QUEST FOR CHANGE : objectif entrepreneurs Grand-Est !
– article publié dans le cadre du hors série Quêtes dédié aux entrepreneurs innovant du Grand Est, réalisé en partenariat avec le réseau Quest For Change-
Or Norme. Stéphane Chauffriat, vous êtes le directeur du réseau QUEST FOR CHANGE et de l’incubateur SEMIA, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai été entrepreneur pendant une dizaine d’années sur deux entreprises dans le numérique, une dans le domaine de la musique, l’autre dans l’hôtellerie. En 2018, j’ai rejoint SEMIA et le Grand Est. Avant ça, j’ai travaillé chez EY pendant six ans où j’ai accompagné notamment des start-up. J’ai donc été des deux côtés de la barrière. J’ai vécu une incubation et aussi le fait d’être accéléré. De formation ingénieur physicien, j’ai fait également un stop à HEC entre ma carrière d’ingénieur et mon poste chez EY.
Or Norme. Pouvez-vous nous parler du réseau d’incubateurs QUEST FOR CHANGE ?
La dynamique qui a conduit à ce réseau a été initiée par SEMIA, au sein duquel la méthode d’incubation a été complètement remise à plat en 2018, formalisée, « processée », avec un ADN très entrepreneurial, un focus sur la création de valeur. C’est cette approche qui a séduit d’autres territoires du Grand Est, qui ont souhaité faire évoluer ou créer leurs incubateurs. Ce socle méthodologique commun est aujourd’hui partagé par cinq structures d’incubation : RIMBAUD’TECH à Charleville-Mézières, INNOVACT à Reims, THE POOL à Metz, SEMIA à Strasbourg et Mulhouse et désormais QUAI ALPHA (sur le volet incubation) à Épinal.
L’objectif est désormais, en gardant l’autonomie de chaque incubateur et en préservant l’ancrage territorial de chacun, de donner une identité globale pour être tous sur un pied d’égalité et avoir une vraie dynamique collective qui s’enclenche. Nous avons créé ainsi le premier réseau d’incubateurs en France avec 220 projets à date, animé par une équipe de presque 30 personnes. Il fallait de ce fait une marque pour être visible à l’échelle nationale auprès des industriels, des investisseurs afin d’exister collectivement. Il faut savoir que pas loin d’un millier de personnes sont impliquées dans ces 220 projets, ce sont les emplois de demain ! Cette intégration va nous permettre d’avoir une taille critique dans plein de secteurs et d’offrir des débouchés plus facilement à des entreprises en phase de développement. Nous allons être très visibles et ce sera au bénéfice de nos porteurs de projets.
Le projet porté par « QUEST FOR CHANGE » est en fait un véritable projet entrepreneurial à lui tout seul. En 2018, lorsque l’équipe a commencé à se constituer et que la méthode a commencé à être déployée à Metz, Reims et Charleville-Mézières, nous étions loin d’imaginer le chemin que nous allions parcourir en si peu de temps. La double lecture que nous pouvons faire de la « quête pour changer le monde » avec de nouveaux projets, mais également de la quête intérieure de l’entrepreneur, résume bien le sens que nous trouvons dans notre action, au service de projets et de personnes qui s’engagent. Ce nom finalement illustre cette identité qui est la nôtre. D’autant que je pense qu’individuellement, tous les membres de l’équipe sont aussi en quête, de changements, positifs, pour leurs territoires, la société, et évoluent en parallèle en tant que personnes au contact de ces entrepreneurs qu’ils accompagnent.
Or Norme. Pouvez-vous nous décrire ce qui caractérise le réseau que vous animez ?
