Un Alsacien au Japon – épisode 16
Un petit coin de paradis
Comment évoquer le quotidien au Japon sans parler de la propreté et plus largement de l’hygiène ? De petits détails laissent deviner la rigueur voire la maniaquerie dont font preuve les Japonais dans ce domaine.
Curieusement, c’est l’absence totale de poubelles dans la rues qui vous a mené sur la piste. En en discutant avec des locaux vous avez appris que justement, les déchets étant impurs, on les garde avec soi, dans un sachet, pour les trier ensuite à la maison. Vous avez donc maintenant l’habitude de vous promener une journée entière avec les restes de votre petit-déjeuner et vos bouteilles en plastique.
Une question d’écologie
Le tri vous vous y êtes également mis, surtout que votre logeuse ne rigole pas avec ça. Avec pas moins de six compartiments différents dans la buanderie, il a vite fallu apprendre à bien séparer vos détritus au risque de passer pour un malotru.
Les Japonais sont en effet des champions du tri sélectif ce qui ne les empêche cependant pas de vous donner un sachet en plastique au moindre achat (celui-là même qui vous servira à transporter vos déchets) ou de poster des quantités invraisemblables de publicités dans les boîtes aux lettres chaque jour. Curieuse conception de l’écologie.
Au Japon, on ne se mouche pas
Les rues et autres espaces publics sont donc nickels ce qui surprend toujours, surtout quand on est Français (plus besoin de garder les yeux rivés au sol quand on est sur le trottoir, de peur d’une surprise). Vous ne vous étonnez même plus que l’on vous offre avec chaque repas une lingette humide pour vous rincer les mains et au fur et à mesure vous essayez aussi d’être un Japonais modèle : vous vous déchaussez avant de rentrer dans une cabine d’essayage (elles sont souvent couvertes de moquette) et vous glissez votre parapluie mouillé dans les étuis jetables prévus à cet effet avant de rentrer quelque part.
A voir certains Japonais avec leurs masques médicaux (portés pour éviter de transmettre leurs germes aux autres) vous vous dites qu’il faudra vous aussi en enfiler un quand vous serez à votre tour enrhumé, en revanche il est une habitude à laquelle il vous est humainement impossible de plier : le reniflement. Et oui, au Japon on ne se mouche pas (alors qu’on peut faire du bruit en mangeant, allez comprendre), là encore, il s’agit d’un geste impur, on garde ses saletés pour soi. Et les Japonais au nez plein de renifler à tout va dans le métro. Dé-goû-tant.
Le fameux jet d’eau des toilettes
Evidemment, quand on en vient à parler d’hygiène c’est l’exemple des toilettes qui est le plus parlant. Elles sont forcément toujours propres, ça c’est un fait. La vraie surprise, ce sont les toilettes en elles-mêmes. Car on parle ici de toilettes électroniques, oui madame. Un concentré de technologie Made In Japan avec tableau de bord et options en pagaille. Détecteur de présence, rabat automatique de la cuvette, siège chauffant, pèse personne, jets d’eau multidirectionnels à température variable et même une gamme de sons fictifs (chant d’oiseau ou cascade) pour couvrir les bruits un peu gênants.
Assis dessus, vous avez l’impression de participer à un programme spatial de la Nasa. Evidemment, l’écran de contrôle de toutes ces fonctions est en japonais ce qui complique grandement les choses. Un conseil, pour vos premiers tests « sur le terrain », préférez un horaire peu fréquenté dans un musée sur la céramique. Attention au fameux jet d’eau, la première fois cela peut surprendre, surtout ne pas se lever par réflexe, vous pourriez bien inonder la pièce. Pour la propreté, on repassera.
