Sarah et Luis Miranda ont filmé le réveil de la nature
– article publié en décembre dans ON N°39 –
Fondateurs de la société de production audiovisuelle BambooDoc, Sarah et Luis Miranda ont fait plusieurs longs séjours au Costa-Rica pour y réaliser une suite de documentaires que la chaîne ARTE a diffusé en décembre dernier.
Ce petit pays d’Amérique centrale leur est familier. Luis y est né avant de s’installer à Strasbourg à l’adolescence et de s’y construire une solide réputation de réalisateur. Sarah, son épouse, est quant à elle originaire de l’Etat de Bahia au Brésil. «Celui où l’on a le moins voté pour Bolsonaro», tient à souligner cette anthropologue devenue productrice pour qui le contact avec la nature sauvage est un «besoin».
Véritable sanctuaire environnemental, le Costa Rica abrite aujourd’hui 5 % de la biodiversité mondiale. Flore, faune terrestre et maritime… Un paradis sur terre dont le trailer de la série donne toute la magie. Splendeur des paysages, mystère des mangroves, espièglerie des singes capucins, chatoiement des aras, tortues, cétacés, pécaris et emblématiques jaguars… On se prend à respirer plus large en découvrant ce que ce petit pays est parvenu à restaurer et à préserver.
«C’est le seul au monde qui soit parvenu à enrayer la déforestation dans les années quatre-vingt pour retrouver aujourd’hui une couverture forestière équivalente à celle des années 1950», précisent – admiratifs – Luis et Sarah.
Apprendre à comprendre la nature
Mais ce paradis est fragile, ils le savent désormais. La pandémie a mis à mal son économie et lorsque l’argent manque, les politiques environnementales sont souvent les premières sacrifiées comme le prouve, notamment, une loi sur la pèche au filet dérivant débattue au Parlement. Elle serait dévastatrice pour les écosystèmes marins très fragiles.
«Le Costa Rica est un pays vert, pas encore un pays bleu», s’inquiète Sarah. «Notre chance disent-ils, est d’avoir pu aller au delà des images et de pouvoir échanger avec les scientifiques pour décrypter les échanges écologiques qui sont à l’oeuvre». Et de les mettre en connexion avec le facteur humain, ajoute Luis en évoquant Daniel Janzen, écologiste américain qui partage son temps entre sa chaire de biologie de la conservation à l’Université de Pennsylvanie et ses travaux sur le terrain au Costa Rica. Il y a créé des programmes de Bioalphabétisation qui intègrent la population afin de lui apprendre à «lire» la forêt.
Luis et Sarah sont certains qu’au delà des décisions politiques sans lesquelles rien n’aurait été possible au Costa Rica, l’éducation est l’une des clés du monde à (re)construire. C’est pour cela qu’ils travaillent aujourd’hui à un projet d’éducation à l’environnement destiné aux élèves du collège Erasme, tout proche de la Pépinière d’entreprises de Hautepierre où ils ont leurs locaux. Leur rêve est de combiner audiovisuel et bioalphabétisation lors de «cours» d’un genre nouveau qui apprendraient à lire la forêt rhénane alluviale et se concrétiseraient par la réalisation de courts métrages.
«On ne protège que ce qu’on connaît», répètent Sarah et Luis pour qui «un film c’est fait pour réfléchir».