Le réseau QUEST FOR CHANGE s’est construit à partir de SEMIA, incubateur créé en 1999 avec la loi Allègre : l’objectif à l’époque était de valoriser les travaux de la recherche. Il y avait donc un fort ADN scientifique à l’origine puisque les fondateurs étaient l’Université de Strasbourg, l’Université de Haute-Alsace, le CNRS, l’INSA, l’Inserm et la Région. À partir de 2010, l’incubateur s’est ouvert à d’autres innovations que celles purement scientifiques et notamment au numérique. À partir de 2018, il y a eu une volonté de la part du conseil d’administration de l’incubateur de rebattre les cartes et d’avoir une approche plus ouverte et plus agressive dans l’accompagnement. C’était une forte volonté du conseil d’administration et de Lilla Merabet de donner la priorité aux entrepreneurs. Il était tout naturel qu’un entrepreneur, Pascal Neuville, devienne président de SEMIA et désormais du réseau QUEST FOR CHANGE. L’ADN de ce réseau est résolument entrepreneurial et d’ailleurs, nous parlons toujours d’entrepreneurs et pas de startupers qui est un mot que nous avons banni. C’est un outil pour les entrepreneurs et porté par les entrepreneurs. Nous souhaitons apporter beaucoup de bienveillance à l’accompagnement des entrepreneurs car nous connaissons les risques qu’ils prennent et en même temps, arrêter avec l’angélisme sur l’accompagnement, en faisant comprendre aux incubés qu’ils sont là pour travailler et que la seule chose qui compte c’est de faire du chiffre d’affaires et générer du cash pour survivre puis se développer. On n’existe pas par sa levée de fonds mais par le chiffre d’affaires qu’on génère ! Nous sommes un outil de développement économique qui sera jugé sur notre capacité à développer des entreprises pérennes et tout le programme est développé dans ce sens-là.
Or Norme. On comprend l’importance que vous donnez à l’entrepreneuriat et à l’entrepreneur lui-même. Est-ce pour cela que vous avez souhaité que ce magazine présente essentiellement des histoires d’entrepreneurs ?
Oui, nous voulions montrer la variété des projets et des secteurs d’activité, montrer également que des entrepreneurs avaient des projets très différents, étaient originaires de tous horizons et qu’il n’y avait pas un secteur particulier qui était concerné par l’incubation. Nous avons des incubés entre dix-neuf et quatre-vingts ans et il s’agissait de montrer qu’il n’y a pas de profil-type et de casser le cliché du startuper en skate avec des écouteurs sur les oreilles. Nous espérons que ça suscitera des vocations et que certains se reconnaîtront dans la variété des profils que nous retrouverons dans les pages de ce magazine.
Comment pouvez-vous nous résumer la philosophie de l’accompagnement de « QUEST FOR CHANGE » ?
L’important pour nous est d’avoir une équipe d’accompagnants eux-mêmes entrepreneurs et dont les compétences ne vont pas se juxtaposer mais être complémentaires. Ce sont des experts mobilisables en interne pour les projets, de façon à être un véritable cabinet de conseil « non-profit » au service de nos incubés. Notre seule vocation est donc la réussite des projets que nous accompagnons ; ce n’est que par eux que nous pouvons briller.
Quels sont vos objectifs pour « QUEST FOR CHANGE » dans les prochaines années ?
Nous avons une ambition mais pas d’objectifs ! Notre ambition c’est de développer notre territoire et de ne pas limiter le nombre d’incubés pour ne jamais avoir à refuser un beau projet. Nous savons que nous avons un gros potentiel et que ce que nous avons déjà accompli sur le secteur de la santé, avec une masse critique de projets qualitatifs et une position de leader national, nous pourrons le reproduire dans d’autres secteurs stratégiques pour la Région Grand Est, comme l’industrie, la bio-économie, tout en gardant cette ouverture à tout type d’innovation. Pour y arriver et soutenir la croissance, il s’agira en parallèle de développer le nombre de nos financeurs, avec en particulier des financeurs privés et des mécènes aux côtés des collectivités.
En bref, il s’agit d’accélérer et de développer l’impact que l’incubation aura sur les territoires sur lesquels nous sommes présents : nous avons réussi à contribuer à 20 millions d’euros de levées de fonds en 2020 qui généreront forcément des emplois et des développements d’entreprises, dont certaines deviendront des ETI! Nous mènerons à bien tous ces projets avec les autres acteurs du développement économique de la Région, les autres incubateurs d’excellence, et bien évidemment, l’accélérateur régional Scal’E-nov. Nous contribuons à un écosystème bien plus large dans lequel nous souhaitons porter haut les couleurs de l’accompagnement d’entrepreneurs innovants, voilà la vocation de « QUEST FOR CHANGE ».
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