Le comptoir des vignerons alsacien I La vigne à la ville

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C’est à un voyage oenologique du nord au sud de la Route des vins d’Alsace que nous invitent les 75 producteurs indépendants du Comptoir des vignerons alsaciens, installé place Gutenberg. Porté par le Syndicat des vignerons indépendants, ce nouveau lieu de vente et de dégustation offre un bel aperçu de la vie des caves alsaciennes au coeur de la ville.

L’ hôtel consulaire de la Chambre de commerce et d’industrie a retrouvé vie. Orchestré par le Syndicat des vignerons indépendants, le SYNVIRA, ce nouveau haut lieu du vin d’Alsace présente au moins deux atouts. Sa localisation déjà, au coeur de la ville, dans le premier bâtiment en pierres de taille construit en 1585 : c’est depuis ce centre névralgique que la Corporation des gourmets organisait historiquement l’exportation du commerce du vin sur le territoire. Sa scénographie contemporaine et intuitive ensuite, qui offre à ses visiteurs un parcours de découverte limpide.
Les quelque 375 références de vins y sont classées par vignoble du Nord au Sud de l’Alsace, mais aussi selon leurs spécificités – frais et secs, puissants et intenses, crémants ou grands crus… Une encyclopédie grandeur nature des vins d’Alsace en résumé, twistée d’une belle dose de convivialité, à l’image des caveaux des vignerons alsaciens.
« Nous faisons ici ce que font depuis tant d’années les producteurs dans leur campagne, nous n’avons rien inventé, sourit Alain Renou, directeur du SYNVIRA. Nous aimons faire vivre le lieu, à travers des dégustations, des accords mets-vins, en amenant les vignes à la ville. »

Chaque jour, un vigneron anime le Comptoir des vignerons alsaciens, place Gutenberg. À gauche, Alain Renou. ©Nicolas Rosès

CHAQUE PERSONNE QUI VIENT ICI DOIT TROUVER UN VIN QUI LUI PLAÎT

Les 75 vignerons participant à cette nouvelle aventure se relaient chaque jour pour animer le lieu. « Ils vendent leurs vins, mais sont bien sûr capables de parler des autres terroirs, précise Alain Renou. Les vignerons sont une grande famille, ils font vivre un collectif : concurrents, mais obligés de coopérer… C’est de la coopétition. »
Jamais avares en dégustation, une trentaine de bouteilles sont ouvertes chaque jour. Car les vignerons alsaciens ont été parmi les premiers dans les vignobles français à comprendre que faire goûter était leur meilleure communication. « Chaque personne qui vient ici doit trouver un vin qui lui plaît, très sec, liquoreux, léger, intense… Ceux qui méconnaissent les vins d’Alsace découvrent que les vins les plus secs de France sont alsaciens ou que nous avons des rouges hyper intenses », appuie le directeur du SYNVIRA.
Des ateliers-dégustations sous forme d’afterworks, et sur réservation, sont aussi régulièrement organisés, toujours dans cet esprit de convivialité cher à la profession.
Cette vitrine vivante reste un bel outil pour toucher les quelque 10 millions de touristes qui passent chaque année à Strasbourg sans pouvoir visiter les vignes, faute d’être motorisés. « Cela faisait 30 ans que nous souhaitions nous installer à Strasbourg, précise Alain Renou. Non seulement pour nous rapprocher de la clientèle touristique, mais aussi de ses habitants, de ses étudiants. Des personnes que l’on ne touchait pas avant. »
Côté offre, chaque vigneron propose quatre crus, plus une bouteille de son plus grand vin, avec la garantie d’avoir le prix départ cave au carton, et un petit pourcentage supplémentaire à la bouteille. Chaque bouteille est décrite pour un acte d’achat simplifié. Enfin, tous les domaines sont engagés dans une démarche environnementale, bio, HVE, biodynamie, Terra-vitis. Trop chargé ? Le Comptoir des vignerons alsaciens propose la livraison partout dans le monde, et à vélo dans Strasbourg.
Côté tarifs, on y trouve de très bonnes bouteilles à moins de 10 euros. Un positionnement sous-évalué, selon Alain Renou. « Nous avons 51 grands crus en Alsace, dont certains sont vendus à moins de 15 balles ! Or selon l’étude Sowine, le premier critère d’achat dans le vin, c’est le prix. Un vin vendu à 8 euros, c’est suspect ! De fait, notre best-seller, c’est le crémant le plus cher, vendu à 18 euros… Il faut selon moi un juste prix dans la bouteille et dans le verre. Or en Alsace, il y en a dans le verre ! »
Occupant pour son démarrage l’espace en rez-de-chaussée de l’hôtel consulaire, le SYNVIRA oeuvre activement pour ouvrir, à terme, un espace en sous-sol, dans la somptueuse cave en pierres voûtée du bâtiment du XVIe siècle, propice à lever son verre, en toute modération.

Le comptoir s’est installé dans l’ancien bâtiment de la Chambre de commerce et d’industrie. ©Nicolas Rosès

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