Bains magiques enfin rénovés !

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 Article paru dans ORNORME n°43, SPLENDEURS –

N’en déplaise aux grincheux, les nouveaux Bains Municipaux de Strasbourg sont une belle réalisation, accessible à toutes et à tous, dans l’esprit de service public. Pour accéder aux Bains Romains, il vous en coûte 3€ de plus qu’avant la fermeture de ce joyau strasbourgeois il y a trois ans. Prêts à plonger ?

Avec l’énergie qu’on lui connaît, le docteur Alexandre Feltz, seul élu strasbourgeois à suivre depuis 2010 le dossier longtemps polémique des Bains municipaux, nous guide dans les nouveaux Bains avec l’émerveillement d’un enfant dans un magasin de jouets. « Les gens pensent encore qu’on a réalisé un Molitor, c’est horrible ! » s’exclame-t-il.

Tout en haut des Bains domine le blason de la Ville de Strasbourg, c’est ça les Bains Municipaux, depuis toujours ! Aujourd’hui, les Strasbourgeois peuvent accéder au petit et au grand bassin au même tarif que dans n’importe quelle pis- cine strasbourgeoise. À 5€ l’entrée, 3,50€ si vous prenez 10 tickets. Pour un étudiant, c’est entre 2€ et 3€. Pour les plus démunis, 1€… « Nous avons également 800 heures d’ouverture supplémentaires. » Et les nouveaux Bains Romains ? « Avant les travaux, cela vous coûtait 17€, aujourd’hui, nous proposons des prestations qui n’ont rien à voir pour 3€ de plus, avec une piscine extérieure, des bains modernes… »

Faire évoluer le patrimoine en respectant l’histoire

Le site, propriété de la Ville, est exploité en délégation de service public par la société Equalia. Avant même leur réouverture, les Bains municipaux étaient sous le feu des critiques. « Les Bains municipaux plongent dans le luxe, à contre-courant de leur histoire ». « Les choses qui froissent les Amis des Bains municipaux », « Pour un retour des créneaux non mixtes »… Des mécontents, on en trouvera toujours. Surtout quand on parle d’un programme de rénovation de 40 millions d’euros, entièrement financé avec l’argent public. Logique. Mais après 113 ans sans travaux, les Bains municipaux méritaient un bon lifting. Et une mise aux normes avec une diminution de 40% de l’énergie dépensée et de 60% de l’eau utilisée.

En confiant la rénovation de ce bâtiment classé au titre des monuments historiques au cabinet d’architecture de François Chatillon, architecte des Bâtiments de France, Strasbourg ne prenait finalement pas trop de risques en termes de respect du patrimoine…

Parmi les critiques des Amis des Bains municipaux : la fermeture des mezzanines, le non-respect de la couleur d’origine, des douches rasées (sic), la profondeur des bassins revue à la baisse et l’horloge non mise en valeur selon eux.

Des critiques gentiment balayées par Antonin Gilles, directeur de projet pour Chatillon Architectes. « La couleur d’origine a été retrouvée par un peintre spécialiste en stratigraphie qui a trouvé au scalpel, dans les parties les moins remises en peinture, la première couche de couleur. » Les douches ? « Aucune douche n’a été supprimée. Si en bas nous avons pu les remettre en marche, dans la partie des bains romains il était impossible de les remettre en fonctionnement, précise-t-il. Nous avons donc pris le parti de les laisser tels quels dans l’espace. »

Les douches contemporaines, qui ont été installées à côté, sont dans un style d’époque. Tout comme le système de filtration du jacuzzi au cœur du nouveau SPA qui a été spécialement réalisé dans le même esprit. Quant aux mezzanines, elles sont désormais fermées à la circulation en raison des nouvelles normes à incendie.

« Notre objectif était de faire évoluer le patrimoine mais en respectant l’histoire », souligne l’architecte. Autre exemple, en retirant le granit de précédentes restaurations des bains chaud et froid, des colonnes dégradées ont été découvertes. « Ils ont bataillé pour obte- nir le budget nécessaire pour les refaire à l’identique selon les plans de Fritz Beblo, l’architecte allemand à l’origine des Bains », sourit Alexandre Feltz.

Au coeur du service public …

Il faut dire que la réalisation est assez dingue. Que ce soit de nuit avec une ambiance si particulière dans ce bâtiment chargé d’histoire ou de jour avec une belle lumière naturelle filtrante, les Bains nouveaux invitent à la déconnexion. Chaque détail, chaque moulure, a retrouvé toute sa superbe. Le passage entre l’espace rénové et la partie contemporaine assurée par TNA Architectes se fait sans césure malheureuse.

À l’heure où nous écrivions ces lignes, les Strasbourgeois n’avaient pas encore pu s’approprier les lieux, mais sa directrice Colette Audebert, était très confiante. « Ce qui me fait rêver aux Bains, c’est qu’au cœur du service public, il y a la notion de service de qualité pour toutes et tous, la notion de mixité sociale, qui n’est pas un fantasme. Je travaille 16h par jour totalement portée par la belle énergie de ce bâtiment, des gens qui l’ont construit, de ceux qui y ont évolué. »

La directrice avait également entendu les appels de Strasbourgeoises pour le retour de créneaux non mixtes. « J’ai pris attache, les Bains sont une grosse machine à ouvrir, tout le monde doit y trouver son bonheur, confiait-elle. J’ai besoin de concertation pour savoir quel chapitre nous allons écrire ensemble pour les cent prochaines années. »

Dans un bâtiment qui doit toujours avoir pour vocation la rencontre…

« Notre objectif était de faire évoluer le patrimoine mais en respectant l’histoire. »

© Nicolas Roses
Le docteur Alexandre Feltz, Colette Audebert et Antonin Gilles architecte directeur de projet (de gauche à droite)

Bains Municipaux
10 boulevard de la Victoire

67000 STRASBOURG

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