Tim White-Sobieski, « Waiting for the god » I ST-ART 2022
– Article publié dans le cadre du hors-série St-ART 2022. Le lire en ligne –
Sur une invitation de Patricia Houg, directrice artistique de ST-ART, l’artiste vidéaste Tim White-Sobieski présentera dans l’enceinte de la foire son film Waiting for the God réalisé en 2015.
D’ une qualité cinématographique unique, ce long métrage a été tourné dans un des endroits les plus étonnants de la planète, une ancienne cité italienne complètement abandonnée pas ses citoyens depuis de nombreuses années, mais placée sous la protection de l’UNESCO.
Hommage à la pièce de Samuel Beckett En attendant Godot, chef d’oeuvre de la philosophie existentialiste où deux personnes attendent quelqu’un qui ne vient jamais et interrogent l’absurde de nos vies, le film trouve dans ce lieu hors du temps un cadre à sa mesure.
L’artiste y transcende les frontières ethniques et géographiques dans un équilibre fusionnel entre paysages fantasmagoriques et jeu d’acteurs à la présence intense. Émergent alors des questions universelles : « Qui sommesnous ? », « Où allons-nous ? », « D’où venons-nous ? ». Ces interrogations sont au coeur du travail de Tim White-Sobieski, artiste polonais installé à New York au début des années 1990 et qui, après des études d’architecture s’est consacré, depuis New York et Berlin, aux arts visuels et au cinéma ainsi qu’à l’exploration de la peinture, la sculpture, la photographie. En 2005, il a été invité ainsi que James Turrell et Olafur Eliasson à créer une oeuvre d’art pour le magasin phare Louis Vuitton sur les Champs-Élysées à Paris. Il s’agissait d’un mur vidéo à fibre optique programmé sur 24 mètres de long, ce qui était à l’époque unique au monde.
AFFINITÉ ENTRE ABSTRACTION VISUELLE ET LITTÉRATURE
Après une nouvelle collaboration avec Louis Vuitton en 2006 autour d’une exposition intitulée Icônes, Tim White- Sobieski a créé pour l’aéroport de Kimpo à Séoul un mur vidéo composé de 144 moniteurs LCD verticaux synchronisés. Intitulé Eau et Terre, ce projet visait à propager les éléments universels qui évoquent la sensation de voler.
Depuis sa première exposition new-yorkaise consacrée aux projets Blue Paintings, Tim White-Sobieski n’a cessé de creuser au plus profond de l’expérience humaine dans la relation à soi-même et à l’univers développant ainsi une affinité entre abstraction visuelle et littérature.
Avant Samuel Beckett, il s’était tourné vers des icônes de la littérature américaine telles que Walt Whitman, John Steinbeck, Kurt Vonnegut, John Updike, J.F. Salinger, William Faulkner et Robert Penn Warren omniprésents dans son oeuvre.
Musicalement, l’artiste compose lui-même la plupart des bandes sonores de ses films et vidéos, mais il s’appuie aussi sur le travail de contemporains tels que Brian Eno, David Byrne, Robert Fripp, Pierre Schaeffer, Pierre Boulez et Steve Reich ainsi que sur les oeuvres de maîtres classiques parmi lesquels Johann Sebastian Bach. Dans Waiting for God, l’installation vidéo est synchronisée à 4 canaux avec trame sonore et musique de Henry Purcell et Giovanni Battista Pergolesi.
Ce film magnifique interpelle nos coeurs et nos esprits dans une cinématographie méticuleuse qui prête attention à chaque détail dans l’éclairage, la composition et la navigation de la caméra au fil d’un récit dont la narration n’oublie pas les traditions de mise en scène théâtrale. S’y déploie de façon magistrale le lien entre le cinéma et la photographie.