La formation Éco-Conseil, une éthique du futur

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À l’heure du confinement et de cette crise mondiale, plus que jamais, il est temps de repenser notre présence au monde et d’interroger nos usages et comportements. L’occasion de revenir donc sur un article du numéro 36 du magazine d’Or Norme, l’interview de Nicolas Jantet, ingénieur, qui suit actuellement la formation Éco-Conseil à Strasbourg et qui nous parle de l’avenir de notre planète.

Or Norme. Peux-tu nous parler brièvement de ton parcours ?

Après des études d’ingénieur à l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées de Strasbourg), en plasturgie, j’ai suivi un master en management. Ensuite j’ai pris le parcours classique d’un ingénieur, j’ai évolué pendant 11 ans dans le milieu de l’automobile. Durant cette période j’ai traversé deux Plans de Sauvegarde pour l’Emploi (PSE). C’est une expérience difficile. J’ai vu des collègues aller très mal, se faire virer, les manifestations… Il n’y avait même pas de raisons économiques valables, l’activité était rentable, c’était juste pour délocaliser. Après deux autres expériences décevantes, j’ai décidé de faire un bilan de compétences, je savais que l’état d’esprit du monde de l’industrie ne me convenait pas.

Comment en es-tu arrivé à suivre la formation Éco-Conseil ?

C’est le résultat de mon bilan de compétences. Ça a su révéler les valeurs auxquelles je croyais. La personne qui m’accompagnait pour mon bilan m’a fait rencontrer une future éco-conseillère. Elle présentait un projet de jardins thérapeutique dans un EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). Il y avait toute une problématique sur le jardin et les interactions qu’on pouvait créer d’un point de vue humain, social et écologique… J’ai décidé de m’inscrire à cette formation Éco-Conseil. J’avais déjà réfléchi à un projet de recyclage de matière plastique, en essayant de tirer profit de mon expérience pour en faire quelque chose de plus vertueux, donc ça faisait sens.

En quoi consiste exactement la formation d’éco-conseiller, comment est-elle structurée, quels sont les enjeux ?

L’institut Éco-Conseil propose cette formation en partenariat avec l’INSA qui est le référent pédagogique. C’est un gage de sérieux ; Éco-Conseil a vocation à présenter tous les aspects autour du développement durable et de l’écologie. L’objectif est d’avoir une vue à 360° de tout ce qui peut se faire, tous les domaines existants, tous les acteurs. Les intervenants proviennent d’institutions, de collectivités territoriales, d’entreprises, d’associations… On cherche à obtenir un panorama le plus complet possible de ce qui touche à l’environnement, sans oublier la dimension sociale du développement durable.

 Comment se passe cette formation ?

Pour commencer, je retourne à la même école quinze ans après, pour quelqu’un qui n’a pas forcément apprécié son cursus c’est curieux, il faut l’avouer. Quand j’ai commencé la formation, j’ai de suite été surpris par le ton des intervenants, il n’y a pas de langue de bois, les gens disent les choses comme elles sont. Ils ont chacun un point de vue différent, c’est toute la richesse des interventions.

Est-ce que cette formation te fait porter un autre regard sur ta carrière ?

Il y a tout d’abord un impact personnel, dans la vie courante, en tant que consommateur et citoyen. Pour ce qui est de ma carrière, avant j’étais ingénieur spécialisé, focalisé sur des projets dans le plastique. Aujourd’hui, s’il fallait que j’y retourne, je m’obligerais à tout requestionner et pas seulement le fait de produire du plastique, mais le fait de produire tout court ! Je me demanderais quelle doit être l’échelle ? Où produire ? Avec qui ? Et surtout pourquoi ? C’est l’approche complète qui change. Il existe justement des structures qui réfléchissent dans ce sens-là, telles que les SCOP (Société Coopérative Ouvrière de Production – ndlr) ou les SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif -ndlr).

Les questions d’ordre écologique sont plus que jamais préoccupantes. L’avenir de la planète est en jeu. Comment changer les choses ?

On vit effectivement dans une époque de solastalgie, c’est-à-dire l’éco-anxiété due au réchauffement climatique et à la mise en péril de la biodiversité. Mais on peut encore éviter le pire. Beaucoup d’actions sont d’ailleurs déjà mises en œuvre via des organisations ou des institutions. Il y a évidemment l’Eurométropole de Strasbourg, avec notamment des projets de parcs naturels urbains. Il y a l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie -ndlr), la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement -ndlr) ou des Associations comme Terre de liens qui travaille sur les questions du foncier et du monde agricole… Au niveau social et politique il y a une véritable prise de conscience qui s’opère. J’ai espoir que les choses changent dans le bon sens !

Plus d’infos : http://ecoconseil.org/

Nicolas Jantet ©Alban Hefti