Les grands vins des petites occasions : Mitico
Plus jeune, ma boîte à lunch était majoritairement composée de repas concoctés par ma mère. Avec les petits yeux du matin et beaucoup d’amour, elle prenait soin de varier les saveurs et de colorer l’ensemble.
Puis, les mets congelés ont fait leur effet dans les écoles primaires. L’heure de gloire du micro-onde a modifié mes envies, au grand désespoir de celle qui prenait plaisir à cuisiner avant même d’avoir enfilé son premier café. À cette époque, mes plaisirs culinaires étaient régulièrement composés de pizzas pochettes : une boule de pâte remplie de mozzarella, de pepperoni, de poivron et de champignons. Malgré tout l’alléchant de l’emballage, les hyperfréquences n’avaient pas à cœur une cuisson uniforme et une pâte croustillante. Et pourtant, ils faisaient fureur. Dans la boîte à lunch, il y avait aussi un petit jus individuel à base de pommes, d’oranges, ou de raisins. De quoi assurer un accord de novice ! Plus récemment, une ballade sur la Grand’Rue à Strasbourg a réveillé des souvenirs de mon vieil amour. Celui-ci avait alors pris le nom de panzerotto, et provenait d’un long voyage depuis les Pouilles. Avec ce chausson de pâte à pizza fraîche farcie, j’ai trouvé mon petit bonheur à manger. Heureuse de cette trouvaille, j’ai imaginé de quoi bien boire aux côtés d’un panzerotto.
Un panzerotto, deux panzerotti per favore
Le restaurant strasbourgeois Mitico satisfait les envies de street food italien. Depuis 2015, l’adresse voit défiler des jeunes actifs, des passants, et bon nombre de touristes italiens. Lorsque Fabrizio Di Panno (propriétaire) présente son menu, la langue de l’amour fait écho. Les arancini et les mozzarelline, entre autres, prennent des allures drôlement poétiques. L’alsacien aux origines italiennes garde de bons souvenirs des vacances d’été passées en Italie du Sud avec sa famille. Dans les Pouilles, la rencontre d’un mentor amoureux de panzerotti lui a permis de maitriser la parfaite recette de pâte qu’il propose maintenant dans son restaurant. Les garnitures, quant à elles, sont à mi-chemin entre les deux pays que Fabrizio adore.
Parmi les chaussons les plus populaires, notons l’original, composé de tomate et de mozzarella. S’ensuit celui au jambon, puis celui à la bolognese (dont je reparlerai plus tard). Lors de la commande, les plus affamés se laissent tenter par un petit choix de douceurs, dont le classique tiramisu et le savoureux cannolo. La crème importée de Palerme utilisée pour la réalisation de ce dernier explique les ruptures occasionnelles. Dans le petit restaurant de la Grand’Rue, la majorité des clients s’assoient pour manger à midi. Le soir venu, les commandes se glissent plutôt dans un sac Deliveroo. Côté boissons, les coups de cœur vont aux sodas san pelligrino et à la bière italienne. C’est qu’au pays de la botte, l’association d’un panzerotto et d’une pinte a quelque chose de sacré.
Accord avec un panzerotto bolognese
Malgré ses airs de pizza, le panzerotto diffère par son mode de cuisson. Une fois refermé et le rebord joliment découpé, le chausson est plongé dans l’huile pour un instant de friture. Le résultat est croustillant et salé ; une petite addiction ! Le oumph de gras participe aussi au plaisir alimentaire. Le panzerotto à la bolognese abrite une garniture digne d’un authentique ragù cuisiné par une mama italienne. On y retrouve notamment du bœuf – beaucoup de bœuf – des tomates, des carottes et des oignons. L’ensemble est résolument savoureux.
Dans le confort de votre salle à manger, la spécialité du restaurant Mitico offre une panoplie d’accords mets et vins. Toutefois, un mets originaire d’un endroit donné ira généralement de pair avec un vin issu du même endroit. Nous appellerons cela des accords de région. Dans le cas des panzerotti, dirigeons-nous vers le Sud de l’Italie ; la région des découvertes et des bonnes affaires !
Amateur de vin blanc ? Optez pour le Chardonnay 2016 de Tormaresca, propriété de la famille Antinori. Au nez se développent d’intenses arômes de fleurs blanches et d’agrumes. En bouche, le vin est sec, fruité, et vif. Son caractère gouleyant en fait un parfait vin de semaine. Et un excellent accompagnateur de panzerotti, notamment ceux à base de crème.
Vous n’avez d’yeux que pour les vins rouges ? Je vous suggère plutôt le Sangiovese 2017 de la winery Caldora, issu de l’apellation IGT Terre di Chieti. Dans le verre se côtoient des notes de fraises, de cerises, et un indice boisé. À la dégustation, le fruit s’impose. La structure est ample et les tanins, étonnement fondus.Un vin sans chichi pour cette fameuse garniture alla bolognese. Pour les curieux, le cépage Sangiovese est souvent associé à la Toscane, où il excelle à la réalisation de Chianti et de Brunello de Montalcino, entre autres. En Corse, il fait aussi tourner des têtes sous le nom de niellucio.
L’arrivée de l’automne apporte son lot de journées fraiches. Elles correspondent souvent au retour du fameux risotto d’un de vos proches. Les plus pressés du ski, quant à eux, jettent alors leur dévolu sur d’étonnantes rations de raclette. Si entre-temps survient un coup de blues des beaux jours, ramenez-les avec la spécialité du restaurant Mitico. Fervente amoureuse de l’automne, j’irai plutôt dans l’espoir de retrouver la version améliorée de mon vieil amour pour emporter. Le petit jus individuel qui accompagnait mon plaisir culinaire d’autrefois laissera alors place à un verre de vin. Comme quoi ce n’est pas les choses qui changent, mais bien notre façon de les voir.
Merci au restaurant Mitico d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Les vins présentés sont disponibles au Théâtre du Vin, marchand de vins à Strasbourg.
Retrouvez-moi ainsi que d’autres de mes articles sur mon blog Le Cellier de Jess !