Elles se battent pour que les images alsaciennes ne disparaissent pas

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Ces deux amies se sont rencontrées voilà quinze ans et elles ont décidé de tout faire pour que les films  amateurs réalisés par les Alsaciens ne sombrent pas dans le néant. Leur but est de créer une cinémathèque régionale qui les conserverait. C’est un très beau combat…

L’histoire de nos images est devenue part entière de notre histoire tout court depuis que le cinéma amateur a réussi à émerger au siècle dernier, bien servi par une démocratisation sans précédent des techniques et matériels. Depuis les premières décennies du XXème siècle, les formats se sont succédés et tous ont eu leurs adeptes : du célèbre Pathé Baby avec sa perforation centrale (lancé en 1922) jusqu’aux modernes smartphones et leur numérique ultra-perfectionné, on a connu le célébrissime Super 8 –rares sont les familles qui n’en ont pas été équipées dès les années d’après-guerre-, supplanté à l’aube des années 80 par la bande magnétique (VHS ) elle-même balayée par les bandes mini-format d’abord avant que l’avènement de l’ère numérique ne viennent mettre tout le monde d’accord.
Pendant tout ce temps, les Alsaciens n’ont cessé de filmer leur vie quotidienne, les fêtes, les événements familiaux, les vacances… tous ces instants de vie qui constituent des témoignages précieux et autant d’archives capables de transmettre la mémoire du temps qui passe.

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Mais voilà : peu à peu, beaucoup de ces films ont été oubliés dans de grands cartons sur lesquels la poussière s’entasse. La faute aux matériels de projections devenus obsolètes, irréparables, caduques. On sait bien qu’il ne faut pas se séparer de ces films, qu’ils sont notre vie d’autant qu’ils contiennent très souvent la précieuse image et la voix de celles et ceux qui ne sont plus là et qui nous sont chers. On se promet de les préserver en les numérisant mais c’est un long travail pour les visionner et les choisir et au final, c’est aussi un budget qui peut s’avérer conséquent. Alors, on oublie, le temps passe et le risque est alors grand que tous ces films finissent au rebus…

Des trésors inédits

C’est contre ce danger-là que les deux amies se sont liguées et ont créé l’association MIRA (Mémoire des Images Réanimées d’Alsace). Soutenue par la Direction Régionale des Affaires Culturelles et par les Collectivités territoriales), MIRA peut compter sur ces deux jeunes retraitées qui sont les chevilles ouvrières de l’association.
Christiane Sibieude (ex-chargée de développement à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Strasbourg et du Haut-Rhin) et Odile Gozillon-Fronsacq (historienne, auteur d’une thèse sur l’histoire du cinéma en Alsace et de plusieurs documentaires sur l’histoire de l’Alsace) ne ménagent pas leurs effort depuis 2006. « Nous avons dès 2007 organisé un maximum de projections publiques un peu partout en Alsace » raconte Christiane. « Les publics ont été emballés, émus, interloqués et ça nous a confortées dans notre action ». Des propos approuvés par Odile qui relève que « tout cela contribue pour beaucoup au lien social indispensable à maintenir. Ces projections et l’accueil réservé par le public nous ont fait redoubler d’ardeur pour dénicher ces images et ces films inédits, véritables marqueurs de la vie de notre région et des Alsaciens. »

Logée dans les locaux de la Maison de l’Image, près de la gare de Strasbourg, MIRA peut ainsi compter sur une belle synergie, avec le voisinage des bureaux strasbourgeois de l’Institut national de l’Audiovisuel (INA), de l’association Vidéo les Beaux Jours et d’Alsace Cinéma, le réseau des salles indépendantes en Alsace.

Des projets

« Nous avons eu dès le début l’objectif de créer une cinémathèque régionale » poursuit Christiane Sibieude. « Un outil permettant au grand public, mais aussi aux réalisateurs ou aux chercheurs d’entrer en contact avec les possesseurs des films, par exemple. Un centre nerveux pour permettre aussi que circule l’information en direction des travaux universitaires ou autres. »
« Un outil pour la mémoire » dit Odile Gozillon-Fronsacq. « On possède un fonds formidable et unique : la transformation des rues de Strasbourg, au fil des décennies passées par exemple. On y lit la mutation profonde de notre ville, c’est passionnant. »
En 2016, MIRA souhaite développer considérablement son action. Un œil sur l’évolution administrative en cours avec la création de la grande région, les deux complices ont néanmoins décidé de lancer le « Cercle des amis de la cinémathèque régionale ». Cette initiative fortement soutenue à Strasbourg par Catherine Trautmann, a été présentée début novembre dernier au cinéma l’Odyssée lors d’une grande soirée où MIRA a pu montrer le processus complet de conservation des images récupérées, de la bobine d’origine au montage numérique.
En leur for intérieur, les deux piliers de MIRA rêvent d’une ou plusieurs sociétés mécènes qui viendraient renforcer l’aide publique que reçoit l’association. « Début janvier, on prévoit de proposer ce concept de cinémathèque régionale à la grande région. C’est le moment de nous aider ! » conclut Christiane Sibieude.

MIRA
31, rue Kageneck – Strasbourg
www.miralsace.eu
contact@miralsace.eu