Edito // Toujours
Il est bon d’aimer autant que l’on peut, car c’est là que gît la vraie force, et celui qui aime beaucoup accomplit de grandes choses et en est capable, et ce qui se fait par amour est bien fait.
Vincent Van Gogh – Lettres de Vincent à son frère Théo (1872-1890)
Strasbourg, toujours.
Jamais sans doute auparavant, l’équipe d’Or Norme n’aura si intensément vécu la connexion profonde et intime entre le magazine qu’elle réalise, et la ville qu’elle habite et qui l’habite tout autant.
C’est notre fierté de vous proposer depuis huit ans un magazine d’information, un magazine de journalistes, et ce Numéro 32 en est la parfaite illustration malgré, ou plutôt justement, par son caractère exceptionnel.
Exceptionnel par son contenu d’abord : un dossier exclusif sur le drame que notre ville a vécu le 11 décembre dernier, dans lequel vous pourrez lire les témoignages de Jean-François Illy (directeur de la sécurité Publique du Bas-Rhin au moment des faits), de Dorota Orent (la maman de Bartek, une des victimes de l’attentat) et puis, surtout, le témoignage bouleversant sur bien des plans, de Damian Myna, blessé de treize coups de couteau, pour s’être interposé héroïquement au terroriste, et de sa compagne Rosana, qui l’a accompagné avec tant d’amour depuis le premier jour de cette épreuve.
Vous découvrirez en lisant leur interview, jusqu’où la force de cet amour les mène et la leçon qu’ils donnent à tous les haineux qui ont si souvent la parole actuellement.
Celle de Marek Halter est d’or et son entretien avec Jean-Luc Fournier est de la même veine.
Enfin, et parce qu’il est impossible de mettre en exergue tout le sommaire de ce numéro si dense (pour la première fois 148 pages !), ne manquez pas le dossier que nous consacrons à l’Europe, dont le destin, évoqué dans nos dernières pages par Jean-Luc Nancy, va à nouveau se jouer dans quelques semaines et qu’à Strasbourg, bien plus qu’ailleurs, nous en mesurons l’importance.
Lors du bouclage de ce numéro, ce sont les mots de Vincent Van Gogh à son frère, cités plus haut, qui résonnent en nous de manière si particulière et si puissante. Et je suis convaincu, qu’après avoir lu le témoignage de Damian Myna, vous comprendrez également comment quelqu’un qui est porté par cette force, et qui a l’humilité de comprendre et d’accepter que ce n’est pas seulement lui qui a agi mais quelque chose de bien plus puissant que lui, a pu, grâce à son amour de la vie, de Rosana, et tout simplement de l’autre, se comporter en héros.
Patrick Adler, Directeur de la publication
Remerciements : à Anne, « la maman des enfants dont Damian s’occupait avant le drame », qui par sa bienveillance, et la confiance qu’elle inspire à tous, a permis la rencontre entre Or Norme, Damian et Rosana.