La Manufacture des tabacs renaît de ses cendres

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Futur hub urbain d’innovation sociale et économique, la requalification de la Manufacture des tabacs réinventera la Krutenau. Propriété de la SERS (Société d’aménagement et d’équipement de la région de Strasbourg) depuis 2015, le site, inscrit aux Monuments historiques, trouvera une seconde vie à l’horizon 2022, tout en conservant l’âme de sa riche histoire.

Jusqu’à l’été dernier, les Strasbourgeois n’avaient aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler la Manufacture des tabacs, pourtant érigée là, au cœur de la Krutenau, depuis 1852. « La production de tabac est très réglementée, nous ne pouvons dissocier la Manufacture de la culture du tabac en Alsace, souligne Eric Fullenwarth, directeur général de la SERS. Ce bâtiment sur 1,5 hectare était une véritable prison. Notre volonté, avec la Ville de Strasbourg, est de l’ouvrir sur le quartier. »
Pour le directeur, écrire une nouvelle page nécessite de s’imprégner de son histoire. « A l’origine, la manufacture était sur le site du couvent Saint-Etienne depuis 1843, mais lorsque la direction générale des Tabacs a souhaité l’étendre, Prosper Mérimée, l’inspecteur des monuments historiques, s’y est opposé en classant l’église Saint-Etienne que les gérants souhaitaient démolir. La Manufacture a alors été construite à la Krutenau. » Propriétaire depuis 2015, la SERS a tenu à l’inscrire aux monuments historiques. « Nous ne nous sommes pas facilités la tâche, mais nous tenons à ce qu’elle soit réhabilitée dans son jus et à conserver sa volumétrie qui lui donne tout son caractère. »

Pôle d’excellence, restauration bio, événements, hostel

Avec une emprise de 21 500 m ², « La Fabrique du futur », deviendra un nouveau lieu de vie. La complexité du chantier réside dans la multiplication des maîtres d’ouvrage, entre la Ville de Strasbourg, l’Université et la SERS. « Nous sommes obligés de coordonner l’ensemble pour respecter une cohérence et le caractère du bâtiment, c’est pourquoi nous avons fait appel à Antoine Oziol, architecte du patrimoine, qui remplira ce rôle. »
Durant l’été, le chantier a battu son plein, pour une livraison échelonnée des différents pôles jusqu’à 2022. Dans le détail, la Manufacture abritera sur 10 000 m² un pôle d’excellence autour des géosciences, de l’eau et de l’environnement, porté par l’Université de Strasbourg. La Ville de Strasbourg a acquis 4200 m² pour déployer une annexe de la Haute école des arts du Rhin. SEMIA et ACCRO investiront 1900 m² pour abriter des start’up. La Manufacture deviendra également un lieu ouvert sur la ville, en concertation avec les associations du quartier, avec sa place centrale dédiée à la restauration bio. Baptisée le Lab, cette place accueillera un magasin de producteurs bio, un restaurant bistronomique, la Kantine, un autre restaurant végétarien, Vegetable, un restaurant d’insertion, Les Petites Cantines et, enfin, Cocci’saveurs, un établissement géré par un éleveur de Sélestat pour une cuisine du champ à l’assiette.
Durant l’été, la SERS a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la gestion de l’espace événementiel. Enfin, la Manufacture abritera un « hostel » de 264 chambres, une auberge de jeunesse nouvelle génération à la déco léchée.
Pour Eric Fullenwarth, « ce quartier doit être vivant, les habitants doivent s’approprier ce lieu, c’est une vraie volonté de nos élus, rappelle-t-il. Nous serons évidemment attentifs à la gestion de l’acoustique, pour le bien-être de tous. »