Retraite active⎢Chez Mamies gâteaux !
Basé à Neudorf, Mamies gâteaux, c’est un tiers-lieu pensé autour de la pâtisserie pour sortir les personnes âgées de leur isolement, créer du lien social et arrondir leurs fins de mois. Une belle idée, portée avec abnégation par Vincent Gabbardo qui a dû faire face à la crise sanitaire et maintenant à la hausse récente des matières premières et de l’énergie…
L’ ambiance est joyeuse en ce mercredi hivernal plutôt plombant. Au programme, c’est Crêpes party avec Rose-Marie et Michelle, les super mamies du groupe, des petits gars et petites filles d’une dizaine d’années, impatients de goûter leurs créations, et des parents venus accompagnés leur progéniture. Tous encadrés par Tina, la chef pâtissière embauchée en décembre par Mamies gâteaux, et Yann et Cassandre, en service civique solidarité senior.
Imaginé par Vincent Gabbardo, ancien ingénieur en mécanique de retour de Nouvelle Calédonie il y a quatre ans, Mamies gâteaux c’est un tiers-lieu solidaire pour sortir les personnes âgées de leur isolement à travers des ateliers hebdomadaires autour de la pâtisserie. Pâtisseries et santé, atelier intergénérationnel, focus sur le sucre et les fruits de saison… Chez Mamies gâteaux, on transmet, on découvre, on se régale. Et on peut même gagner quelques euros quand on participe à la réalisation de buffet gourmand comme pour ce colloque de cinq jours au Pavillon Joséphine, début mars. « Notre objectif est de rémunérer vingt à trente personnes âgées par mois, soit deux-trois équivalents temps-plein, précise Vincent. Mais attention, ici, ce n’est pas un travail habituel, l’idée c’est qu’elles se sentent bien chez nous, qu’elles transmettent leur savoir-faire et qu’elles apprennent aussi. »
IL A EU RAISON DE S’ACCROCHER
Vincent, 42 ans, a bataillé dur pour en arriver là, depuis 2019, quand l’idée a germé de retour de Nouvelle-Calédonie où l’une de ses fonctions était de créer des emplois agroalimentaires dans des zones dépourvues.
« Le sujet du vieillissement me touche, c’était violent de voir des retraités manifester alors qu’habituellement c’est une population silencieuse. Quand j’entends les actifs dire qu’ils payent pour les personnes âgées, que pendant la pandémie certains râlaient parce qu’il fallait protéger les plus fragiles… Cela me révolte ! Alors oui, j’ai passé quatre ans sans rémunération, le projet ne devait pas être si long à voir le jour, mais la phase d’expérimentation a été stoppée pendant la pandémie, et je suis passé d’un budget bouclé de 180 000 € à 20 000 €, car tout a été réaffecté à la situation d’urgence. Logique. » Finalement, il a eu raison de s’accrocher : en trois mois d’ouverture, Mamies gâteaux a déjà accueilli 60 personnes âgées (dont deux hommes !), sans trop de communication.
Quand on l’a rencontré, Vincent attendait toujours de son bailleur les clés du deuxième local pour boucler son projet, à savoir ouvrir un salon de thé solidaire, ouvert au public. « Nous ne sommes pas concurrents des boulangers, nous sommes une association subventionnée qui propose à travers la pâtisserie un autre regard sur les seniors », rappelle-t-il.
S’il doit aujourd’hui faire face à la hausse du coût de l’énergie et des matières premières, Vincent n’est pas du genre à baisser les bras. « On a trouvé des solutions avec nos partenaires institutionnels et nos mécènes », précise-t-il, reconnaissant et prêt à lancer la deuxième étape : essaimer Mamies gâteaux un peu partout en France pour que cette belle idée sorte un maximum de personnes âgées de leur isolement.