Le Van Gogh des derniers jours revit dans un roman graphique

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« Fidèle au noir et blanc depuis ses quinze ans », Samuel Van der Veen n’a pas voulu y renoncer pour son roman graphique Van Gogh le dernier tableau coédité par Hazan et le musée d’Orsay.

La parution de l’ouvrage de Samuel en cet automne tient d’autant moins du hasard que c’est l’équipe du musée qui a contacté l’éditeur lorsque le jeune auteur lui a proposé son travail. « Hazan avait envie de se lancer dans le roman graphique et mon projet leur convenait pour peu que je renonce au format manga dans lequel je l’avais élaboré. Cela ne m’a posé aucun problème », poursuit ce jeune homme de 23 ans distingué par le Magic International Manga Contest en 2017 et 2021. « Il s’agissait d’une question de format et non de contenu et j’ai conservé le noir et blanc pour mes cent planches, choix qui, par ailleurs, souligne le côté “chute” de la fin de la vie de Van Gogh. » Il serait aisé de s’imaginer Samuel travaillant sous l’oeil vigilant de son père, Wouter Van der Veen, grand spécialiste du peintre, auteur de deux textes dans le catalogue de l’exposition d’Orsay et commissaire de l’exposition Van Gogh les derniers voyages qui se tient au château d’Auvers-sur-Oise jusqu’en septembre 2024.
« La surveillance n’est pas dans la nature de mon père et, de toutes façons, il était bien trop occupé » répond le fils dans un sourire. « J’ai travaillé en toute liberté, mais avec l’avantage de disposer d’un conseiller historique exceptionnel. Nous avons checké ensemble la documentation que j’avais rassemblée et la crédibilité du scénario. Il a joué un rôle d’un “garde-fou” »

Une planche du roman graphique. Van Gogh peint son Champ de blé aux corbeaux.

Références littéraires et cinématographiques

Outre cette documentation, Samuel s’est appuyé sur des références littéraires très pointues parmi lesquelles Manette Salomon d’Edmond de Goncourt, un livre qui décrit la manière dont vivaient les artistes de l’époque et dont Van Gogh lui-même offrit un exemplaire au docteur Gachet. Figure tutélaire des derniers jours de l’artiste à Auvers-sur- Oise en 1890, ce médecin spécialiste de la mélancolie est bien évidemment présent dans le roman graphique : « Pour le camper, je me suis inspiré du père Karamazov de Dostoïevski, mon auteur préféré. Un côté un peu “rigolard” les rapproche. »
Le cinéma est une autre des sources d’inspiration de Samuel qui veut d’abord et avant tout « raconter des histoires ». Il travaille donc en fonction de « cadrages » et use de beaucoup de photos préparatoires pour lesquelles il met sa famille à contribution : « Je voulais que mes lecteurs puissent marcher dans les pas de Vincent s’ils allaient ensuite à Auvers », précise ce jeune auteur bien dans son temps.
« Le digital m’aide beaucoup », dit-il en évoquant son récit mené de manière « très réfléchie » afin d’aboutir à la double page finale : Vincent, l’arme à la main regardant en face un soleil irradiant. Moment ultime où il quitta la vie pour entrer dans l’immortalité.

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