Un passionnant panorama de Street Art I Hôtel de ville

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« Une expo où on n’apprend rien » : c’est le jugement laconique d’un pseudo site branchouille d’information à propos d’une exposition qui, pourtant, présente avec exhaustivité et rigueur factuelle toute l’évolution du Street Art parisien depuis les années 70 jusqu’à il y a peu. Un conseil pour l’apprenti-critique : « Et si tu te bougeais pour juste aller voir, en laissant tes a priori à l’entrée ? »

Ce sont plus de 70 artistes dont les productions sont mises en scène sur les deux niveaux de la Salle Saint- Jean de l’Hôtel de Ville de Paris et, pour être franc, se balader au beau milieu de près de six décennies de créations visuelles souvent ébouriffantes fait un bien fou.
Beaucoup pensent que le Street Art est en fait le principal mouvement artistique de ce début de XXIe siècle. On peut bien sûr discuter éternellement du postulat, mais, pour le moins, l’avis n’a rien de fantaisiste.
Si Londres (Bricklane, Shoreditch, Camden Town et maintenant le prolifique East End…) et Berlin postulent depuis longtemps pour le titre de capitale européenne du Street Art, Paris, sincèrement, n’est pas loin. Le Street Art et Paris, c’est un couple fantasque qui s’est formé dés les années 1970, lorsque les premiers Éphémère de Gérard Zlotykamien sont apparus sur les palissades du chantier de Beaubourg, près du célèbre « trou des Halles » qui allait plus tard donner naissance à un centre commercial alors prométhéen… Zlotykamien bombait alors en costume trois-pièces, avec un attaché-case dans lequel il cachait sa poire à lavement, ancêtre de la bombe aérosol !

Rue de Rennes, Jacques Villeglé, 1987

Puis vint 1971 : pour fêter le centenaire de la Commune, c’est le sublime Ernest Pignon Ernest qui peignait son célèbre La Commune ou les gisants (près de 200 sérigraphies noir et blanc, directement appliquées sur les escaliers du Sacré-Coeur, à Montmartre, en hommage aux Communards victimes de la répression versaillaise lors de la Semaine sanglante. Quasi premier acte d’un engagement politique s’insérant dans un lieu, la marque de fabrique d’un véritable génie. L’art envahit alors la rue, bien loin des galeries et des musées…
Depuis, bon nombre d’artistes se sont succédé dans les rues et sur les façades d’immeubles de la capitale, bravant la loi et tombant sous le joug de multiples condamnations. C’est tout cela ce que l’expo Capitale(s) donne à voir. Avec Zloty (le pseudo de Gérard Zlotykamien), on y retrouve, entre plein d’autres, la regrettée Miss.Tic (récemment disparue), Jef Aérosol, Blek le rat, Invader, et, plus récemment, Shepard Fairey alias Obey, Jr, ou Codex Urbanus…, autant de noms qui résonnent fort et parlent haut, pour peu que l’on s’intéresse à l’art urbain contemporain ou plus ancien.

C’est la galeriste Magda Danysz qui s’est vue confier le commissariat de cette exposition remarquable. Contrairement à l’avis péremptoire du site branchouille, on y apprend beaucoup et plus d’une fois, on se dit qu’on aurait bien aimé, époque après époque, découvrir tout ça de nos propres yeux depuis le tout début…

CAPITALE(S)
Jusqu’au 13 février 2023
Salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville de Paris
5 rue de Lobau, Paris 4e
Tél. : 01 40 69 96 00

Billetterie : l’accès est gratuit, mais I’inscription est obligatoire via un module de réservation accessible sur www.paris.fr.
Le billet gratuit est à imprimer et vous sera demandé à l’entrée.

Untitled, Bando, 1983

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