La santé mentale, parlons-en !
Le Forum européen de bioéthique ouvre ces portes ce mercredi 29 janvier à 18h dans la grande salle de l’Aubette jusqu’au 1er février. Au programme, des journées consacrées à la santé mentale chez les jeunes et moins jeunes, décryptées par d’éminents spécialistes. Objectif : libérer la parole.
La santé mentale des Français est préoccupante au point d’être décrétée Grande cause nationale. « Entre 2019 et 2022, chez les 12-25 ans, l’Assurance maladie a observé une augmentation de 20% des maladies psychiatriques et de 60% de la consommation de d’antidépresseurs. Chez les 25-34 ans, le suicide est désormais la première cause de mortalité », alerte Aurélien Benoilid, neurologue, président du Forum européen de bioéthique.
Déjà il y a un an, avant que Michel Barnier ne décrète la Santé mentale comme Grande cause nationale en 2025, les organisateurs du Forum européen de bioéthique ont choisi cette thématique pour leur 30e anniversaire. « Imaginez seulement qu’on puisse, en France, en 2025, proclamer que l’on va faire de la santé physique une grande cause nationale. C’est inimaginable, car la santé physique est depuis longtemps déjà considérée comme le bien le plus précieux de l’humanité. Alors pourquoi n’en va-t-il pas de même pour la santé mentale ? C’est aussi une forme de médecine à deux vitesses », poursuit-il.
Une Maison de la santé mentale à Strasbourg d’ici juin
Consciente des enjeux de santé publique, la Ville de Strasbourg prévoit l’ouverture d’une Maison dédiée à la santé mentale courant juin, en centre-ville. « Ce ne sera pas un lieu de soins mais de santé où l’on accueillera pour parler des questions de stigmatisations, où l’on accompagnera pour libérer la parole », précise le docteur Alexandre Feltz, adjoint à la maire en charge de la santé.
La Collectivité européenne d’Alsace (CEA) prend aussi le sujet à cœur, comme le précise Nicolas Matt, vice-président en charge notamment de la jeunesse. « Chaque année, nous enregistrons 20% d’informations préoccupantes concernant des enfants maltraités ou des difficultés des familles. Les enfants développent de plus en plus tôt des pathologies liées au stress. Nous devons donner des réponses en termes de santé publique. Nous souhaitons davantage d’actions pédopsychiatriques, les besoins sont énormes. » Le plan santé de la CEA s’élève désormais à 2 millions d’euros : « La santé mentale reste ce que nous souhaitons le plus développer », précise l’élu.
Dès ce soir et jusqu’au 1er février, chercheurs, psychiatres, pédiatres, professeurs de philosophie, de sociologie, interviendront dans la grande salle de l’Aubette pour éclairer initiés et néophytes sur l’urgence de prendre en charge la santé mentale et de libérer la parole. Pour celles et ceux qui ne pourraient se déplacer, des replay et podcasts seront à disposition sur le site.
Anxiété, dépression, burn-out sont-ils le mal du siècle ? Comment définir la norme d’un être humain tout en nuance ? Santé mentale de nos enfants, nouvelles addictions, passage à l’acte… Autant de sujets essentiels, passionnants – préoccupants surtout – qui seront décryptés tout au long de ce Forum grand public qui fête ses 30 ans, unique en France et en Europe.