RIFIFI… C’est la dernière ligne droite !

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Quand ces lignes paraîtront, la dernière ligne droite sera largement entamée pour toute la troupe de Rififi, la comédie musicale-événement de la rentrée culturelle strasbourgeoise. Seul Jean-Luc Falbriard pouvait nous parler de ce projet insensé qui va voir le jour début octobre prochain, lui qui l’a conçu, écrit, monté et mis en scène. Voici l’histoire d’une création qui s’annonce magistrale…

Pippa Simmons, votre chorégraphe et Romain Schmitt votre directeur artistique (lire Or Norme n°52 et 53) nous ont parlé abondamment du plaisir qu’ils ont pris à collaborer avec toute la troupe et vous-même pour donner vie à ce projet. Mais si quelqu’un peut parler de la genèse de Rififi, c’est bien vous…

« Je portais en moi ce projet depuis très, très longtemps. Sa première ébauche date de 1997, car deux ans avant, j’avais monté, scénographié et mis en scène ce qui pouvait alors être assimilé à une comédie musicale. L’expérience m’avait assez emballé et le désir d’aller bien plus loin est né à ce moment-là. J’étais déjà persuadé que ça ne pourrait aboutir qu’avec des professionnels. J’ai commencé à écrire des bouts de chansons, plein de petites choses comme ça. J’avais même trouvé un beau titre : Rififi à Paname… avant de m’apercevoir que le titre existait déjà au cinéma, avec Jean Gabin à l’affiche ! (rires). Mais bon, l’intrigue et les principaux personnages étaient déjà plus ou moins là et c’est resté en jachère comme ça pendant des Berthetannées. Quelquefois, je me plongeais dans les tiroirs et je ressortais le projet, je lui rajoutais une chanson ou une petite scène, mais sans me fixer d’objectif ni même un calendrier particulier. Il y a un peu plus de deux ans, au moment d’entreprendre un nouveau projet avec la compagnie, l’envie de monter une comédie musicale est de nouveau revenue au premier plan. Après m’être renseigné sur le coût d’une reprise d’une comédie standard et avoir constaté que l’achat des droits était une idée très, très coûteuse, je me suis souvenu de ce texte déjà assez élaboré, je l’ai repris et je l’ai encore plus développé. Bref, tout cela a concouru à faire naître une base capable de tenir la route. Mes retrouvailles avec Romain Schmitt se sont révélées providentielles, de même que ma rencontre avec Pippa Simmons. Mais tout ça, vous l’avez déjà raconté dans Or Norme…

À un mois du premier lever de rideau, où en êtes-vous, tout est prêt ?

Il ne nous reste plus grand-chose pour atteindre nos objectifs en matière de cohérence entre le jeu, le chant et la danse. Tout le travail de scénographie est terminé, les costumes sont OK, on ne travaille plus que sur une foule de détails, mais sincèrement, tous les éléments sont réunis pour qu’un beau spectacle soit proposé au public. Il sera au rendez-vous, nous sommes confiants. Au vu du contexte de ces derniers mois, le grand public a besoin de ce genre de proposition qui ne peut que faire du bien. C’est d’ailleurs, et depuis ses origines, le rôle dévolu à la comédie musicale. Aux États-Unis où elle est née, elle s’est développée après la grande crise économique de 1929 ou après la seconde guerre mondiale : des moments-clés où les gens ont envie d’oublier le plus âpre de ce qu’ils ont connu en se divertissant… Nous, en tout cas, on a toujours tous été dans un parti-pris positif afin de créer quelque chose de joyeux, je dirais… L’inattendu et le jamais vu seront omniprésents sur scène…

©Adrien Berthet

Rififi est un projet démentiel, démesuré, quasi pharaonique en regard de la structure habituelle de votre compagnie. Avez-vous été amené à faire des concessions en matière de production, à “réduire la voilure” comme on dit ?

Pas pour l’instant, et je ne mens pas… on a vraiment suivi le fil de nos envies et de nos besoins. Ceci dit, le projet est ambitieux et du coup, il peut placer la compagnie dans une situation fragilisée. Elle gère l’Espace K, comme vous le savez, et comme vous le savez aussi, ce lieu se retrouve dans une situation assez floue quant à son avenir…

Vous évoquez là certaines activités de La Laiterie qui vont être déportées chez vous durant les travaux de la salle de spectacle…

Oui, et c’était donc le moment ou jamais pour monter ce projet. Dans un an ou plus tard, je ne sais pas si nous allons avoir encore un lieu pour produire ce type de spectacle. On est dans un moment où nous pensons que nous pouvons encore nous permettre de prendre ce risque. L’avenir dira si nous avons bien fait de prendre cette décision à ce moment-là…

Vous êtes dans un instant où ça passe ou ça casse, comme on dit ?

Ça va passer, mais ça peut avoir des conséquences d’ici une ou deux saisons en fonction de l’évolution du projet de la compagnie dans son lieu actuel, l’Espace K. On sait qu’on va être fermé pendant un an, peut-être plus en raison des travaux. Que va-t-il se passer pendant tout ce temps ? On est encore dans une foule d’interrogations et il y a très peu de réponses qui nous proviennent de notre principal interlocuteur, la Ville de Strasbourg. C’est donc extrêmement difficile de pouvoir se projeter… Il faut quand même bien comprendre qu’on s’est retrouvés bien malgré nous placés dans une situation que nous n’avons jamais souhaitée. Nous payons les dégâts collatéraux des besoins d’agrandissement de nos voisins de La Laiterie qui vont occuper une partie de notre salle dont les travaux vont nous immobiliser pendant un temps assez long, dix-huit mois au minimum. Ce sont donc quasiment deux saisons qui n’existeront pas… À part une petite programmation “hors les murs” qu’on pourrait imaginer, il n’y a aucune autre piste… Donc, l’activité de la compagnie va se concentrer sur la production et la diffusion de Rififi lors des saisons 25-26 et 26-27 qui sont devant nous…

En fonction du succès, une distribution nationale peut-elle être envisagée ?

Nous savons déjà que quelques producteurs et diffuseurs nationaux viendront nous voir lors des premières représentations en octobre. En fonction de ce qu’ils verront, pourquoi en effet ne pas espérer pouvoir jouer un peu partout en France et pouvoir terminer à Paris ? Ou au contraire, être programmés dans la capitale avant de jouer en province, forts de la renommée acquise à Paris. En tous cas, je sais que tous les critères artistiques sont d’ores et déjà réunis pour que Rififi cartonne… »

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