Générer des opportunités pour les projets innovants du territoire

Partager

 Article publié dans « Quest for industry », numéro hors-série d’Or Norme paru à la mi-juin 2023.
Lire le magazine en ligne 

Il y a deux ans, cinq incubateurs de la Région Grand Est unissaient leurs forces pour mieux accompagner les projets innovants. Comment ces structures soutiennent-elles l’innovation et la réussite entrepreneuriale dans la région ? Rencontre avec Stéphane Chauffriat, directeur du réseau Quest for change, et Martin Greder, directeur de l’incubateur The Pool à Metz.

2 ans après la naissance de Quest for change (QFC), quel bilan tirez-vous de l’alliance des incubateurs ?

Stéphane Chauffriat : Je tire un bilan positif de cette alliance qui regroupe aujourd’hui 5 incubateurs territoriaux : Rimbaud’Tech, Innovact, Quai Alpha, The Pool et SEMIA. Ensemble, nous accompagnons 260 projets ancrés dans leur territoire. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, nos start-up incubées ont réalisé environ 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 12 millions l’année précédente. Les levées de fonds et les valorisations sont également satisfaisantes. Notre objectif est de capitaliser sur la taille du réseau pour mutualiser nos moyens et créer des outils qui apportent de la valeur.

Martin Greder : De mon point de vue, QFC a changé beaucoup de choses. On s’est rapidement senti beaucoup moins seuls. On a pu partager des problématiques avec des collègues, accéder à des expertises métier, notamment dans le domaine de la santé. L’expertise offerte aux porteurs de projets s’est accrue, et nous avons pu profiter d’outils collaboratifs transversaux tels que la plateforme d’entrepreneurs LeClub (cf. article dédié dans le magazine) et les événements organisés par QFC pour l’ensemble des incubateurs. Aujourd’hui, nous avons un vrai maillage territorial qui nous permet d’élargir notre zone d’influence. Enfin, cette alliance nous permet également de bénéficier de ressources financières supplémentaires grâce à la mutualisation des budgets, nous offrant la possibilité d’investir dans d’autres projets.

Y a-t-il un exemple qui permet d’illustrer la force d’un réseau comme QFC ?

Stéphane Chauffriat : Un bon exemple est l’Investor Day, un événement régulier bi annuel durant lequel nous organisons des rencontres entre investisseurs et start-up. Aujourd’hui, en leur proposant 60 à 70 entreprises en levée de fonds, nous sommes en mesure d’attirer une quarantaine de fonds d’investissement. Ils viennent de la région mais également de Paris pour saisir des opportunités qualifiées et rencontrer des start-up prometteuses.

Martin Greder : C’est le meilleur exemple en effet. Avant QFC, nous avions facilement accès aux investisseurs locaux tels qu’ILP, Finovam Gestion ou des Business Angels locaux comme Yeast. Mais nous n’étions pas visibles auprès des grands fonds parisiens ou nationaux. Avec QFC, nos start-up peuvent désormais accéder à ces fonds, comme SUN ZU Lab qui a réussi à lever des fonds l’année dernière auprès de Kima Ventures et Elaia.

Quelles sont les difficultés rencontrées aujourd’hui par les entrepreneurs ?

Martin Greder : Le contexte économique actuel rend les grands groupes plus réticents à prendre des risques, à changer leurs habitudes et à expérimenter de nouvelles approches. Cela peut ralentir le développement de certaines start-up, en particulier celles du secteur industriel. Ensuite, le financement est devenu plus complexe et plus prudent, avec une diminution des fonds disponibles et une hausse des taux d’intérêt rendant l’endettement plus coûteux. Enfin, le manque de main-d’oeuvre ou de ressources techniques peut parfois freiner le développement des start-up.

Stéphane Chauffriat : Le financement, notamment l’amorçage et le seed, reste une difficulté majeure. Il y a un décalage entre les besoins et la capacité de financement du territoire. L’autre gros enjeu reste effectivement le recrutement.

Comment QFC et les incubateurs répondent-ils à ces défis ?

Stéphane Chauffriat : Au-delà de nos initiatives comme l’Investor Day, notre rôle en tant qu’incubateur est de permettre aux entrepreneurs de ne pas se sentir seuls face aux complexités de l’aventure entrepreneuriale. Nous offrons un soutien psychologique, en plus d’un accompagnement professionnel. Nos entrepreneurs peuvent parler librement et honnêtement avec nos experts, qui ont eux-mêmes vécu des expériences entrepreneuriales. Ils sont légitimes et travaillent main dans la main avec les entrepreneurs pour trouver des solutions adaptées à leurs problèmes.

Martin Greder : Pour moi, la mission d’un incubateur est d’amener le porteur d’un projet qui a une innovation techniquement viable vers le financement, la mise en marché et le développement de sa société. Je vois l’incubateur comme un centre de ressources au sens large du terme : un lieu physique pour accueillir les entrepreneurs, un apport d’expertises sur le fond du projet, un coaching de l’entrepreneur. Nous sommes là pour apporter une écoute attentive, dans les succès comme dans les difficultés, et un accompagnement d’expertise de fond.

Comment QFC répond aux besoins plus spécifiques du territoire ?

Stéphane Chauffriat : Nous avons analysé les forces et les besoins du territoire. Actuellement, nous avons plus de 70 projets en santé, plus de 90 en industrie et entre 30 et 40 en bioéconomie, reflétant la réalité du terrain dans le Grand Est. Nous avons donc choisi de travailler sur trois grandes verticales avec Quest for health lancé le 1er décembre, Quest for industry qui verra le jour le 22 juin, et une déclinaison bioéconomie prévue probablement au premier trimestre 2024. Cela apporte du sens, car ces trois secteurs possèdent des fondamentaux importants dans le domaine entrepreneurial, tels que l’enseignement, la recherche publique et privée, un tissu industriel solide et des territoires imprégnés par ces grandes verticales. Toutefois, nous restons un réseau d’incubateurs généralistes, ouvert à d’autres domaines

à lire également :