Stanislas Nordey reconduit jusqu’au 31 décembre, il signe une nouvelle saison…⎢TNS
Nommé en 2014 à la tête du Théâtre national de Strasbourg et décidé à ne pas briguer un troisième mandat de quatre ans, le comédien et metteur en scène Stanislas Nordey aurait dû voir son mandat s’achever en octobre dernier. L’absence de nomination d’un(e) successeur(e) par le ministère de la Culture durant la période électorale a cependant entraîné la prolongation de son mandat jusqu’au 31 décembre avec pour mission de lancer la programmation de l’automne 2023. La saison à venir portera donc sa marque faite de parité et de diversité sur les plateaux.
Dix-huit spectacles sont à l’affiche, bien moins que les 25 qui ont scandé 2021-2022, cru marqué par l’offre pléthorique née des reports de la crise Covid ce qui a, hélas, entraîné un remplissage passé de 90 à 70 %. « Le phénomène est général », souligne Stanislas Nordey qui se veut rassurant « la maison va bien, les gens reviendront, on ne peut se passer de théâtre vivant ».
Parmi les 18 spectacles à venir, « la moitié sont portés par des autrices », se félicite-t-il. Deux textes de Marie Ndiaye, lauréate du Goncourt 2009, auront notamment les honneurs du TNS : en novembre, Berlin mon garçon, pièce mise en scène par Stanislas Nordey et initiée par lui sur le thème du terrorisme ici abordé par des voies de traverse ; en mars, Un pas de chat sauvage mis en scène par Blandine Savetier avec l’artiste lyrique Natalie Dessay. Écrit à l’occasion de l’exposition Le modèle noir au musée d’Orsay en 2019, « ce récit abyssal » parle de l’incarnation et de l’appropriation d’une personne disparue, en l’occurrence Maria Martinez, chanteuse cubaine surnommée « la Malibran noire »
Autre autrice membre de la « famille du TNS », Claudine Galea ravivera un Sentiment de vie au sein des mémoires écartelées par les guerres coloniales. Une quête de beauté et de vérité, entre musique et littérature, du 17 au 27 janvier.
Juste avant, en janvier également, Caroline Guiela Nguyen présentera Fraternité, un conte fantastique sur l’absence et la consolation réunissant des interprètes professionnels ou non, de divers âges et origines, parlant différentes langues. Issue de l’école du TNS, l’autrice, metteuse en scène et réalisatrice est évoquée par Stanislas Nordey pour la future direction du TNS, tout comme d’autres artistes issus de la génération des « quadras » tels que Julien Gosselin ou Sylvain Creuzevault. En mai, ce dernier mettra en scène L’Esthétique de la résistance oeuvre majeure de l’écrivain allemand Peter Weiss portée, entre autres, par les artistes du Groupe 47 de l’École du TNS. Le Groupe 46, quant à lui, ouvrira la saison à partir du 23 septembre avec un théâtre musical présenté en partenariat avec « Musica ». Fondé sur le dernier chapitre du texte inachevé de Franz Kafka, L’Amérique, Donnez-moi une raison de vous croire de Marion Stenton démonte les arcanes bureaucratiques du rêve américain dans une mise en scène de Mathieu Bauer et Sylvain Cartigny.
Groupes 46 et 47 se retrouveront autour d’un texte de Sonia Chiambretto, La Taïga court du 4 au 9 novembre.
Sonia Chiambretto reviendra avec Yoann Thommerel en mars pour poser un acte théâtral issu de la démarche du gig. (groupe d’information sur les ghettos). Partant d’un questionnaire poétique et politique, Îlots donnera la parole à ceux et celles qui ont renoncé à la prendre ou à qui on ne donne plus le droit de la prendre.
Un théâtre politique
Du 27 septembre au 8 octobre, Stanislas Nordey poursuivra sa quête d’un théâtre politique contemporain au travers d’un nouveau texte de Falk Richter, auteur associé au TNS depuis 2015. The silence explore le traumatisme du silence familial, interroge le patriarcat et alerte sur la tentation d’un leader fort dans un monde fragilisé par les crises écologique, économique et sociale. À gauche : Staislas Nordey avec Falk Richter (à droite) sur le plateau de Je suis Fassbinder. Retour au classique du 13 au 22 octobre avec Iphigénie revisitée au prisme du libre arbitre par le dramaturge et metteur en scène Tiago Rodrigues patron du festival d’Avignon depuis juillet dernier, le spectacle ayant été créé dans une mise en scène d’Anne Théron.
Stéphane Braunschweig reviendra au TNS du 27 février au 4 mars avec Comme tu me veux de Pirandello, « un de ses plus beaux spectacles » a commenté Stanislas Nordey lors d’une présentation de saison où Anne Brochet a évoqué son singulier Odile et l’eau (février) précédé du 26 novembre au 2 décembre d’un Bachelard Quartet proposé par Marguerite Bordat avec l’acteur Pierre Meunier, la pianiste Jeanne Bleuse et la violoncelliste Noémi Boutin. Une « rêverie active » au fil des quatre éléments en se laissant porter par le langage du philosophe et celui de la musique.
À découvrir aussi La septième, inspirée d’un texte de l’écrivain et philosophe Tristan Garcia (15-23 novembre), Nostalgie 2175 où Anja Hilling sublime l’énergie vitale humaine face à une catastrophe écologique (7-15 décembre) ; Mon absente écrit par Pascal Rambert en souvenir de la comédienne Véronique Nordey (28 mars-6 avril) ; Par autan, spectacle « mouvant » de l’inimitable François Tanguy ; Grand Palais où Julien Gaillard et Frédéric Vossier confrontent l’univers mental du peintre Bacon à celui de son amant George Dyer suicidé deux jours avant le vernissage d’une grande rétrospective parisienne (10 au 16 mars). Sans oublier Tout mon amour, premier texte de théâtre du romancier Laurent Mauvignier. Mis en scène par Arnaud Meunier, ce « thriller métaphysique » parle d’un deuil impossible et d’un retour auquel on veut croire.
Ou pas…