La Chronique d’Aurèle in the City – C’est quoi être une bonne mère ?

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C’est quoi être une bonne mère ?
(2012 et toujours complètement d’actualité…)

Maman depuis plus de deux ans, je découvre les joies et les contraintes (soyons honnêtes, parfois c’est franchement la galère) de ce nouveau rôle qu’on n’apprend ni sur les bancs d’une fac ni dans les livres de nos spécialistes toujours empreints d’un certain regard pas toujours très encourageant.

Au-delà du sentiment indescriptible que procure le fait d’être maman parce que comme dirait mon amie Lou (dont les lèvres rouges et les escarpins font bon ménage), c’est un truc de dingue qui ne s’explique pas mais qui se vit, c’est quoi être une bonne mère ?

Avant d’être maman, j’entretenais quelques convictions du genre : pas de tétine pour éviter toute dépendance et s’abstenir de retourner la maison pour remettre la main dessus ! Pas d’allaitement mais direct le bib histoire que chacun garde ses jouets, comprenez par-là, personne ne s’amuse avec les joujoux de papa, (d’abord capital sympathie, ils sont par la suite devenus assurance vie) en l’occurrence ceux de Monsieur Je ne Sais Pas. Repas équilibrés et niet au chantage affectif !

27 mois, quelques coupettes et discussions amicales plus tard, j’ose dresser un premier bilan :
1) Mon fils est un accroc de la tétine ! Elles sont toutes assorties à ses tenues vestimentaires et il est IMPOSSIBLE d’imaginer sortir sans avoir au préalable paré au scénario catastrophe de l’éventuel oubli dans une boutique ou de l’incontournable perte sur le chemin !
2) J’ai respecté mon approche de la fameuse tétée dite de bienvenue si précieusement conseillée par le corps médical en étant tout de suite très bien équipée en biberon !
3) Côté repas, je dois reconnaître que si je privilégie depuis presque toujours (mes 4 années passées au sein du groupe FHB ont eu quelque peu raison de cette vérité) un pseudo équilibre alimentaire, il n’en reste pas moins que ma belle-mère a géré les premières purées homemade du déjeuner et moi les soupes du soir Blédina ! Adieu légumes du marché, welcome petits cœurs au chocolat nécessaires à toute bonne poursuite de bavardage avec mes copines entre deux lessives et trois tours de youpala !

Je ne sais pas faire de beaux gâteaux, je commence à peine à maîtriser les soupes maison. Je ne dis rien quand mon fils tente de glisser ses petits pieds dans mes chaussures à talon, je rigole à certaines de ses bêtises et je ne suis pas très bien réglée sur les heures de coucher. Je délègue les sorties d’école, je continue à m’amuser avec mes copines et je tente de m’évader quelques heures avec mon amoureux.

16 juin 2020, nouveau cap ! Celui des anniversaires désormais à deux chiffres. A 10 ans, mon Boubou, mon Maelou, mon Ange, mon Tout quoi est presque aussi grand que moi (avec mon mètre 62 et demi à plat et cette nouvelle génération de géants, je me rassure en me disant que c’est normal). Il se pare de gel, s’interroge sur les prémices de la pré-adolescence et ne veut plus de bisous devant les copains ! Les goûters d’anniversaire se transforment progressivement en before et les fractions décimales et autres parallélépipèdes font leur grand retour, au secours !!!

De mon côté, je me suis largement améliorée côté cuisine (c’était pas très difficile vu mon niveau assez médiocre), j’ai cédé à FortNite, je souris quand il m’appelle « ma poulette », je n’ai toujours pas été une seule fois maman accompagnatrice (et c’est pas les sorties scolaires qui manquent), ma consommation de bulles n’a (absolument) pas diminué (au contraire ?), mes talons (compensés ou aiguilles) sont toujours de rigueur. Je me perds parfois dans les autorisations, dans ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas. La culpabilité est mon quotidien… La peur de ne pas faire assez ou pas assez bien occupe largement mes pensées. Et dire qu’il parait que petits enfants = petits soucis et grands enfants = grands soucis, ça promet pour les années à venir. Je crois que je peux tout de suite anticiper une thérapie hebdomadaire avec une négo sur le tarif compte tenu du nombre de séances à prévoir !

Je ne sais pas si je suis une bonne mère. Et puis d’abord c’est quoi être une bonne mère ? Pas de définition formelle ici mais une idée, la mienne, c’est bien plus rassurant. J’aime penser qu’ensemble, on est heureux, à notre manière. Peu importe le nombre d’heures passées dans le même espace. Peu importe les petites imperfections de notre quotidien et l’éternel regard des autres. Peu importe les pâtisseries ratées et les verres cassés. J’aime croire que l’essentiel est bien ailleurs et je dois reconnaître que mes épreuves familiales m’y obligent et c’est très bien ainsi, dans les douleurs personnelles, on apprend à relativiser…

L’essentiel, Mael, réside dans nos moments de complicité si tendres. Dans nos petits mots d’excuse après un énième énervement en faisant les devoirs, dans nos pas de danse bien différents (question de génération, encore, !), dans nos échanges parfois musclés (quand deux têtes de mules se rencontrent…), dans nos irrésistibles câlins du soir, dans nos discussions parfois légèrement surréalistes, dans nos parties de rami où nous sommes tous les deux tellement mauvais perdants, dans toutes ces p’tites choses du quotidien qui nous réunit. Dans nos « je t’aime ».
Je ne sais pas si cet amour inconditionnel suffira à te construire, te découvrir et t’accepter dans le monde qui t’attend, mais quoiqu’il en soit et comme je viens de te le rappeler, je t’aime mon fils et ça, ça ne changera jamais.

A Mael

Crédit photo : Anne Lienhart

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