Frank Maire, Alcys « Un logement n’est pas un produit, mais un besoin prioritaire, un refuge »
Promoteur régional et indépendant, Alcys milite pour une « Smart city », une ville plus futée qu’intelligente, avec des logements confortables, mais abordables, des espaces verts, du lien social. Depuis le confinement, ses cogérants estiment que les promoteurs et les pouvoirs publics doivent s’interroger sur les besoins des Français en termes de logement.
Aux manettes d’Alcys depuis 2013 avec son associé Carlos Pereira, l’ancien PDG de Trianon Résidences ne regrette pas sa décision. « L’aventure entrepreunariale est la plus valorisante qui soit, estime Frank Maire. Aujourd’hui, nous employons 10 personnes et construisons entre 150 et 200 logements par an. En tant que promoteur régional indépendant, notre spécificité est de ne pas avoir de chefs au-dessus de nous. Nous n’avons pas de frais de sièges, pas de royalties, ni de gros honoraires de gestion, ce qui nous permet d’être compétitifs. » Alcys n’ambitionne pas la croissance, « mais de bien faire notre métier et de maintenir notre activité. Bien faire les choses est très compliqué dans le bâtiment, car ce n’est pas une science exacte. »
La résidence principale comme première épargne retraite
Autre ambition : être réellement innovant. « Par exemple à la Meinau, nous avons réalisé 66 logements pour le premier projet résidentiel labelisé BBCA, très bas carbone, dans le Grand Est. Nous avons pris la décision de tenter l’aventure en 2016 et nous avons réussi, après mille péripéties », sourit-il. L’ADN de la société ? « Tenter des choses, innover, utiliser des matériaux avec de vraies performances énergétiques, offrir des prestations de qualité supérieure. » Le tout à un prix abordable.
« Il faut remonter à l’origine, un logement n’est pas un produit, mais un besoin prioritaire, un refuge. Le Covid a encore plus démontré la valeur d’usage du logement », rappelle Frank Maire. Pour Alcys, « le neuf est par définition un ouvrage de qualité car le plus encadré par la réglementation. Après, tout dépend comment on construit, les hauteurs, les gabaris, la densité de logements. Mais il faut savoir que nous ne choisissons pas, c’est le Plan local d’urbanisme qui détermine ce que l’on peut construire ou non. » Plus encore depuis la crise du Covid, Frank Maire milite pour des prix contenus. « Il faut que le plus grand nombre ait accès à la propriété. La première épargne retraite, c’est la résidence principale. Cela devrait être l’un des premiers objectifs des politiques publiques. »
Si la première semaine du confinement a mis un coup d’arrêt aux échanges commerciaux, très vite les contacts ont repris. « Les gens ont profité du temps donné pour remettre en route leurs projets immobiliers. Parce qu’ils ont réalisé certaines choses, qu’avec des enfants, il faut peut-être une pièce en plus, qu’une terrasse c’est quand même sympa, que le télétravail qui se généralise leur permettrait peut-être de s’éloigner de la ville, rapporte-t-il. Après l’hyper-métropolisation, les politiques publiques vont peut-être réfléchir différemment, en allégeant la métropole, en la reliant à la deuxième couronne avec des transports en commun ».
Avec plusieurs constructions en cours du nord au sud de l’Alsace, Alcys travaille déjà sur 2021 avec la création d’un lot de 115 logements avec Nexity sur l’îlot Starlette, « la plus grande ZAC de France, qui permettra de mettre de la vie et de la ville vers le Rhin. »