Cinéma municipal I L’odyssé du Cosmos n’en est à qu’on son début…

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En ce début juin dernier, les palissades sont tombées, les affiches des films et cycles en cours égaient la façade rénovée, le bar (devenu Le Bardu, café-restaurant du Cosmos) a installé sa terrasse et elle accueille Étienne Hunsinger, responsable de la programmation du cinéma, pour une interview « de rentrée » d’autant plus nécessaire qu’il s’agit d’y voir plus clair sur ce qui va constituer l’essentiel de l’activité de l’atypique cinéma municipal de Strasbourg…

Un mot tout d’abord sur cette équipe qui a remporté l’appel à projets lancé par la nouvelle municipalité de Strasbourg dès son élection il y a trois ans maintenant…

Le Troisième Souffle, c’est le nom de notre association, a été créé en 2010 dans le but de candidater à la reprise du cinéma municipal de Strasbourg. Nous avons candidaté une nouvelle fois en 2015-2016, sans succès. La troisième a été la bonne et notre association s’est alors transformée en coopérative depuis novembre dernier avec une soixantaine d’adhérents, individuels ou structures liées à l’audiovisuel…

Quelle est la légitimité en matière cinématographique de l’équipe qui dirige aujourd’hui le Cosmos ?

En ce qui me concerne, entre fin 2020 et début 2022, j’ai été formé à la FEMIS (également nommée École nationale supérieure des métiers de l’image et du son – ndlr) en direction d’exploitation cinématographique. Une formation très riche en termes d’apprentissage, mais aussi grâce à beaucoup de rencontres avec nombre de professionnels du secteur. J’ai pu ainsi avoir confirmation de l’aspect très particulier du Cosmos : c’est un cinéma municipal, avec un cahier des charges axé sur les politiques publiques en matière culturelle, c’est à dire beaucoup de missions à remplir. Le Cosmos est serti dans le milieu du cinéma local et concourt à la complémentarité entre les différents exploitants : un multiplex, un cinéma généraliste, deux cinémas reconnus au niveau national et même européen pour l’art et essai et notre salle municipale qui est aussi un joyau historique. Notre légitimité est entièrement basée sur notre projet cinématographique, le coeur de notre activité, qui comporte aussi la volonté que les Strasbourgeois puissent se réapproprier ce cinéma. Une des illustrations de cette formule de coopérative est la mise en place d’un conseil de programmation : ainsi, la programmation du cinéma se fait désormais de façon collective, après des échanges entre plusieurs personnes impliquées dans la durée sur cette question- là. Ce sont onze personnes qui vont à chaque réunion proposer une liste de films et la défendre. Ces personnes sont donc également dépositaires du cahier des charges de la Ville : programmer du cinéma art et essai, valoriser les cinémas européens et respecter la clause de non-concurrence vis-à-vis des autres exploitants, ne pas proposer au Cosmos des films en sortie nationale, notamment…

Étienne Hunsinger, responsable de la programmation du cinéma Cosmos. ©Nicolas Rosès

Le public aimerait beaucoup savoir ce qui va pouvoir être visible concrètement… Les grands classiques, d’autres films réunis sous des cycles thématiques ?

Bien sûr, on trouvera tout ça, avec aussi des films qui, pour des raisons variées, n’ont pas forcément trouvé l’exposition que leurs producteurs auraient souhaité à leur sortie. Et, évidemment, il y aura des reprises…

En octobre, nous allons entamer un cycle sur les géométries amoureuses au cinéma. L’exemple type est bien sûr César et Rosalie, le film de Claude Sautet. Ces relations compliquées, ambiguës, voire conflictuelles, ont beaucoup inspiré les cinéastes.

L’idée de ces cycles est de présenter chaque fois une vingtaine de films sur une durée de cinq semaines, choisis dans tous les cinémas possibles, pas seulement dans le cinéma français ou le cinéma américain : on souhaite travailler sur un spectre le plus large possible. S’il le faut, si on ressent une attente particulière, rien ne nous empêchera de programmer un deuxième cycle sur la même thématique. À terme, nous souhaitons que chacun de ces cycles soit comme un mini-festival…

Notre intention est de beaucoup travailler sur la communication : nous l’imaginons attrayante, attractive, et sur plusieurs déclinaisons : l’affichage, avec des entrées par jour ou par horaire et pas seulement par film. On a déjà sorti la nouvelle maquette de notre brochure, réalisée avec une forte implication de tous les membres du conseil de programmation et dans laquelle on trouvera une présentation de chaque film avec des partis-pris très incarnés. Notre leitmotiv est de partager au maximum l’émotion… Notre numéro daté de juin-juillet dernier s’est arraché, on a dû même mettre en place des restrictions de distribution pour pouvoir tenir jusqu’aux derniers jours de la période de programmation…

On peut parler de l’accueil des événements extérieurs. Pour cette rentrée de septembre, on a récemment appris que le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg (le FEFFS, programmé par Daniel Cohen et ses équipes) allait trouver sa place au Cosmos…

C’est exact. Nous programmerons leur sélection des films de court métrage – trois programmes sur six séances –, nous diffuserons aussi des films en réalité virtuelle, et nous accueillerons aussi des rencontres professionnelles organisées par le FEFFS. C’est important pour nous, ça va permettre au Cosmos de faire corps avec le reste de la vie culturelle de Strasbourg et son Eurométropole. Notre envie est de consolider l’existence du Cosmos, de faire en sorte qu’il rayonne au sein de la vie strasbourgeoise, et tout cela en travaillant sur la durée et avec beaucoup de modestie, sans forcément verser dans le clinquant… »

Programmation & contact
Site internet
03 88 52 09 35

©Nicolas Rosès