La Chronique d’Aurèle in the City – Confiance et petits mensonges font-ils bon ménage au quotidien ?

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Confiance et petits mensonges
font-ils bon ménage au quotidien ?
(Un jour d’automne 2020…)

 

D’abord en couple, puis pacsée et enfin mariée, je n’ai jamais apporté beaucoup de variantes quant au fonctionnement de mon duo avec Monsieur je ne sais pas qui deviendra avec le temps Monsieur on verra (au final il dit toujours OUI). Quel que soit le papier administratif qui nous lie, une base : sincérité, communication et confiance. Jusque là rien de fou, je crois que nous sommes quelques-uns à nous sentir concernés par ce trio dont les termes sont adaptables à chacun mais qui semble fortement favoriser l’équilibre d’une relation, surtout sur le long terme.

Pas évident cependant de cumuler au quotidien ce triptyque si joliment décrit sur le papier. Entre (mauvaises) habitudes, responsabilités familiales, obligations professionnels et sujets tabous, la communication est parfois relayée au second plan (ou davantage quand ta 3ème journée du jour, j’insiste oui, oui – boulot, maman, society – se termine à 21h et qu’une 4ème (celle de ménagère) débute en prime time juste avant de t’endormir dans le canap’ sans ton homme !).

L’absence de parole entraîne-t-elle un manque de confiance ? Une défaillance en communication peut-elle déborder sur quelques omissions plus ou moins volontaires ? Confiance et petits mensonges font-ils bon ménage au quotidien ?

Même si j’ai le sentiment de m’en sortir pas trop, trop mal jusqu’à présent (espérons que ça dure !), je dois quand même reconnaître qu’il y a mise au point (private joke à mon indétrônable pote Gilleus, ce titre complètement has been de Jacky Quartz continue à nous faire danser) tous les six mois après que l’une ou l’autre des thématiques soigneusement évitées quelques temps m’explose à la tronche !

Pas la peine de dévoiler ici précisément les sujets en question. Assez banals à mon sens, ils sont généralement liés à deux ou trois fréquentations amicales pas forcément partagées, on ne peut pas plaire à tout le monde… Aux enfants, à mes comptes bancaires (impossible de résister à une nouvelle paire d’escarpins, un nouveau sac, une énième petite robe noire qui évidemment ne ressemble à aucune des 12 cintrées dans mon dressing, achats clairement inutiles mais qui font un bien fou). A un p’tit haut adorablement sexy camouflé sous un pull que je ne retire qu’une fois arrivée à bonne destination. Quand je trémousse mon popotin sur les 12 voire 13 mètres de long du bar des Aviateurs, enfin, ça c’était quand j’avais moins de 35 ans (qui suis-je, où vais-je, qui sucerais-je, mais on en reparlera) et surtout avant ce foutu covid !

Malgré tous ces flags, j’entretiens encore quelques doutes sur l’emploi du mot mensonge. Mensonge : assertion sciemment contraire à la vérité. Or tant qu’elle n’est pas dite, la parole ne peut être mensongère donc contraire à la vérité. Après tout, la longévité d’une relation ne s’inscrite-elle pas aussi dans l’autorisation de son petit jardin secret ? N’a-t-on pas droit à quelques cachotteries intensionnelles dont le taux d’incidence (très à la mode en ce moment) est assez proche de zéro (pourvu qu’on l’atteigne aussi très bientôt côté sanitaire !) ?

Personnellement, j’aime à penser que ces petites parenthèses ne flirtent pas avec cette fameuse confiance. Peut-être même contribuent-elles à une certaine forme d’équilibre… Du coup, j’ose maintenir mon cap. Celui des p’tites dissimulations sans conséquence sur le fond et la sincérité de mes émotions matrimoniales. Celui qui n’envoie pas valser 14 ans de vie très amoureuse avec Monsieur je ne sais pas. Celui qui n’entache ni confiance ni croyance. Une attitude qui, même si elle n’est pas mon point fort, fait à priori partie de mon ADN et qu’il accepte sans doute parce qu’au fond il sait que l’essentiel est bien dans la confiance qu’il peut m’accorder. Un sentiment, reconnaissons-le, âprement travaillé compte tenu de mon passé social (très) festif et de mes relations précédentes assez bancales…

Mais comme diraient certains, c’est le résultat qui compte et celui de cette chronique est de l’ordre de l’ironie. Par manque de temps, de fatigue, d’incompatibilité d’humeur et d’agenda, nous n’avions pas beaucoup communiqué ces dernières semaines. Alors avec mon amoureux, nous nous sommes accordés 1h40 pour déjeuner à La Casserole, délicieuse adresse nichée à l’ombre de la Cathédrale. Et nous avons parlé. De boulot, de projet, de l’organisation de la maison, des vacances annulées mais aussi de nous et de confiance. Ce que j’en retiens ? On ne changera pas ce que nous sommes et notre manière de fonctionner. On arrondira des angles au bon moment. On rongera notre frein parfois. Ta patience sera encore notre force. Ma lucidité notre atout. On gèrera entre résignation et volonté. Parce que 162 mois après notre rencontre, des engueulades et des remises en question, bref le quotidien d’un couple, tu restes mon « the sweetest taboo ».

Crédit photo : Anne Lienhart