EDITO⎢Politique
«Pour parler de la guerre, il n’y a que des larmes. »
Un poète s’en fut en guerre, Henriqueta Lisboa, Poétesse brésilienne (1901-1985)
À l’heure où nous allions commencer le bouclage de ce numéro 44 d’Or Norme, les troupes Russes pénétraient sur le sol Ukrainien pour le début de leur offensive meurtrière.
Notre magazine, trimestriel, n’a évidemment pas vocation à suivre l’actualité quotidienne, et notre important dossier consacré à l’élection présidentielle en France, avec trois grands entretiens exceptionnels que nous ont accordés Emmanuel Todd, Marcel Gauchet et Jérôme Fourquet, était bien sûr déjà bouclé.
Pourtant, nous tenions absolument à témoigner, à la fois de notre émotion et de notre solidarité avec le peuple Ukrainien, mais également de la conscience que nous avons que ce conflit-là, aux frontières Est de notre continent, aura des répercussions majeures sur la géopolitique européenne et sur notre vie quotidienne… Voilà pourquoi, en plus d’un dessin de presse remarquable de JAK que vous retrouverez en page 122, nous avons souhaité que cette petite mésange au corps jaune et aux plumes bleues, couleurs de l’Ukraine, vous accompagne, tout au long de votre lecture de notre magazine.
À travers sa présence, nous manifestons notre solidarité avec un peuple déjà lourdement éprouvé par cette guerre, toujours terrible avec les plus faibles, et qui n’ont « que les larmes » pour en parler. Elle se veut être également l’image de notre conscience, omniprésente aujourd’hui, mais pour combien de temps, que nous devions dire et agir au quotidien, pour refuser la fatalité de subir la loi du plus fort, du plus tyrannique, du plus fou… Au moment même où je rédige cet éditorial, le président Macron, qui vient de s’entretenir longuement avec Poutine ce 3 mars 2022, déclare que selon lui « le pire est à venir », face à la détermination du dirigeant Russe à faire plier l’Ukraine.
Pourtant, aux moments les plus sombres d’une guerre, il faut toujours maintenir notre capacité à percevoir la lueur qui vacille déjà au bout du tunnel : peut-être, sans doute, naît-elle déjà au sein du peuple russe lui-même, conscient, lui aussi, des énormes mensonges de celui qu’il faut bien appeler aujourd’hui son dictateur, et qui ose parler de « dénazification » d’un pays démocratique dont le président est de plus, de confession juive. Les tyrans n’ont pas de limites… nous l’avions peut-être oublié.