La musique de mon confinement I Emmanuel Guingand

Partager

Nous avons invité des personnalités strasbourgeoises, mais avant tout des lecteurs, cinéphiles ou mélomanes, à évoquer un livre, un film, ou une musique ayant marqué d’une manière ou d’une autre leur confinement. Car oui, la culture est bel et bien (plus que jamais?) essentielle. Qu’elle soit source de plaisir, d’élevation ou d’émerveillement, bouleversante ou dérangeante, stimulante ou propice à l’évasion… La culture et tous ses acteurs sont meurtris d’avoir été jusqu’à il y encore peu considérés comme « non essentiels ». Alors à nous de continuer la faire (re)vivre, puisqu’elle nous est vitale.
Découvrez toutes les semaines les choix de nos invités, et profitez de cette parenthèse culturelle (et bien souvent enchantée) pour peut-être, qui sait, vous inspirer?

 

Combler les espaces vidés par la distanciation sociale…

Le confinement a cela d’étonnant, de nous permettre de nous ennuyer. L’ennui renvoie souvent à des sentiments négatifs et pourtant, cet état d’âme, en ce qui me concerne, apporte beaucoup de bien-être et particulièrement à mon cerveau sans cesse en ébullition.
Les conditions particulières, imposées par l’épidémie, nous éloignent les uns des autres et pour celles et ceux qui comme moi, carburent au relationnel, il est important de nous retrouver dans d’autres aventures.

J’aurais pu dévoiler un roman qui m’a passionné, un poème enivrant, une œuvre de musique classique envoutante, une chanson incontournable dans ma tête et j’ai décidé de vous faire voyager dans toutes ces sphères à la fois. À travers le répertoire d’un formidable créateur dont je tairai le nom dans l’immédiat (et je ne sais pas encore si je vous le dirai). Les textes et les mélodies de cet artiste sont de magnifiques moyens d’évasion pour errer sans autre objectif que celui de se perdre dans l’univers d’un auteur compositeur interprète qui joue admirablement bien avec les mots. J’ai donc choisi de casser mon confinement grâce à l’œuvre de l’un de mes plus anciens artistes préférés et il m’accompagne depuis toujours et particulièrement ces derniers temps, dans les moments confinés pour mon plus grand plaisir.

J’ai participé à plusieurs concerts de cet artiste dont un qui tient une place importante dans mon cœur, le seul concert que j’ai eu le plaisir de partager avec mon père, lui-même fan de l’artiste.
Il ne s’agit pas pour moi, ici de faire état de sa personnalité et de ses comportements mais de valoriser ses créations et vous donner envie pourquoi pas de le découvrir ou le redécouvrir.
C’est un compositeur, parolier hors du commun et il a également l’art et la manière de puiser, dans différents talents qui l’ont inspiré, des mots, des rythmes ou des styles permettant ainsi de projeter ses textes mélodieux dans les goûts divers et variés de n’importe quelle génération.
Même s’il n’est plus présent physiquement aujourd’hui, ses compositions nous emportent encore dans différentes histoires plus ou moins longues et déclenchent de multiples sentiments qu’il est bon de vivre tranquillement dans son confinement.
Les mots assemblés dans les compositions de ce créateur artistique, produisent et accompagnent ses rythmes, ses musiques ses mélodies caractéristiques. Dans chacun de ses albums, que ce soit lui l’interprète ou un(e) autre, ses textes font intervenir des effets de sonorités en adéquation avec les ambiances, souvent des histoires d’amour, jamais lisses, qu’il nous dévoile sans filtre. Selon les périodes, il utilise plus qu’il n’épouse la coloration musicale du moment et il court après les notes pour sans cesse surprendre et c’est pour cela aussi que je ne me lasse pas d’écouter et réécouter ses compositions. Quand j’annonçais au début qu’avec cet artiste, vous frôlerez la littérature, la poésie en plus de la musique c’est qu’il fait évoluer les paroles de ses chansons en s’inspirant de ses écrivains ou poètes favoris : Rimbaud, Boris Vian, Verlaine, José-Maria de Heredia, Edgar Allan Poe, Baudelaire, Apollinaire, Flaubert, Ronsard, Mirbeau, Nabokov…
Dans l’ensemble de son répertoire, vous trouverez sans aucun doute au moins une chanson qui fera naître des émotions fortes au plus profond de votre être.

Quoi qu’il en soit, ses créations musicales combleront à merveille les espaces vides laissés cruellement par la distanciation sociale. Il fait vivre ses mots dans des mélodies issues de différents genres musicaux comme le Jazz, le Rock, le funk, la country, le reggae, la pop Anglaise et j’en passe. Vous l’avez compris, ses albums se suivent mais ne se ressemblent pas et en dehors de plusieurs titres que vous connaissez déjà, je pourrais vous livrer ceux qui me sont chers, baignés par les airs de Beethoven, de Chopin, de Brahms, Khatchatourian, Dvorak… Mais je préfère vous laisser prendre le temps d’écouter et/ou de réécouter l’ensemble de son œuvre.
Avec ses interprétations mais aussi celles des chanteuses et chanteurs pour qui il a écrit où qui ont repris ses textes et mélodies… Anna Karina, Bambou, Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Charlotte Gainsbourg , Dalida, Dani, France Gall, Françoise Hardy, Isabelle Adjani, Jane Birkin, Juliette Gréco, Marianne Faithfull, Michèle Mercier, Mireille Darc, Petula Clark, Régine, Valérie Lagrange, Vanessa Paradis, Zizi Jeanmaire,…Jean Claude Brialy, Claude François, Jacques Dutronc, Alain Chamfort, Étienne Daho, Alain Bashung, Julien Clerc, Eddy Mitchell, Robert Farel, King Curtis JR, Michel Simon, …Allez, pour celles et ceux qui ne l’ont pas encore reconnu, je lâche le morceau.

L’artiste, dont je vous conseille les œuvres pour animer votre confinement n’est autre que Serge Gainsbourg. Et en ces temps bousculés par la crise sanitaire, je terminerai par les paroles d’une de ces chansons qui nous permettront de tourner la page Covid et retrouver le bonheur de partager des moments tous ensemble.

Serge Gainsbourg, 1980 © Getty / Ulf Andersen

« Écoute-moi toi qui t’crois seul au monde
Tout seul abandonné
Faut trois fois rien pour entrer dans la ronde
De tous les mal-aimés
Suspends un violon, un jambon à ta porte
Et tu verras rappliquer les copains
Tous tes soucis que le diable les emporte
Jusqu’à demain
Ta petite amie t’a largué en route
Les filles c’est pas sérieux
L’amour est aveugle à ça aucun doute
Et oui ça crève les yeux
Suspend un violon, un jambon à ta porte
Et tu verras rappliquer les copains
Tous tes soucis que le diable les emporte
Jusqu’à demain
Qu’importe si c’est chaque fois la même
Chose, t’en fais donc pas
Mon vieux quand on n’a pas ce que l’on aime
Faut aimer ce que l’on a
Suspends un violon, un jambon à ta porte
Et tu verras rappliquer les copains
Tous tes soucis que le diable les emporte
Jusqu’à demain »
(Un violon, un jambon – Serge Gainsbourg)

Emmanuel Guingand, personnalité enthousiaste… et enthousiasmante ! Directeur  du campus MediaSchool Strasbourg, ensemble d’écoles (ECS, IEJ, SupdeWeb, Iris, Green management School et Strasbourg School of Sports) qui accueille 380 étudiants cette année sur son site à la presqu’île Malraux !

à lire également :