L’été de l’ours
Article publié dans Or Norme N°57 (juin)
Plongée dans le monde sauvage et sa beauté cet été à la médiathèque André Malraux où la photographe animalière strasbourgeoise Sabine Trensz expose une quarantaine de clichés d’ours dans leur environnement naturel, fruit d’un passionnant travail immersif au long cours à travers les continents.
Des profondes et sombres forêts des Carpates aux territoires glacés de l’Arctique et de l’Alaska ; de l’inextricable forêt pluviale de la Colombie-Britannique (situées à l’extrême nord du Canada) aux confins de la Sibérie… Cinq années durant, Sabine Trensz a arpenté les marges de ce monde. Là où l’homme n’est plus que toléré, là où il ne s’aventure qu’une fois tous ses sens en éveil et conscient de son immense fragilité. À la recherche des ours qui peuplent encore la planète, loin des humains ou s’en accommodant.
La photographe strasbourgeoise et son époux, le réalisateur animalier Pierre Mann, ont parcouru des milliers de kilomètres, bravé le froid et les éléments dans des paysages toujours somptueux, mais capables de se déchaîner sans prévenir. Ils se sont tenus immobiles, à l’affût, des dizaines et des dizaines d’heures, sans un bruit, sans une parole, avec à peine un geste pour éloigner l’inconfort ; conditions non négociables, mais pas pour autant suffisantes car il faut bien plus que ça pour capturer de rares images de cet animal symbole d’un monde en voie de disparition dans son milieu naturel. Une quête, qui ne se confond pas avec une traque et qui est comme un témoignage, un manifeste pour la protection d’une nature entamée, réduite, atrophiée et qui lutte pour sa survie.
« [L’exposition] propose de découvrir dans leur environnement ces géants paisibles, mais quelquefois imprévisibles, sur des terres d’une rare beauté »
© Sabine Trensz
Cette épopée, car c’en est une, a donné lieu à un film (L’Année de l’Ours, qui sera d’ailleurs projeté le 20 juin à la médiathèque), un livre de photos (Oursitudes) et donc à cette exposition qui s’étendra tout au long des trois mois d’été. « Cette exposition d’une partie de mes œuvres propose de découvrir dans leur environnement ces géants paisibles, mais quelquefois imprévisibles sur des terres d’une rare beauté, mais des terres de plus en plus fragiles et menacées », résume Sabine Trensz, qu’il ne faudrait sans doute pas pousser beaucoup pour lui faire dire que la beauté seule sauvera le monde.
Tout au long de la quarantaine de photographies grand format exposées, c’est tout un univers qui s’ouvre. Celui de l’ours polaire, le plus populaire d’entre les ours sans doute et qui sera le premier à disparaître, de l’ours brun d’Europe, du grizzli capté au Kamchatka, de l’ours noir d’Amérique et puis celui, fantasmatique, de son cousin, le si rare Spirit Bear (ours esprit) aussi appelé ours Kermode, au pelage blanc crème. Dans une lumière grandiose qui est aussi celle d’un crépuscule.←
© Sabine Trensz
Exposition Oursitude, du mardi 3 juin au samedi 30 août à la médiathèque André Malraux. Plusieurs conférences sont également prévues pendant la durée de cette exposition, avec des interventions pour les scolaires. Entrée gratuite
© Sabine Trensz