Une explosion de couleurs : le Paris de Raoul Dufy

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C’est au sommet de la fameuse butte que se cache, dans une discrète ruelle, le Musée de Montmartre Jardins Renoir, dans une bâtisse du XVIIe siècle, la Maison du Bel Air, entourée de jardins et de vignes, et qui abrite, jusqu’au 2 janvier prochain, des œuvres méconnues du peintre Raoul Dufy.

Normand de naissance, on connaît l’artiste Raoul Dufy pour ses aquarelles colorées, tout en « abréviations graphiques », comme le disait avec justesse le critique d’art Pierre Cabanne, figurant très souvent des scènes portuaires, au Havre, mais aussi à Deauville, Nice ou Marseille.

Le peintre au style bien personnel et qui emprunte aussi bien à l’impressionnisme (pour sa notation rapide, sa douceur, ses couleurs explosives et ses sujets en plein air), qu’au fauvisme (pour son dessin simplifié et ses couleurs posées par taches ou aplats), a cependant vécu et travaillé la majeure partie de sa vie à Paris, très exactement au 12 de la rue Cortot, là-même où se situe aujourd’hui le Musée qui lui rend hommage…

Fasciné par le panorama qui lui est offert du haut de la Butte, Raoul Dufy n’aura de cesse de croquer la Capitale, s’inspirant de son esthétique, mais aussi de son énergie.

Genèse d’un peintre

Comme souvent, l’œuvre est indissociable de la biographie. Raoul Dufy a 22 ans lors- qu’il quitte le Havre pour Paris, il s’inscrit à l’École nationale des Beaux-Arts et loge dans plusieurs ateliers avant de s’établir à Montmartre. Le jeune peintre s’exerce, crée et commence à établir son réseau dans le monde parisien de l’art. Le début de l’exposition Le Paris de Dufy donne ainsi à voir une œuvre-clé, inspirée par l’un de ses premiers ateliers, celui de l’impasse Guelma. Repeint d’un bleu vif, qui pour Raoul Dufy, « est la seule couleur, qui à tous ses degrés, conserve sa propre individualité », cet atelier symbolise toute la poétique à l’œuvre chez le peintre. On trouve ainsi dans cette sorte d’autoportrait, et malgré un lieu clos comme sujet, toutes les lignes de force du style de Raoul Dufy, ses couleurs vives, ses motifs floraux, l’énergie du trait, mais aussi l’ouverture vers un extérieur au travers d’une fenêtre ouverte. On comprend alors que si Raoul a pu devenir Dufy, il le doit à Paris.

Plonger dans Le Paris de Dufy, c’est aussi découvrir ses influences, ses goûts et ses divers moyens d’expression artistique.

© Adagp, Paris 2021 – Julien KNAUB/Musée de Montmartre
L’atelier de l’impasse Guelma, 1935-1952

« Si vous avez la chance d’avoir vécu jeune homme à Paris, où que vous alliez pour le reste de votre vie, cela ne vous quitte pas, Paris est une fête. » Ernest Hemingway

Œuvre polyphonique

On prend ainsi conscience, tout au long de l’exposition, de la passion du peintre pour la musique, certaines œuvres étant pensées comme une véritable synesthésie entre musique et peinture, avec des hommages à Bach, Chopin, Mozart ou encore Debussy.

Le talent de l’artiste s’exprime également à travers le dessin, toujours par passion pour un autre artiste, et Dufy d’illustrer une édition du célèbre recueil de contes, Le Poète Assassiné de Guillaume Apollinaire. Après la peinture et le dessin, c’est au tour de l’impression sur tissu d’inspirer Raoul Dufy. Il ira d’ailleurs jusqu’à créer en 1911, avec le couturier Paul Poiret, La petite usine, entreprise d’impression textile qui lui permettra d’explorer d’autres matériaux et techniques, avec comme aboutissement la conception du Salon de Paris, un ensemble canapé, fauteuils et chaises, tout en fleurs et monuments parisiens. Il créera également un impressionnant paravent, panorama imaginaire de Paris. Dufy dessinera même des croquis de mode, projets d’étoffes aux multiples thèmes, tantôt animaliers, végétaux ou encore architecturaux.

Le Musée de Montmartre nous fait entrer dans l’intimité d’un artiste au travers de sujets et médiums inédits. Raoul Dufy disait : « Nous avons l’arbre, le banc, la maison. Mais ce qui m’intéresse, le plus difficile, c’est ce qu’il y a autour de ces objets. Comment les faire tenir ensemble ? » Cette exposition nous prouve qu’il y est parvenu…

© Adagp, Paris 2021 – Julien KNAUB/Musée de Montmartre
Le Moulin de la Galette, 1939

MUSÉE DE MONTMARTRE JARDINS RENOIR
12 rue Cortot 75018 Paris
Tél. : 01 49 25 89 39

Site internet

Jusqu’au 2 janvier 2022

Accès :

Métro : Stations Lamarck-Caulaincourt ou Abbesses (Ligne 12)
Station Anvers (Ligne 2)

Tarifs :

Plein tarif : 13€
18-25 ans : 10€
10-17 ans : 7€

Gratuit pour les moins de 10 ans Personnes à mobilité réduite : 10€
Le billet d’entrée donne accès aux magnifiques Jardins Renoir
Le musée est ouvert tous les jours de 10h à 18h