Emballez-moi !⎢ L’exposition Christo au Musée Würth

Partager

L’exposition Christo au Musée Würth va se terminer le 20 octobre, profitez de ces quelques jours pour aller voir cette œuvre étrange et sans équivalent par son obstination, son envergure démesurée, et son caractère unique dans le monde de l’art. Quatre vingt œuvres dessinées, peintes, avec parfois des inclusions de tissus y sont présentées dans un bel agencement lumineux.

Est-ce de l’art ? Oui, puisque cela parle de beauté et rien que de beauté. Du land art (art dans le paysage) peut-être aussi – bien que Christo récusait ce terme – précédé de très longs travaux de préparations, plan, dessins, esquisses, répétés ayant de fois que nécessaires. La vente de ces préparatifs financera tout du long de la vie de Christo la mise en œuvre sur place, ventes sans doutes colossales au regard du coût du matériel et de la main d’œuvre. Ce sont ces préparatifs que le Musée Würth propose de découvrir.

Évolution vers l’épure

Cette œuvre internationale repose, comme souvent pour les artistes, sur une obsession, celle de Christo étant l’empaquetage, boites de conserve, bidons de pétrole, panneaux, porte (visibles au Musée), puis monuments. Dans sa région d’origine en Bulgarie on travaillait le textile et son père teignait les tissus, passion de la vie de son fils. On se souvient de l’empaquetage du Pont Neuf en 1985 ou celui du Reichtag qui a mis plus de vingt ans à pouvoir se faire au milieu de multiples polémiques et négociations, on peut encore admirer en ce moment celui de l’Arc de Triomphe deux ans après la mort de l’artiste. On peut voir au Musée Würth des exemples des empaquetages du début, très ficelés au départ, l’évolution vers l’épure se faisant progressivement vers une très belle esthétique du drapé et de l’encordage pour les dernières réalisations.

© Wolfgang-Volz

Art de l’éphémère

Christo est tout aussi connu pour  ses interventions dans le paysage comme l’immense rideau rouge entre  deux montagnes dans le Colorado dès 1972 ou les merveilleux et immenses parasols ouverts en même temps au Japon (bleus pour ce pays) et en Californie (jaune pour cette région) en 1991. C’est un art de l’éphémère que pourtant nul n’oublie. Il en reste aussi tout le travail préparatoire visible au Musée, et ensuite les films (vidéos au Musée également) et les photographies. On ne peut que saluer le côté visionnaire de ces projets qui ont donné des résultats très impressionnants. Enormément de travail pour une installation temporaire mais bien réelle de quelques semaines où ne s’exprime que la beauté. Il s’agit d’une interrogation sur le paysage. Le but est que le regard se modifie sur ce paysage, à travers l’installation qui est proposée. Marcher sur des allées recouvertes de tissu couleur or dans le Missouri ou vers des rideaux orange dans Central Park, doit être une expérience que l’on n’oublie pas.

Durant ma visite au Musée Würth, des élèves de deux classes étaient assis en rond dans les grands espaces des salles, écoutant et répondant aux questions de leurs professeurs. Masques sur le nez et la bouche, ils avaient un petit air empaqueté qui n’aurait pas déplu à celui qui avait emballé une femme de plastique transparent, le maître éphémère de ces lieux dédié à l’art.

DR

Christo et Jeanne-Claude Collection Würth

ZI Ouest rue Georges Besse, Erstein

Jusqu’au 20 octobre

Entrée gratuite