Le livre de mon confinement I Guillaume Libsig
Nous avons invité des personnalités strasbourgeoises, mais avant tout des lecteurs, cinéphiles ou mélomanes, à évoquer un livre, un film, ou une musique ayant marqué d’une manière ou d’une autre leur confinement. Car oui, la culture est bel et bien (plus que jamais?) essentielle. Qu’elle soit source de plaisir, d’élevation ou d’émerveillement, bouleversante ou dérangeante, stimulante ou propice à l’évasion…
La culture et tous ses acteurs sont meurtris d’avoir été jusqu’à hier soir considérés comme « non essentiels ». Alors à nous de continuer la faire (re)vivre, puisqu’elle nous est vitale.
Découvrez toutes les semaines les choix de nos invités, et profitez de cette parenthèse culturelle (et bien souvent enchantée) pour peut-être, qui sait, vous inspirer?
Souviens-toi des monstres
Jean-Luc André d’ Asciano
Les différentes versions de confinement vécues depuis mars ont, malgré l’évolution systématique de leurs cadres et contraintes, quelque chose en commun.
Au-delà des limitations géographiques plus ou moins respectées / respectables.
Malgré les tensions causées par l’overdose de présences permanentes des gens qu’on aime mais qu’on aimerait bien dans une autre pièce que la nôtre 24H par jour.
Nonobstant la perte de repères des personnes isolées contraintes à l’exploration de leurs labyrinthes intérieurs.
Ces variations ont réussi à générer un niveau de défiance vis-à-vis de « l’autre » rarement vécu hors temps de guerre.
Grands prédateurs ne reculant devant aucune violence pour acquérir des stocks essentiels de papier toilette, experts-politico-scientifiques autoproclamés ou hygiénistes de file d’attente, ont pu développer leurs talents.
C’est pourquoi la lecture de ce livre a été particulièrement salvatrice pour moi.
On imagine assez bien la nécessité de l’invitation au voyage et au dépaysement que la lecture d’œuvres aussi riches en péripéties et en dépaysement procure. Mais en ces temps clairs obscurs, il est également appréciable de maintenir une forme de curiosité pour le vil, le marginal, le pirate… dans l’objectif inavouable de pouvoir leur garder notre tendresse.
Les personnages que vous y croiserez sont un peu fourbes, beaucoup iconoclastes, passionnément truands, insurgés à la folie et pas du tout prévisibles. La toile de fond foutraque débordant de bruit et de crasse, de sainte magie et de panorama mêlant sommets et abysses dans les interstices en notre monde et ceux d’après.
Miracles, cirques, contrebandes, pour complotistes à la retraite et pécheurs de sirènes.
Le trait d’union idéal pour continuer à chercher la beauté de nos folies du moment.