Conectus, transformer les découvertes scientifiques en technologies attractives pour les entreprises

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 Article publié dans « Quest for industry », numéro hors-série d’Or Norme paru à la mi-juin 2023.
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Diplômé de l’école d’ingénieurs INSA, Nicolas Knepper a connu un parcours purement industriel avant de rejoindre la SATT Conectus, il y a 6 ans. Il y est aujourd’hui directeur du pôle investissement « SPI-Chimie-Matériaux ». Ce qui le motive ? « J’ai envie que ça marche, que les travaux et inventions scientifiques permettent à des innovations concrètes de voir le jour, qu’ils servent à guérir, à anticiper, à simuler… à obtenir des impacts positifs ». Rencontre en terrain d’innovations.

Conectus compte parmi les 13 Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) présentes en France. Créée il y a 11 ans, sa mission consiste à détecter les innovations qui naissent au coeur des laboratoires de recherche publics implantés en Alsace et à les rendre accessibles aux entreprises. « Les chercheurs travaillent à des solutions pour résoudre des problèmes technologiques avant même qu’ils ne se manifestent, avant que nous ressentions le besoin d’y répondre. Ils ont un temps d’avance, c’est leur vocation. Il existe une richesse scientifique et un potentiel incroyable d’innovations, insoupçonnées, dans des domaines comme la santé ou l’environnement par exemple ».

UN PARTENAIRE D’INNOVATION OUTILLÉ POUR INDUSTRIELS ET CHERCHEURS.

Au quotidien, Conectus protège les découvertes scientifiques, finance et accompagne les projets innovants les plus prometteurs en termes de potentiel d’application industrielle. L’objectif final ? La concession de licences d’exploitation à des industriels ou la création de start-up technologiques.
Fait notable, Conectus investit dans certaines inventions scientifiques « à un stade de développement technologique très amont, où personne d’autre n’investit », pour obtenir des preuves de concept et démontrer leur intérêt pour un marché. Chaque année, environ 120 inventions scientifiques sont ainsi détectées et près de 12 projets sont soutenus financièrement par Conectus.
Conectus propose également un service clé en main aux entreprises souhaitant réaliser une collaboration avec un laboratoire académique. Conectus agit en tiers de confiance et simplifie la relation contractuelle.
Ce travail nécessite de pouvoir compter au quotidien sur « des profils de collaborateurs très pointus, dotés de compétences à la fois scientifique, technologique et business, capables de travailler à la fois avec un public de chercheurs et un public d’industriels, sur des sujets techniques », insiste Nicolas, qui saisit au passage l’occasion pour saluer la qualité du travail réalisé par son équipe.
À ce jour, la SATT Conectus a opéré pas moins de 159 transferts de technologies, permis l’émergence de 34 start-up, ces dernières représentant 260 millions d’euros de levées de fonds cumulés. Conectus a également favorisé 1 759 collaborations laboratoires/entreprises.

UNE ÉVOLUTION DES MENTALITÉS FAVORABLE AUX COLLABORATIONS ET À L’INNOVATION.

S’il est indéniable que des différences culturelles entre chercheurs et industriels peuvent freiner les collaborations d’innovation, Nicolas relève plusieurs évolutions positives. L’esprit start-up s’étend progressivement à l’industrie. Les industriels explorent plus souvent l’option de solutions externes pour répondre à leurs besoins. La réglementation évolue et les enjeux sociétaux actuels poussent à la recherche d’innovations de rupture. De leur côté, les jeunes générations de chercheurs manifestent davantage la volonté de trouver des débouchés concrets pour leurs travaux et d’avoir un impact positif sur le monde. Ils se tournent plus volontiers qu’avant vers l’entrepreneuriat et semblent plus enclins à considérer le monde industriel comme un vecteur pour « aller vers du concret ». Globalement, les mentalités évoluent et les systèmes d’évaluation mis en place par l’État incitent les chercheurs à intégrer la logique de transfert technologique dans leurs projets de recherche. L’écosystème d’accompagnement évolue, lui aussi. SEMIA, l’incubateur alsacien d’entreprises innovantes, est d’ailleurs un partenaire historique de Conectus. « Tous les projets de start-up issus de la recherche académique passent par SEMIA. Et comme l’incubateur diffuse de plus en plus la logique start-up auprès des industriels, cela renforce les liens et laisse entrevoir de nouvelles collaborations. »
À l’instar de la SATT Conectus, deux autres SATT travaillent avec les incubateurs du réseau Quest for change présents sur leur territoire, la SATT Nord pour les Hauts de France et le nord de la Champagne Ardenne, la SATT Sayens pour la Lorraine, la Bourgogne Franche-Comté et la Champagne Ardenne.

L’ADAPTATION AUX MUTATIONS TECHNOLOGIQUES EN LIGNE DE MIRE.

Nicolas mentionne comme challenge pour Conectus le développement du travail en réseau avec les 13 autres SATT implantées en France. Il s’agit de mutualiser plus de choses, de partager plus de contacts industriels, d’être plus ambitieux ensemble, en proposant par exemple des grappes de brevets aux industriels, en croisant certaines disciplines, en montant des actions terrain (événements, prospection…) en format collectif. Il indique aussi que l’un des principaux challenges actuels est de s’adapter aux mutations technologiques, qui évoluent en permanence : « l’Intelligence Artificielle se mélange aux sciences de la vie, la robotique s’installe dans de multiples domaines, la crise énergétique bouscule les fondamentaux… toutes ces évolutions appellent le développement de compétences nouvelles et une adaptation permanente des équipes qui gèrent nos projets. » Nicolas précise qu’en collaboration avec SEMIA, les tutelles académiques vont mettre en place des formations sur ces évolutions et ajouter aussi une forte composante entrepreneuriale pour les futurs porteurs de projet afin de mieux les préparer à la création de start-up.

©Alban Hefti

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