#IS2025 : La recette du succès !
L’an dernier, ils avaient accompli l’exploit en organisant en moins d’un an le passage du tournoi en WTA500. Cette année, cerise sur le gâteau : la finale des Internationaux de Strasbourg sera diffusée sur France Télévisions. Rencontre avec les dirigeants des Internationaux de Strasbourg, Denis Naegelen, Jérôme Fechter et Christophe Schalk.
Les Internationaux de Strasbourg sont devenus le troisième tournoi de tennis français, en l’espace de sept mois. Un an après ce tournant historique, quels enseignements tirez-vous de la première édition en catégorie 500 ?
Denis Naegelen : Nous avons quinze années d’expérience, et nous allons continuer à développer un bel événement en plein air qui ne soit pas submersible ! C’est l’enjeu de cette année après les intempéries que nous avons subies l’an dernier. Nous allons offrir une meilleure protection des joueuses, du grand public et du Village.
Jérôme Fechter : Le gros changement cette année, ce sont les travaux de rénovation du Tennis Club de Strasbourg qui nous permettront d’accueillir les joueuses dans de meilleures conditions. Cela sera plus simple en termes de logistique, de sécurité, et plus convivial également. Le TCS n’avait pas été rénové depuis 25 ans, les espaces sanitaires étaient vieillissants, avec des moisissures, des odeurs de canalisation. Il n’y avait plus de lumière sur les courts intérieurs, cela occasionnait une gêne pour les usagers du club. Les IS ont joué un rôle de catalyseur dans le lancement de ces travaux, co-financés par la Ville, la Région, la CeA, le Club, la FFT Ligue et HOPIS.
Christophe Schalk : L’an dernier, on a bu la tasse presque de bout en bout, statistiquement, cela ne peut plus se produire !
Les IS font désormais partie du TOP 20 des tournois mondiaux. De quoi garantir un plateau exceptionnel ?
J. F. : Le bénéfice du passage en 500, c’est qu’en face, nous n’avons plus que le tournoi de Rabat en 250. Quand on était en 250, on était le meilleur tournoi de cette catégorie au monde, mais avec cette limite réglementaire de n’avoir droit qu’à une joueuse du TOP 10. Aujourd’hui, nous avons un tableau de plus de 20 joueuses du TOP 30, cela permet d’avoir un plateau d’une extrême qualité.
D. N. : Le tennis féminin mondial se porte très bien, le tennis féminin français un peu moins. Le public, et les médias, sont en quête de grands duels comme Williams/Sharapova. Mais le tennis évolue, avec de nombreuses nouvelles joueuses. Swiatek domine, mais pas autant qu’un Nadal ou un Djoko. Pour moi, la meilleure c’est Arina Sabalenka, qui a déjà joué aux IS, mais pour être reconnue, il faut gagner un grand chelem, c’est la difficulté. Quand personne ne domine, je trouve cela plus intéressant, car il se crée de nouvelles rivalités, de nouvelles évolutions de jeu, plus de spectacle. Elles trouvent de nombreux avantages à jouer à Strasbourg : il y a beaucoup de points à gagner pour défendre leur classement, un million de dollars de prize-money, et tout ça à 1h45 de Paris, dans un environnement beaucoup plus calme et confortable pour s’entraîner qu’autour de Roland-Garros, avec la même terre battue et les mêmes balles. Les meilleures joueuses sur terre se retrouveront à Strasbourg.
Jérôme Fechter ©Abdesslam Mirdass
En plus d’être un tournoi mondial, les IS sont reconnus pour être le rendez-vous incontournable du printemps. Quelle est la recette de votre succès ?
C. S. : Créer de l’hospitalité c’est le métier d’origine et le savoir-faire de Denis qu’il a importé ici en arrivant.
D. N. : J’avais en effet Quarterback, l’agence numéro 1 d’offres premium en hospitalité, qui gérait tous les grands événements internationaux : Roland- Garros, le Rolex Paris Masters, les JO de Londres. Nous étions aussi les organisateurs des événements au Stade de France. Mon réflexe en arrivant aux IS a été de proposer la meilleure offre, avec une belle gastronomie dans les assiettes, des places privilégiées en loges… Certaines entreprises étaient choquées au départ de l’augmentation des tarifs, mais tous ceux qui sont venus ont apprécié. Le premier succès des IS, c’est d’accueillir plus de mille entreprises et 6 000 décideurs politiques, économiques et sportifs
Outre l’hospitalité, les IS sont aussi devenus un événement festif riche en animations.
C. S. : Les Internationaux étaient connus des amateurs de tennis, mais si nous voulions fédérer plus largement, il fallait créer de l’événement. Tous les événements sportifs sont devenus des expériences globales, sinon nous nous coupons d’une partie de la population. Notre idée est de faire venir un public plus large aux IS, de le faire rêver et s’intéresser au tennis. Comme cette année avec le concert de Yannick Noah en ouverture du tournoi qui pourra accueillir 2 000 spectateurs. Chaque année nous allons toujours un peu plus loin pour améliorer l’accueil grand public. Pour cette édition, nous aménageons une zone derrière le central, où une belle offre de restauration en foodtruck sera proposée en collaboration avec les organisateurs du Street Bouche Festival.
