Denis Naegelen, Jérôme Fechter, Christophe Schalk : les IS qui réunissent !

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Article publié dans le hors-série des IS Terriennes, paru le 15 mai 2024
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En passant en catégorie WTA 500, les Internationaux de Strasbourg entrent dans le Top 20 mondial des tournois de tennis. Pas de quoi faire prendre la grosse tête à ses organisateurs qui gardent le cap de leurs engagements écoresponsables, inclusifs et de défense des droits des femmes. Les IS, c’est aussi un tournoi sportif grand public et festif, qui fédère dans un bel esprit. Entretien avec ses dirigeants, Denis Naegelen, Jérôme Fechter et Christophe Schalk.

Les Internationaux de Strasbourg sont désormais le troisième tournoi de tennis de France après Roland-Garros et le Rolex Paris Master. Vous avez relevé ce défi en sept mois. Comment vit-on un tel jump ?

Denis Naegelen : « Plus on s’en rapproche, plus on réalise l’importance du tournoi. Je me rends compte aussi que les engagements que l’on a pris qui étaient des engagements sincères sur l’écoresponsabilité et la place de la femme, prennent une place de plus en plus importante, parce que ce sont devenus des phénomènes de société réels. Nous n’avons jamais été dans le marketing. Pour continuer dans cette voie-là, nous allons proposer des animations importantes et grand public durant la semaine, en plus de l’événement tennis. Nous organisons par exemple un colloque qui va dans le sens de nos engagements à destination des éducateurs, des responsables de clubs, ou de gens engagés sur les violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants. Pour donner plus de structure à ce colloque, il se tiendra au Conseil de l’Europe, le mardi de 14h30 à 16h30, avec Angélique Cauchy, très bonne joueuse de tennis victime de son entraîneur, et Isabelle Rome, ancienne ministre et magistrate spécialiste de ces questions. »

Jérôme Fechter : « Nous nous posons en lanceurs d’alerte. Les présidents de club ont une responsabilité et besoin de savoir comment détecter les victimes et agir. »

Christophe Schalk : « Le chiffre effarant d’un enfant victime sur sept dans le milieu du sport se rapporte à la population féminine en général. Nous sommes tous concernés. »

D.N : « Il nous a paru extrêmement important d’organiser un événement qui porte ce message et participe à informer, en cohérence avec notre réputation d’un tournoi engagé. Tout ce que nous faisons depuis quinze ans va continuer. »

J.F : « Le tournoi réunit les sportifs, le public, les collectivités. Jusqu’ici, les institutions européennes étaient éloignées. Aujourd’hui, nous nous réunissons autour de valeurs communes. Nous allons également mener une opération avec le Parlement pour dire d’aller voter le 9 juin. »

D.N : « Voter, c’est aussi préserver la démocratie ! »

Denis Naegelen ©Alban Hefti

Denis Naegelen ©Alban Hefti

Parmi les nouveautés, le tournoi prend une dimension culturelle cette année.

D.N : « Vous allez voir aux IS une première mondiale : une pièce de théâtre adaptant l’autobiographie de Marion Bartoli, jouée sur un terrain de tennis ! Avec d’un côté du court 150 spectateurs, de l’autre 150 choristes, et au centre une comédienne. J’espère que Marion viendra, elle a en tout cas dit qu’elle viendrait. » (Lire en pages 90 – ndlr).

J.F : « Les IS sont aussi un événement familial, un événement qui réunit. Pour la première année, à partir de 19h, l’entrée du tournoi sera libre pour manger une tarte flambée, prendre un verre, et profiter de concerts de la scène locale, coordonnés par Nawelle Kouidri. À la fin des matchs, c’est plus sympa de rester là, de profiter du cadre et de l’ambiance avec ses enfants, plutôt que de rentrer faire à manger à la maison ! »

C.S : « Nous avons aussi prévu de produire tous les jours des contenus digitaux pour faire vivre le tournoi sur les réseaux, sous tous les angles, sportifs, dans les coulisses, à travers nos partenaires. J’aime l’idée de “réunion” comme le disait Jérôme. Chaque année, l’écosystème économique régional se réunit aux IS, des liens se tissent. Nous participons à la vitalité du territoire, à l’ambiance conviviale du printemps. »

D.N : « Nous allons également nous associés à “Strasbourg, capitale mondiale du livre” en présentant une table dédiée aux ouvrages de sport. »

Passer en WTA 500 modifiera-t-il les infrastructures ?

