ALYSOPHIL & NOVALIX, interview croisée

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Et si héberger une start-up pouvait être une opération gagnant-gagnant pour un industriel ? Evolution, changement de méthode, projets communs ou distincts, renforcement des acquis de l’entreprise… Partageons le retour d’expérience de Philippe Robin, président d’Alysophil et alumni SEMIA-Quest for change, et Stephan Jenn, président de NovAliX.

Fondée en 2018, Alysophil a l’ambition de définir une nouvelle approche de la production chimique en utilisant l’intelligence artificielle, de nouvelles voies de synthèse et des procédés en flux continu. Les champs d’application sont multiples et s’étendent depuis les cosmétiques jusqu’aux matériaux énergétiques. NovAliX, société prestataire de recherche, a déjà une vingtaine d’années d’activités et travaille sur le développement de candidats médicaments pour l’industrie pharmaceutique.

Comment l’entreprise Alysophil en estelle arrivée à s’installer dans les locaux de NovAliX ?

Philippe Robin : Alysophil s’est développée grâce à des programmes de recherche avec de grands groupes. L’idée est de créer des sortes d’imprimantes 3D… chimiques. C’est-à-dire des unités de production compactes, pilotées par l’IA, pour produire des molécules à haute valeur ajoutée, d’intérêt particulier pour l’industrie. Il s’agit de prendre les matières premières, et à travers des processus industriels, produire des molécules avec de nouveaux outils, pour rendre ces processus de synthèse plus sûrs et également plus performants. Nous avons deux pôles : un en chimie de laboratoire, installé chez NovAliX depuis 2019, et un consacré à l’IA.

Pourquoi cet hébergement ?

Stephan Jenn: NovAliX est une spinoff d’un laboratoire de recherche académique strasbourgeois. Nous faisons de la prestation de recherche pour le secteur de la santé. Cela signifie que les industriels vont utiliser nos compétences techniques quand les services externalisent une partie de leurs activités. Notre métier c’est d’externaliser la recherche, et aussi d’être à la pointe de l’innovation.
P. R. : Nous voulions nous focaliser sur le développement et l’optimisation de nouveaux procédés en flux continu. Or, quand vous démarrez de zéro, il faut trouver des partenaires. Il se trouve que durant un entretien avec un laboratoire universitaire en Belgique, ils me parlent de NovAliX, qui est en quête de procédés similaires à intégrer dans leurs activités. Je n’avais à offrir que des cerveaux pour réfléchir sur cette thématique de nouvelles chimies.
S. J. : Nous étions intéressés, alors nous avons mis à disposition des laboratoires, le matériel, l’environnement, un savoir-faire… parce que finalement vous aviez les compétences qui nous manquaient à ce sujet.

Qu’est-ce que ce partenariat vous a respectivement apporté ?

P. R. : De notre côté, en premier lieu, une forme de quiétude. Le critère discriminant principal des débuts d’une entreprise c’est la trésorerie. Donc en plus des conditions dont nous avons déjà parlé, être hébergé et avoir un contrat pour la location du matériel et des locaux était un soulagement.
S. J. : La chimie en flux était un sujet identifié chez nous, ça permet de travailler de façon plus sécurisée, avec une haute qualité de produits, une plus grande rentabilité et une empreinte écologique plus restreinte… Nous avons pu densifier notre département de flow-chem. Notre coopération est simplifiée car il n’y a pas de conflit d’intérêt, étant donné que nos domaines d’application diffèrent. Nous sommes impliqués dans l’industrie pharmaceutique, tandis qu’ils se concentrent principalement sur les cosmétiques, entre autres. Au vu de notre intérêt commun pour les procédés, nous avons souhaité nous engager dans un projet commun.
P. R. : Une fois bien installés, nous nous sommes demandé que faire ensemble, effectivement. Nous avons donc parlé d’une plateforme communautaire autour de la chimie en flux. Ce que nous avons apporté dans les discussions, c’est notre dimension industrielle. Il y a là une vraie complémentarité entre de la R&D et de l’industrie. Nous sommes donc partis sur un concept de micro-usine pour des médicaments.
S. J. : Il s’agit du projet PIPAc (Production Intelligente de Principe Actif). Nous avons donc mis, fin 2020, des grands acteurs de la chimie autour de la table comme Brücker et De Dietrich, pour produire deux principes actifs de médicaments. Avec, évidemment, les idées novatrices développées dans le cadre de notre partenariat Alysophil – NovAliX en matière de chimie nouvelle.

Ce consortium, alsacien, il faut le souligner, est donc un terrain d’expérimentation pour Alysophil, NovAliX, Brücker et De Dietrich ? C’est donc encore un point positif pour ce qui est d’investir et mentorer des start-up.

S. J. : Tout à fait, et le dossier est financé par France Relance à hauteur de 3,5 millions d’euros. Et c’est une première mondiale. Elle est d’autant plus intéressante que ça apporte une preuve supplémentaire qu’en matière d’industrie on ne fait pas revenir ce qui est parti, en revanche on peut développer une nouvelle façon de faire.
P. R. : Ça fait progresser nos deux entreprises – mais aussi les autres. Alysophil s’en trouve accélérée et développée.
S. J. : Nous voyons davantage notre partenariat comme une collaboration plutôt qu’un mentorat. Il n’y a que du positif à retirer en matière d’innovation et de coopération avec l’industrie.

 

Philippe Robin, président d’Alysophil au premier plan, Stephan Jenn, président de Novalix au second plan.