Le Concours Commerce Design « Créer un parcours d’étonnement dans la ville »

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– entretien réalisé dans le cadre du hors-série Habiter

Challenge né il y a 15 ans au Canada, le Concours Commerce Design a été relayé à Strasbourg sous l’impulsion de Catherine Salomon, membre de la CCI Alsace Eurométropole, Vice-Présidente élue en charge du commerce…

Le 11 janvier, le concours a fêté sa 5ème édition et ses 10 ans à Strasbourg ; 13 des 48 boutiques candidates dans l’Eurométropole de Strasbourg, ont remporté un trophée « Commerce design Strasbourg Eurométropole ». Retour, avec Catherine Salomon, sur une décennie consacrée à la valorisation des commerces et de leur design, ou comment fonctionnalité et esthétique peuvent sublimer l’expérience des clients.

Or Norme. En quoi consiste le Concours Commerce Design, d’où provient cette initiative ?

C’est à Montréal que s’est tenu pour la première fois, en 1995, le Concours Commerce Design, concours destiné à récompenser les commerçants pour la qualité de leur aménagement intérieur et extérieur avec toutes les composantes inhérentes au design. Il permet de valoriser leurs efforts. Il faut en effet garder à l’esprit qu’élaborer un concept design novateur et différent c’est une prise de risque pour un chef d’entreprise. Ce concours souligne aussi le talent des architectes, aménageurs et designers associés. L’objectif est de créer un parcours d’étonnement dans la ville et sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg. Nous voulons inciter le consommateur ou le visiteur à découvrir des concepts qu’il ne verra peut-être pas ailleurs, justement parce qu’ils ont un design différent, c’est tout l’inverse de l’uniformisation des concepts reproduits à l’infini. Ce concours est décliné ailleurs dans le monde. En France, Strasbourg a été l’une des premières villes à aborder cette démarche de valorisation du point de vente et de son design.

Catherine Salomon

Or Norme. Comment l’univers du design et du commerce peut-il participer à la valorisation de l’attractivité d’une ville ?

Grâce à ce concours, une ville ou une métropole affiche le dynamisme de sa centralité, son côté novateur, moderne, et ses propositions de concepts singuliers. Il permet également à tous les acteurs, habitants, professionnels, institutionnels de valoriser avec fierté leur territoire. C’est en stimulant l’innovation que l’on participe à l’attractivité de la ville de Strasbourg et de l’Eurométropole. La Collectivité et la CCI doivent être des initiateurs pour stimuler et accompagner la création et la rénovation des points de vente. Nous avons également un devoir de sensibilisation vis-à-vis de nos entreprises et c’est pourquoi, en aval du Concours Commerce Design, nous proposons aux dirigeants de participer à des ateliers thématiques spécialisés (éclairage pour doper les ventes, marketing olfactif, etc.). À ce titre et dans la continuité du concours, nous avons créé une prestation d’accompagnement spécifique pour les dirigeants qui souhaitent tout de même transformer leur point de vente sans avoir de grands moyens financiers. Cette prestation, inspirée du home staging permet, avec l’aide d’un professionnel du design et de l’aménagement d’intérieur, de réaliser un relooking du point de vente à moindre coût. La finalité de ce travail dépasse le simple bénéfice économique qui découle de cette transformation.

OR Norme. Vous voulez dire que cela va au-delà de l’acte d’achat lui-même ?

Évidemment ! Le jury dans son évaluation tient compte de plusieurs critères lors de la sélection des lauréats du concours. L’histoire associée au point de vente est portée par son dirigeant. L’importance est accordée au bien-être des clients, mais aussi à celui des salariés, au choix des matériaux et à leur impact carbone, sans oublier la transposition et l’adaptation de la charte graphique à l’univers Web de l’entreprise. L’expérience client commence souvent par la recherche sur le Net avant de franchir la porte du magasin.

Or Norme. Quels sont les types de candidats se présentant au Concours Commerce Design ?

Ce concours s’adresse aussi bien aux commerçants et aux prestataires de services qu’aux hôteliers et restaurateurs. Au début, nous n’avions pas créé de catégories, le jury appréciait quels étaient les lauréats parmi les candidats qui les avaient le plus interpellés selon leur grille de notation. Nous, élus de la CCI, ne participons pas au jury. C’est un jury qui est donc totalement neutre, composé de professionnels du design et d’architectes mais aussi de personnes en lien avec l’univers du marketing. Le design est mis ici au service de l’entreprise. Comme tout concours il évolue, c’est pourquoi nous avons décidé cette année de créer des catégories, de manière à avoir une représentation plus large de ce qui se fait dans les différentes formes de commerces. Les catégories sont les commerces traditionnels alimentaires, les commerces traditionnels non-alimentaires, les commerces hybrides, les prestataires de services aux particuliers, les hôteliers et les cafés-bars-restaurants. Nous sommes donc ouverts à un large panel d’activités, qu’il s’agisse d’indépendants ou de franchises.

Or Norme. La crise sanitaire a durement frappé le secteur du commerce, comment le design peut-il proposer des solutions pour s’adapter aux nouveaux usages et comportements ?

Cette crise a des conséquences économiques douloureuses. Pour ceux qui ont la chance de s’en sortir et de pouvoir rebondir, je pense que justement, cette notion de design est essentielle. Je suis moi-même commerçante et je vois que le consommateur est en train de se poser plein de questions ; il ne sait pas s’il veut reconsommer comme avant, autant, les mêmes choses, et si ce sera du neuf ou du recyclé. Il veut du Made in France, du local. Les commerçants, avec cette crise, sont obligés d’intégrer ces nouveaux comportements et le design va être au service de ces usages. Dans le parcours client, si l’on aménage une boutique, il est impensable désormais de ne pas prévoir un endroit où l’on va pouvoir se désinfecter les mains, et ce de manière design, pas comme nous l’avons tous fait, dans un premier temps, en posant une bombonne de gel hydroalcoolique sur nos comptoirs. Peut-être qu’à l’avenir on ne rentrera plus directement dans les commerces, peut-être que l’on aura un parcours client plus fluide, même chose par rapport aux matériaux, on tiendra très certainement compte de leur facilité à être désinfectés. On intégrera, à mon sens, la fonction click & collect, l’utilisation des tablettes numériques, la dimension des livraisons… On peut imaginer ainsi tout un tas d’apports complémentaires au point de vente. Après ce que le monde a vécu cette année, l’approche par le design est encore plus importante pour le commerce dans l’organisation structurelle de son espace de vente, et nous sommes là pour accompagner cette créativité.

Découvrir les lauréats de l’édition 2020/2021