Un Alsacien au Japon – épisode 27
Victimes de la mode
La mégalopole de Tokyo est peu citée quand on parle de mode et pourtant elle n’a rien à envier à d’autres capitales, bien au contraire.
Ici, le shopping est un véritable sport, avec ces terrains de jeu, ses règles et bien sûr, ses athlètes… Plusieurs quartiers de la ville sont consacrés aux boutiques de prêt-à-porter, de l’excentrique Harajuku au pointu Shibuya en passant par le classieux Omotesando.
Grandes enseignes mais aussi petits créateurs, le monde de la mode est à la pointe et vous pouvez trouver aisément les toutes dernières créations à condition d’avoir un portefeuille bien fourni. Les jeunes nippons dépensent en effet des sommes folles pour arborer le logo en vogue et sont même prêts à patienter de longues heures devant leurs boutiques préférées, assis dans des sièges de camping. Les boutiques de luxe ne s’y trompent pas et acceptent à bras ouverts tous les clients, qu’ils aient l’air chics ou non, et vous pouvez essayer tout ce qu’il y a de plus cher comme si vous étiez dans votre salon.
Jambes sciées et bras plein de paquets
Car Japon oblige, le service est toujours à la hauteur. Arrivez trop tôt dans un centre commercial, vous êtes accueilli par un charmant employé qui vous serre un verre d’eau et vous prie de patienter un peu tout en vous installant confortablement dans un fauteuil design, ou comment vous mettre à l’aise avant le marathon. Car les malls sont immenses.
Véritables parcs à thèmes (avec ciel en trompe l’œil et reproduction de fontaine de Rome), vous pouvez y passer des heures sans vous en rendre compte, porté par la frénésie ambiante. Les jambes sciées et les bras plein de paquets, vous rentrez épuisés vous promettant qu’on ne vous y reprendra plus…
La mode impose donc son rythme et ses codes, avec une nomenclature précise (il existe même des livres qui référencent les différentes modes nippones). Les adolescentes du quartier de Shibuya, qu’on surnomme d’ailleurs « les shibuyettes », ont ainsi des styles bien définis et très codifiés. Gothic lolitas, punk lolitas, sweet lolitas, millitary lolitas, le look est archi travaillé et vous vous demandez combien de temps ces demoiselles peuvent bien passer à se préparer.
Le métro ou la rue ont donc parfois des airs de défilés même s’il faut bien avouer que la plupart des gens arborent le même uniforme, costume noir strict pour les hommes et jupes mi-longue et gilets beige classiques pour les femmes. A force de suer sang et eau sous le soleil, vous avez plutôt opté pour le short et c’est un peu à reculons que vous vous êtes rendu dans un de ces immeubles aux nombreuses enseignes.
Dans le premier magasin venu, vous trouvez facilement votre bonheur, un rapide essayage (on n’oublie pas de se déchausser avant de rentrer dans la cabine) puis vous cherchez la caisse. Surprise, il n’y en a pas, ou plutôt si, il y en a, mais c’est vous qui faites votre propre encaissement. Vous déposez votre achat dans une sorte de box qui scanne le tout et vous affiche le montant. Ne reste plus qu’à régler (en carte bancaire ou via le monnayeur) puis vous récupérez ticket et vêtement. Merci et à bientôt !
Votre sachet à la main, vous prenez de suite l’escalator, il faut vite sortir pour éviter tout achat impulsif. De retour dans la rue, vous croisez deux jeunes gens bardés de cuir avec des crêtes fluo. Mais comment font-ils pour ne pas mourir de chaud ? Le style avant tout !