J. F. : Trois autres concerts gratuits seront donnés après les matchs, les mercredi, jeudi, et vendredi soirs, dans l’idée de faire vivre ce site éphémère une fois le spectacle sportif terminé. Le public peut rentrer gratuitement en réservant un billet en ligne, avec une jauge à 500 spectateurs pour les concerts de groupes locaux.
Denis Naegelen ©Abdesslam Mirdass
Les Internationaux de Strasbourg, c’est aussi un tournoi engagé pour la place de la femme et l’écoresponsabilité. Le passage en 500 vous détourne-t-il de ces valeurs ?
D. N. : Cela ne change rien aux engagements de notre équipe convaincue que tout événement fortement médiatisé a des messages à faire passer. Nous poursuivons le combat de Billie Jean King pour la parité, nous essayons de nous rendre utiles pour la collectivité. Pour l’écoresponsabilité, c’est la même chose. Au terme de notre 4e Bilan carbone – nous en sommes au 5e – nous avons décidé de compenser la trace résiduelle en CO2 en plantant 2 000 à 3 000 arbres par an dans les forêts de Mollkirch et d’Andlau. Quand les gens achètent un billet pour le tournoi, ils savent qu’ils participent à la reforestation de forêts proches. Par ailleurs, nous soutenons une nouvelle forme d’agriculture écoresponsable, nous restons très attentifs au sourcing des produits, à la mobilité, à l’implantation de nos fournisseurs qui doivent être au plus proche du tournoi. Nous sommes les premiers à avoir mis des poubelles de tri sur chaque terrain. 80 % des moins de 30 ans sont sensibles au changement climatique, 90 % des moins de 20 ans sont prêts à transformer leurs habitudes. Les joueuses sont de cette génération-là. En tant qu’organisateurs du tournoi, on les considère comme les meilleures ambassadrices, car c’est à elles qu’on tend le micro.
Vous organisez également pour la deuxième année une conférence avec Angélique Cauchy sur les violences sexuelles faites aux enfants dans le milieu du sport au Parlement européen.
D. N. : Angélique est une femme remarquable, son discours est poignant. Nous avons décidé de lui donner davantage de lumière en l’invitant au Conseil de l’Europe l’an dernier devant le milieu tennistique du Grand Est. C’était un moment très fort. Mais il est évident que ces violences ne concernent pas que le tennis, nous avons souhaité l’élargir aux autres sports grâce à l’accompagnement de la Région Grand Est. Lionel Ollinger, président de la Ligue du Grand Est et élu au conseil d’administration de la Fédération internationale de Tennis nous a permis d’inviter les présidents des Fédérations d’Allemagne, du Luxembourg, de Suisse et de Belgique. Donner une dimension européenne à l’événement est important, notamment quand il se tient au Parlement européen.
Christophe Schalk ©Abdesslam Mirdass
Les IS sont-ils connus dans nos pays limitrophes ?
J. F. : Nous menons en effet une ouverture de plus en plus importante vers l’Est. L’enjeu pour les IS est de toucher de plus en plus de public et d’entreprises de toute la vallée rhénane en tant que tournoi majeur du tennis féminin. Les Allemands aiment venir à Strasbourg, les IS sont un moyen pour eux de voyager en Alsace autour de leur passion du tennis. C’est cette dimension que nous souhaitons développer avec la CeA, avec un marquage signalétique en français, en anglais et en allemand, et en invitant des entreprises rhénanes et les élus du Bade-Wurtemberg par exemple.
Vous avez accueilli 37 000 spectateurs l’an dernier (+36 %), malgré une météo maussade. Est-ce lié à un engouement pour le tennis de haut niveau, pour la fête, ou tout ça à la fois ?
C. S. : Nous sommes dans les mêmes tendances que l’an dernier, et nous savons que beaucoup de places se réservent les 10-15 derniers jours en fonction de la météo. On profite d’un engouement pour le padel et les autres sports de raquette, mais aussi de la belle image que continue à avoir le tennis, avec notre porte-drapeau magnifique qu’est Roland-Garros. Les IS, c’est l’antichambre de Roland, les belles soirées en extérieur…
J. F. : Les IS, c’est l’occasion d’une visite d’un site offrant un superbe cadre en famille, avec tout un tas d’animations autour des matchs, des initiations au tennis, des rencontres avec des joueuses détendues et accessibles… 75 % des spectateurs sont des fans de tennis et certains espèrent qu’assister à des matchs de ce niveau donnera envie à leurs gamines d’être des futures gagnantes de tournoi ! Les championnes en France viennent toutes de villes qui organisent des tournois professionnels. Ce n’est pas un hasard.
D. N. : On sent que les événements n’ont jamais cessé d’intéresser le public. La finale des Internationaux sera diffusée sur France Télévisions pour la première fois. Strasbourg commence à exister !
De gauche à droite : Denis Naegelen, Jérôme Fechter et Christophe Schalk, les dirigeants des Internationaux de Strasbourg. ©Abdesslam Mirdass