La manufacture : elle s’ouvre sur la ville

Partager

 Article paru dans le hors-série HABITER, la ville politique –

En chantier depuis 2018, la Manufacture des tabacs poursuit sa transformation. Après l’ouverture d’un hôtel en mai dernier, les prochaines livraisons s’échelonneront jusqu’en 2023. Au programme, une « Fabrique du futur » entre art, sciences, entrepreneuriat et gastronomie. Le tout ouvert sur la ville.

Jusqu’alors bâtisse impénétrable de 21 500 m2, la Manufacture des tabacs amorce son ouverture sur son quartier. Premier avant-goût de cette « Fabrique du futur » : « The People Hostel », un hôtel nouvelle génération de 264 chambres traditionnelles ou dortoirs, où les Strasbourgeois sont aussi invités à prendre un verre ou grignoter un morceau, dans la cour pavée d’origine ou dans l’espace-bar à la déco léchée. Alliance de terracotta et de vert d’eau, sol brut et plafond style industriel, détails de déco chinée entre tableaux, livres et voitures d’enfants, le lieu se prête aux longues discussions entre amis ou au télétravail. Dans la cour, se dresse tou- jours la fameuse cheminée de 1958 désormais classée. Les façades en grès des Vosges offrent au site un esprit fin XIXe qui lui donne tout son cachet. Propriété de la SERS depuis 2015, inscrite au titre des Monuments historiques depuis 2016, la Manufacture des tabacs, qui a arrêté toute activité en 2010, poursuit sa reconversion.

Une forteresse désormais ouverte sur la ville

« Dans la mémoire collective, c’est une forteresse, une usine de produits sensibles, rappelle Éric Hartweg, directeur général de la SERS depuis septembre 2020 et porteur du projet depuis ses origines. C’est un chantier difficile, avec de nombreux défis à relever. En tant qu’aménageurs, ce sujet, avec son aspect patrimonial, est passionnant. » L’originalité du process ? La SERS a mis en place un comité patrimonial, piloté par Antoine Oziol, architecte du patrimoine. Mais aussi un « Comité des usages », incluant les associations de quartier, les élus, les restaurateurs et agriculteurs qui intégreront le site d’ici à 2022. « Nous avons souhaité monter le projet ensemble, car l’idée est de mutualiser les choses et d’ouvrir la Manufacture sur la ville », précise Éric Hartweg.

À venir, des projets d’envergure. En premier lieu, sur la droite du bâtiment lorsque l’on arrive de la rue de la Krutenau : un espace de 10 000 m2, revendu à l’État, et investi par l’ENGEES (École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg) et l’EOST (École d’ingénieurs en géo- physique). Un impressionnant amphithéâtre pourra être utilisé par des tiers. La livraison – et la rentrée des étudiants – est prévue pour février 2022. Les étudiants en sciences partageront une médiathèque avec les élèves de la HEAR qui devraient investir leurs nouveaux locaux, aujourd’hui propriété de la Ville, de 3800 m2 en 2023. Les travaux d’un pôle entrepreneuriat accueillant SEMIA et ACCRO devraient démarrer en octobre pour une livraison fin 2022. « Nous avons l’intention de créer une société commune avec la Caisse des dépôts pour ne pas bloquer nos fonds propres et pouvoir investir sur d’autres projets », ajoute Éric Hartweg.

Les façades en grès des Vosges offrent au site un esprit fin XIXe qui lui donne tout son cachet.

© Nicolas Roses
Éric Hartweg, directeur général de la Sers, à l’origine du projet de reconversion de la Manufacture.

Un rooftop de 600 M2, végétales, avec vue sur la cathédrale.

Pour la partie grand public, attention, le projet a de quoi rendre impatient ! Dans les bâtiments centraux de 1600 m2 en U – datant eux de 1958 – place au LAB (Laboratoire d’agriculture biologique) animé par une quinzaine d’agriculteurs et d’éleveurs, et à deux restaurants : l’un bistronomique orchestré par Olivier Meyer, l’autre « ferme auberge en ville » de Kevin Goetz, éleveur et restaurateur à Wittenheim. « Nous avons souhaité être plus ambitieux avec l’idée d’un rooftop de 600 m2 avec vue cathédrale, sourit Éric Hartweg. Nous sommes allés voir la Soprema qui a accepté de nous faire une toiture végétalisée qui pourra restituer de la fraîcheur sur les îlots de chaleur urbains ». La toiture-terrasse, qui devrait être exploitable fin 2022, sera cogérée par les restaurateurs, les agriculteurs, et le futur exploitant de la salle événementielle dans l’ancienne chaufferie. « Nous n’avons reçu que deux candidatures, regrette un peu le directeur général. Mais nous cherchons un mouton à 5 pattes : quelqu’un qui a un pied dans le business, mais aussi dans l’économie sociale et solidaire. » La cour sera également végétalisée avec un circuit pour les enfants concocté par Sine Bussière.

Côté rue de la Manufacture, un laboratoire d’hydrologie est en cours de construction pour une livraison fin 2022. L’espace urbain sera complètement repensé avec une place centrale qui rejoindra l’actuel site de la HEAR et une zone de rencontre. À noter enfin que quatre plateaux de 180 m2, à côté de l’hostel, doivent encore trouver preneur. Un appel à manifestation d’intérêt pour des usages en lien avec l’art, les sciences, ou l’entrepreneuriat est en cours. Réponses attendues fin septembre.

© Nicolas Roses
La Fabrique du Futur devrait attirer autant les Strasbourgeois que les touristes.