L’oeil de l’expert : Claude Sturni, envie d’industrie et d’innovation

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 Article publié dans « Quest for industry », numéro hors-série d’Or Norme paru à la mi-juin 2023.
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Claude Sturni est Vice-Président du Conseil Régional en charge de développement économique. Aussi Président de la communauté d’agglomération et Maire de Haguenau, il s’est forgé de fortes convictions sur l’importance de l’innovation pour assurer le renouvellement du tissu industriel, la création d’emplois et le développement d’activités. Ses 20 ans passés dans l’industrie, chez Merck, n’y sont pas étrangers non plus. Échanges autour de sa détermination à stimuler l’innovation dans la région

Votre expérience vous amène à considérer l’innovation comme un levier particulièrement stratégique pour le développement économique du territoire, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Je suis convaincu que les atouts de notre région ont constamment besoin d’être revitalisés (pour rester des atouts). Tout comme dans la vie personnelle, la vie économique d’une entreprise connaît des hauts et des bas, innover est vital.
Au sein de la Région Grand Est, nous travaillons sur notre nouveau schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Nous nous appuyons sur un certain nombre de constats du Business Act, le plan de relance construit avec les acteurs publics et privés du territoire pendant la crise sanitaire. 1000 acteurs se sont mobilisés.
Les nombreuses structures partenaires d’innovation soutenues par la Région et les nombreuses aides financières mises en oeuvre jusqu’à ce jour témoignent de notre engagement sur le sujet de l’innovation.

Dans votre réflexion, sur quels atouts considérez-vous que nous pouvons chercher à capitaliser en particulier ?

Nous sommes une région à la culture industrielle affirmée, avec de nombreux sites de production. Nous occupons la troisième place du podium en France en nombre d’établissements industriels présents en région. Cette position s’affirme et progresse, nous avons la chance d’être une région particulièrement attractive pour les entreprises.
L’image que renvoie le Grand Est est celle d’une région au coeur de l’Europe, avec des voisins comme la Suisse, l’Allemagne, la Belgique ou le Luxembourg qui ouvrent aussi des opportunités. En 2022, 150 décisions d’investissement étrangers ont été prises, induisant la création de 5000 emplois. C’est 17 % de plus qu’en 2021, qui était déjà une bonne année. Ces entreprises exogènes relèvent la qualité de l’accueil proposé, ce avec l’aide, entre autres, des agences développement et de Grand E-Nov+. Nous mettons aussi en avant notre écosystème régional d’innovation et les start-up du territoire. Une entreprise exogène recherche un marché, des compétences, des fournisseurs et un écosystème bienveillant. Elle stimule le territoire en amenant du sang neuf, une culture parfois plus forte d’innovation, et peut déboucher sur la création de nouveaux liens avec les établissements de formation et d’enseignement supérieur, les laboratoires de recherche académique ou les start-up par exemple.
Nous disposons de pôles de compétitivité qui peuvent être des marqueurs des territoires et des activateurs de collaborations entre ces différents acteurs. Nous souhaitons d’ailleurs qu’ils continuent de travailler avec l’ensemble de la région et les grappes d’activités reliables (au-delà de leur territoire d’implantation locale). Nous devons aussi être fiers de nos 5 universités, 180 laboratoires de recherche, plus de 200 000 étudiants, dont 30 000 étrangers. Autant de compétences, de connaissances, de potentiels technologiques, d’innovation et de développement économique, à valoriser davantage.

Évidemment, nous sommes heureux de pouvoir compter sur des incubateurs labellisés sur la base d’un cahier des charges élaboré par la Région Grand Est, dans le but d’assurer un niveau d’exigences maximales de l’accompagnement auprès des start-up.

Nous avons donc de nombreux atouts pour stimuler l’innovation dans l’industrie. Quels sont les principaux défis que vous identifiez pour aller encore plus loin sur ces bases ?

Notre culture industrielle est plus forte que notre culture de l’innovation, cela s’explique par l’histoire de notre région. Nous savons que la part de R&D privée reste inférieure à celle d’autres régions. C’est un sujet que nous souhaitons développer. Nous voulons aussi stimuler les collaborations entre laboratoires de recherche publique, entreprises industrielles, start-up et offreurs de solutions (des spécialistes de l’innovation et des technologies pour l’industrie du futur qui se sont fédérés au sein d’une communauté). Elles ne sont pas un réflexe aujourd’hui, bien qu’elles se développent déjà.

Quest for industry (QFI) c’est un signal que l’industrie est un marqueur fort de notre région, que nous avons envie d’industrie, que nous voulons stimuler et soutenir son renouvellement. C’est aussi la fierté de pouvoir valoriser l’existant et son potentiel. QFI va soutenir l’attractivité du territoire tout en soutenant le développement et le renouvellement de l’industrie par l’innovation.

CLEFS DU GRAND EST
• 3e région la plus industrialisée de France.
• 7 000 entreprises industrielles présentes.
• 299 000 salariés employés dans l’industrie.
• 8,7 % des investissements étrangers à destination de la France réalisés dans la Région Grand Est.
• 50 projets d’innovation accompagnés par la Région Grand Est en 2022 afin d’amplifier la décarbonation de l’économie, dont 34 concernent des start-up régionales.
Sources : UIMM Lorraine ou Région Grand Est.

 

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