Arthur Ely, l’envolée
Il est auteur, compositeur, interprète. À tout juste vingt-deux ans, l’artiste d’origine strasbourgeoise vient de sortir son premier E.P sous son propre label et en partenariat avec Universal.
Il a belle allure, Arthur Ely. Son mètre quatre-vingt-sept cerclé de son staff et associés, Matthieu Jolly et Benjamin Aubergé, il est rompu à l’exercice de l’interview mais garde sa fraîcheur. Parce que même s’il se dit prêt depuis longtemps, la sortie de son clip sur YouTube Le dernier homme réalisé par Hector Di Napoli a considérablement accéléré le temps. C’était il y a un peu plus d’un an, le succès est immédiat. Les maisons de disque sont nombreuses à le contacter mais c’est finalement avec Universal que la signature se fera pour l’édition. En première partie d’Eddy de Pretto puis de Thérapie Taxi, les tournées s’enchaînent. Le jeune homme mesure sa chance, les brèches et les pièges. Et dans l’urgence, prend le temps de construire les moyens de protéger sa liberté de création « Je me suis dit que la façon la plus sûre était aussi de créer mon label, ce que j’ai fait avec Benjamin et Matthieu. Un label que nous avons appelé 67000, évidemment ! » Strasbourg sa famille, sa ville, celle dont « il est fier », et il le chante, Strasbourg qu’il a quitté il y a bientôt quatre ans pour une licence de médiation culturelle. « C’est la raison pour laquelle je suis parti vivre à Paris, mais en réalité je savais très bien que ce que je voulais, c’était de continuer à faire de la musique et y trouver ma place. »
En maniant provocation et autodérision…
Le premier étonnement à l’écoute de ces cinq titres, en dehors d’une production impeccable, est certainement la sincérité et la force avec laquelle l’artiste se livre. Entre une écriture habile, quelques riffs sacrément balancés et une évidente qualité de mélodiste, le chanteur excelle sur un électro-rap qui claque. Rap dont il réfute toute appartenance en riant « Aucun rappeur ne me considèrerait comme tel et jamais je n’en aurai la prétention. Je suis avant tout un chanteur de variété. Je me sers du rap parce que c’est une forme qui me correspond en ce moment. Le plus important pour moi est d’écrire des chansons. » En maniant provocation et autodérision à travers un genre qu’il affectionne « L’ego trip, c’est comme un registre un peu littéraire qui vient du rap, du hip-hop, c’est-à-dire d’inventer une façon de se mettre en valeur de façon mégalomane. Au début j’écrivais de la poésie et l’ego trip m’a permis de me connecter de manière plus directe, avec moins de filtres ».
A l’entendre et à le regarder dans cette concentration de maturité et de pudeur mélangée, il est facile de comprendre les chemins de traverses et autres sublimations d’une sensibilité à fleur de peau. Sur scène, « le gros son » d’Arthur Ely fait largement honneur à son E.P au même titre qu’une présence avec laquelle il faudra désormais compter. « Sois heureux nique le game fiston. C’est ce qu’aurait dit mon père s’il était là, j’en ferai trembler la Terre pour qu’il m’entende de là-bas, donc j’en veux encore et encore à raison ou à tort* »
À raison, absolument.
*Extrait de la chanson « A raison ou à tort »