J.F. : « Dès l’annonce de notre passage en catégorie WTA 500 le 30 juin dernier, on s’est tous réunis, avec les collectivités également, pour trouver des solutions en un temps extrêmement court, avec un cahier des charges plus élevé, afin de produire un événement très qualitatif pour le public, les joueuses, et nos clients. Avec un central capable d’accueillir 3500 personnes contre 2500 jusqu’ici. L’Eurométropole nous a mis à disposition des infrastructures de la piscine du Wacken pour accueillir les joueuses qui ont besoin d’équipements spécifiques. La Ville de Strasbourg a fait de nombreux aménagements pour l’embellissement des structures qui profiteront au Tennis club de Strasbourg par la suite, et a géré le drainage du court numéro 2 qui était défaillant. Le club sera également fermé à ses membres pour offrir neuf terrains d’entraînement aux joueuses. Nous les inviterons bien évidemment aux IS pour les remercier. »

Vous êtes également réputés pour bichonner vos joueuses !

J.F. : « Elles sont sensibles à quatre choses. La première, c’est la convivialité et l’accueil personnalisé pour qu’elles se sentent bien. La seconde, c’est le nombre de courts d’entraînement à disposition, alors qu’à Roland-Garros, à part les meilleur( e)s, elles doivent s’entraîner dans d’autres clubs alentour. Le dernier point, c’est la nourriture : on est en France, on leur présente notre gastronomie et pas que des pâtes sans gluten ! Enfin, il ne leur faut que quatre minutes à pied pour rejoindre leur hôtel Marriott… Nos chauffeurs se retrouvent parfois au chômage technique, mais c’est bon pour notre bilan carbone ! »

Peut-on s’attendre à un meilleur tableau que les années passées ?

J.F : « Nous aurons le meilleur tableau possible parmi les trente meilleures joueuses mondiales, car si elles veulent jouer, elles ne pourront le faire qu’à Strasbourg, grâce à l’harmonisation du calendrier voulu par la WTA. Et il sera encore meilleur qu’espéré avec cinq gagnantes de Grand Chelem, une ancienne n°1 mondiale, Karolina Pliskova, et huit joueuses du TOP20 WTA. On peut citer le retour d’Elina Svitolina, tenante du titre des IS 2023 et qui a remporté 17 titres en simple ; Barbora Krejcikova, numéro 2 mondiale en 2022, vainqueure en simple et en double de Roland-Garros en 2021, ou encore Emma Raducanu, qui a remporté l’US Open sans perdre un set et reçu les félicitations de la reine d’Angleterre ! Sans oublier Danielle Collins, numéro 4 mondiale de la Race… C’est le meilleur plateau de notre histoire, que l’on pourra encore renforcer avec quatre Wild Card. »

Jérôme Fechter ©Alban Hefti

Jérôme Fechter ©Alban Hefti

Cela se ressent-il sur la billetterie ?

C.S : « Elle est très dynamique et a démarré beaucoup plus fort que les années précédentes. »

J.F : « Il y a bien sûr l’effet 500, mais aussi l’effet boule de neige. L’édition passée, nous avons enregistré 30 à 40 % de spectateurs supplémentaires. À date, nous sommes à fois deux. La partie B to B affiche complet, tous nos clients ont renouvelé et nous en accueillons de nouveaux. C’est une très bonne nouvelle. »

Avez-vous le sentiment d’être allé au bout de votre défi ?

D.N : « La marche est haute ! En moins d’un an, on a doublé notre budget. Réaliser 75 % de croissance, c’est impossible pour 99 % des entreprises. Nous sommes très optimistes pour atteindre l’équilibre. »

J.F : « C’est comme dans le sport : si tu te donnes des objectifs clairs, mais que tu ne te donnes pas les moyens de les atteindre, tu ne peux que t’en vouloir à toi-même. Nous avons fait tout ce que nous pouvions, nos équipes ont été formidables. On vivra un événement de très grande qualité. C’est un vrai upgrade que l’on apporte à Strasbourg et au territoire. »

Quel est votre état d’esprit à quelques semaines du tournoi ?

C.S : « Cela dépend des jours ! Heureux, souvent, tendus, régulièrement, fiers et inconscients ! Dans ce type d’événements, tu joues avec la météo, tu t’engages sur le plan économique, mais s’il pleut tous les jours… Une grande partie de la population n’est pas spécialiste du tennis, mais on souhaite leur dire qu’on a franchi un palier, mais cela ne se traduit pas seulement par la qualité du plateau. C’est pour cela que l’on fait des événements grand public. Si les gens de la région ne savent pas quoi faire cette semaine-là, le soir, le week-end, les IS, c’est aussi un endroit super sympa pour assister à un concert, manger un morceau ou prendre un verre. Aujourd’hui la condition de la femme et le respect de l’environnement sont dans la tête de toutes les boîtes. Nous n’avons pas attendu que ce soit dans l’air du temps pour agir… C’est tout ça les Internationaux de Strasbourg. »

Christophe Schalk ©Alban Hefti

Christophe Schalk ©Alban Hefti