Corentin Meyer⎢Ce passé si présent…
– Article publié dans Ornorme n°40 –
Ce Colmarien d’origine vit à Rixheim près de Mulhouse mais, depuis 2009, est sapeur-pompier professionnel à la caserne du Finkwiller à Strasbourg. Découvrez la belle idée photographique et éditoriale du talentueux Corentin Meyer…
Il l’avoue d’emblée : « Je ne me qualifierais même pas de photographe, je ne me comparerais pas non plus à un artiste, surtout quand je vois les splendeurs que certains réalisent. En fait, je me sens comme un détective : dans le travail que j’ai réalisé pour éditer ce livre, il s’agissait surtout, à partir d’un cliché historique, de retrouver le quartier, l’endroit et l’angle précis de la prise de vue… »
Il suffisait d’y penser…
« Quand ma tante a entrepris de retracer l’histoire de mon grand-père » raconte Corentin, « elle a retrouvé des lettres qu’il avait envoyées durant la dernière guerre. Mon intérêt pour cette période est né là. C’est la photo du drapeau nazi flottant sur la cathédrale de Strasbourg qui a déclenché l’idée. J’ai réalisé la photo qui est sur la couverture du livre dans la foulée. Et c’était parti… Je suis allé aux archives récupérer d’autres photos et j’ai continué ce travail. Et plus je réalisais ces montages, plus j’avais envie d’en faire d’autres et plus j’allais dans le détail, le plus j’apprenais de choses comme la germanisation à marche forcée de la ville, notamment celle des noms, durant cette période dramatique de son histoire. Le livre montre bien cet aspect des choses. Le plus dur, au fond, c’est d’avoir ramé pendant des mois pour récupérer les ressources photos de l’époque. Ce fut assez facile au niveau des archives municipales de la ville, y compris au niveau de l’achat des droits dont le montant était tout à fait correct. Il n’en a pas été de même auprès des particuliers, par exemple, c’est monté quelquefois à 90 € l’image. La cagnotte Leetchy que j’avais montée m’avait procuré 2500 €, elle a été assez vite épuisée… Mais c’est la rencontre avec mon éditeur I.D. L’Edition qui a été déterminante. Il a été OK tout de suite pour que je travaille étroitement avec le graphiste, les quelques idées de mise en page que j’avais ont été respectées et c’est le seul éditeur de tous ceux que j’ai rencontrés qui m’a garanti cela. Le livre a bénéficié également de la plume d’un historien, Richard Seiler, qui a signé la préface et les textes des pages intérieures. Dans le livre, je remercie ces personnes qui m’ont facilité énormément les choses : de l’œuvre Notre-Dame qui m’a ouvert exceptionnellement les portes de la cathédrale durant le confinement de l’an passé jusqu’aux particuliers dont j’ai tiré la sonnette pour pouvoir accéder à leur balcon et bénéficier de l’angle idéal pour la prise de vue, elles ont été nombreuses… »conclue Corentin.
Tous les obstacles ont donc fini par se régler les uns après les autres. A l’heure où vous lirez ces lignes, le livre sera sorti. Il représente un témoignage original et inédit de cette époque qui s’éloigne et qu’un jeune et talentueux photographe amateur de 34 ans fait revivre de façon extrêmement originale.