« J’ai appris la sérénité » Bilal Bakhouche Chareuf

Partager

L’entretien a lieu dans le nouveau bureau de Bilal, à Mundolsheim dans le centre de sport-santé qu’il vient d’ouvrir. Ou plutôt une pièce abritant un bureau, le meuble, un ring, l’outil de travail habituel, et une impressionnante collection de médailles et de trophées. Et trois immenses ceintures, le Graal pour tout champion de boxe.

Souriant, Bilal se raconte avec aisance. Mais avec aussi cette étonnante réserve : parler de lui, mais avec une humilité confondante. De ses débuts en boxe anglaise, gamin, à Hautepierre. « J’étais complexé, je bégayais, incapable d’aligner deux mots. » De sa famille, aussi. Son frère, sa soeur. Et sa maman, aujourd’hui fière de son parcours, quand elle est complimentée dans la rue sur Bilal Le Boxeur. Mais qui n’a jamais vu un seul de ses combats. « Même en replay ou sur YouTube, sourit-il avec beaucoup de candeur. Parce que le sport de combat continue de lui faire peur. » Bilal, lui, a appris à maîtriser cette peur. Au point de devenir une référence en muay thaï. Il prépare d’ailleurs son combat de septembre en Thaïlande, là où est né ce sport de prisonniers. Un sport dans lequel la force et la puissance sont liées à la spiritualité et au respect.

UN RETARD FRANÇAIS

Aujourd’hui, Bilal sourit de sa plus belle victoire. Hors du ring. Sa carrière est une victoire. Au collège, les profs l’avaient engagé à suivre la voie d’un BEP ou d’un CAP. Maintenant, il est le seul sportif strasbourgeois de haut niveau à gérer à 100 % sa carrière, en étant l’athlète, le promoteur, le communicant, l’organisateur de ses combats. Tout ça, après son diplôme à l’EM. Surtout, le champion pointe un retard français. Trop souvent, on lui a dit que ce serait soit le sport, soit les études. Pas pour lui, qui a su concilier les deux. C’est ce caractère qui a forgé le champion. Et sans oublier de rendre à son quartier d’origine, Hautepierre, ce qu’il lui a apporté. « Même si je n’y vis plus aujourd’hui, j’y suis toutes les semaines. J’apporte mon aide aux enfants, via une association. C’est important pour moi la valeur de la transmission. »

Parlez-lui enfin de la violence d’un combat de muay thaï. Et il vous répondra que plus il frappe sur le ring, plus il est non-violent au quotidien. Apaisé. Serein.

à lire également :