l’essence de son succès : la qualité produit. Dans la zone boulangerie, la préparation de la pâte répond à un cahier des charges rigoureux : farine bio, sel, huile de tournesol, levure, malt et eau. Le pétrissage dure entre dix et douze minutes avant de passer aux lignes de production. Puis vient le bain de saumure de bretzel à base d’hydroxyde de sodium, chauffé à 60°C grâce à un échangeur de chaleur permettant de récupérer l’énergie des cheminées. « C’est ce qui va donner la couleur et la brillance », explique Raphaël Wurtz. Une traversée sous le rideau de sel et les bretzels sont prêtes pour la cuisson : cinq minutes chrono pour passer une ligne de sept fours longue de 30 mètres, avec une variation de température entre 150 et 250°C. « Il y a cinq ans encore, le remplissage se faisait à la main », rappelle le directeur d’usine. Désormais, ensacheuses et balances associatives assurent une précision et une vitesse d’exécution optimale.

Vingt conteneurs partent pour l’export chaque année, direction l’Allemagne, le Japon, Dubaï, la Corée du Sud ou encore la Chine. © Laetitia Piccarreta

Ce souci d’efficacité n’éclipse pas l’engagement local de Boehli. L’entreprise travaille avec des partenaires de proximité, comme le Moulin des Moines pour sa farine bio, cultivée à moins de 20km de l’usine. Aujourd’hui, 18% de la production est certifiée bio, « française, voire alsacienne, quand les récoltes sont bonnes », précise Anita Schaeffer, directrice commerciale. Selon la demande des clients, Boehli peut aussi concocter des recettes audacieuses à partir de farines d’épeautre, de quinoa, ou encore à base de pois chiches, de carottes… Depuis trois ans, la marque commercialise aussi des éclats de bretzels, à parsemer dans des recettes sucrées. Preuve que chez Boehli, l’innovation ne se limite pas à l’outil industriel : elle passe aussi par la créativité des saveurs.

En 2024, alors que le marché français des apéritifs à croquer progresse de 4,8% en volume, Boehli poursuit sa stratégie de développement en marque propre tout en conservant 60% de son activité en marques de distributeur. Avec encore 3 000 m2 exploitables derrière Boehli2 – pour des projets « top secret » selon Anita Schaeffer –, la PME alsacienne a de quoi voir venir… et continuer de faire croustiller les apéros pour les 90 prochaines années ! ←

« Toby » et « Giorgio » : les héros mécaniques
Chez Boehli, même les robots ont du caractère ! Toby, petit AGV suisse, charge les palettes avec agilité. Giorgio, navette électrique autonome italienne, relie les deux sites de production sur 300 mètres, avec guidage au sol, remplaçant six allers-retours quotidiens de semi-remorques. Ensemble, ils optimisent la logistique tout en réduisant l’empreinte carbone. S.D.
La Fabrique à Bretzels : un incontournable du tourisme local
Unique en Alsace, ce musée de la bretzel dévoile les secrets de fabrication de Boehli. Pour ses 90 ans, la marque a imaginé une exposition immersive autour des cinq sens, Voyage sensoriel au pays de la bretzel, où la convivialité alsacienne se vit et se déguste. Et pour résoudre définitivement un débat local : oui, on dit bien UNE bretzel ! S.D.

 

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