Une semaine sur les chemins de Laponie avec Clémence
Le Kungsleden est un trek magnifique en Laponie suédoise qui traverse de vastes régions où la lande recouvre tout et où le regard porte loin vers l’horizon. Un endroit où les aurores boréales illuminent la nuit et où les rennes sont toujours en liberté. Pour en parler, on s’est installés à la terrasse du café Brant avec Clémence. Elle a parcouru ce mythique sentier de randonnée pendant une semaine et nous raconte ce qu’elle en garde, les yeux qui pétillent encore.
Ma Suède
Clémence est née à Strasbourg d’un père alsacien et d’une mère suédoise. Elle grandit à Mundolsheim et s’envole chaque été avec ses parents pour Stockholm visiter sa famille maternelle. Et même si elle finit par bien connaître Stockholm, y retourner régulièrement reste pour elle dépaysant et ressourçant.
En 2017, elle s’y rend quelques jours à peine après avoir passé son bac. “À ce moment, je voulais faire quelque chose d’un peu fou, partir à l’aventure. Une amie de ma cousine avait randonné sur le Kungsleden et elle nous avait donné envie d’essayer”.
Le Kungsleden (“voie royale”) est un chemin de grande randonnée très fameux en Suède totalisant 425 km de sentiers balisés. Il est divisé en quatre parties correspondant chacune à environ 7 jours de marche. Son départ se situe dans la partie la plus septentrionale du pays non loin de la frontière avec la Norvège et la Finlande. Il traverse ainsi les plus beaux parcs nationaux où les paysages rivalisent de beauté.
Créé par le Svenska Turistföreningen (club alpin et outdoor suédois) à la fin du XIXe siècle, le Kungsleden entendait rendre accessibles les magnifiques paysages lapons à tous les Suédois. L’itinéraire a ensuite été progressivement équipé en refuges pour accueillir les randonneurs dans les meilleures conditions possibles.
Clémence et sa cousine prennent alors la décision de s’y élancer ! “On s’est dit “en avant” sur un coup de tête et le lendemain, on s’envolait de Stockholm pour Abisko, tout au nord du pays”.
Une semaine sur les chemins de la Laponie
Commence alors une randonnée itinérante de 6 jours. Au programme : pas moins de 150 km à parcourir à pieds dans les paysages typiques de la Laponie et des journées glaciales dans le vent du nord. Car en cette fin du mois de mai, la neige recouvre donc en grande partie le paysage et certains passages du chemin ne sont pas encore praticables. D’Abisko au nord du cercle polaire arctique, les deux cousines descendent jusqu’à Nikkaluokta où la tante de Clémence les retrouve pour les ramener à Stockholm.
Pendant le trek, les journées peuvent être longues : “on marchait 5 à 6h par jour” raconte Clémence, “dans des paysages encore enneigés. Le début du trek est relativement plat et l’horizon est vraiment vaste, les paysages sont blancs à perte de vue avec de la lande, des lacs et des fjords. À la différence des Vosges, c’est plus vaste, plus étendu, moins forestier”.
“Physiquement, c’était dur parce que je n’étais pas préparée” raconte la jeune Strasbourgeoise, “on est vraiment parties du jour au lendemain”. Mais Clémence s’en rend rapidement compte, un trek c’est beaucoup de mental et pour cela, partir à deux est vraiment un atout. “Ma cousine est plus endurante, elle a pu me motiver et me pousser à avancer ! Et heureusement, on a eu de la chance avec la météo, il a fait relativement beau” se souvient-elle.
C’est une randonnée itinérante que Clémence conseille “à tous ceux qui aiment le froid et l’aventure. C’est vraiment le grand nord, avec un vent glacial qui te fait comprendre où tu es”.
L’expérience totale
Quand elle y repense aujourd’hui, deux ans après cette aventure sur les chemins de Suède, Clémence se dit “qu’[elles étaient] vraiment folles !”. “On avait une carte mais sans savoir vraiment la lire. J’avais 18 ans, ma cousine 19…! Nos parents m’ont dit qu’on était complètement tarées mais ils me répètent aussi depuis toute petite qu’il me faut vivre mes expériences. Donc ils étaient contents pour moi mais quand même un peu flippés”.
Pour les deux jeunes filles, l’objectif est bien de vivre l’aventure à fond. “Je voulais découvrir quelque chose par moi-même, en fait” résume Clémence. Et pour cela, le mieux est de s’alléger : “on est parties avec le strict minimum. Pas de téléphone, juste du matériel de camping pour le bivouac et des portions de ravitaillement pour la cuisine… mais malheureusement pas assez ! Nos rations nous ont tenu seulement 5 jours et la 6e et dernière journée était assez galère. On avait très faim”.
Les nuits sont froides : “si la journée il faisait 3 ou 4°C avec un vent glacial, la nuit les températures descendaient sous 0°C”. Elles se passent sous la tente car les refuges qui accueillent les randonneurs pendant la saison ne sont pas encore ouverts. Pour cela, elles peuvent compter sur un bon équipement de camping, mais la nature est pleine de surprise… “La Laponie est peuplée de troupeaux de rennes, et un matin en ouvrant la tente, ma cousine se retrouve nez à nez avec l’un deux. On a eu super peur : c’est un animal vraiment très impressionnant (surtout quand tu te viens de te réveiller !) et on ne savait pas s’il était amical ou pas”.
Quand on lui demande de faire le bilan de cette semaine d’aventure et de découvertes, Clémence réfléchit et conclut que “c’était vraiment la première fois qu’[elle] vivait une expérience aussi poussée”. Elle y a trouvé ce qu’elle cherchait : vivre à fond, se ressourcer en pleine nature et s’immerger plus profondément dans la culture suédoise. “Je pensais connaître la Suède et je me suis rendue compte que je ne connaissais que Stockholm.”
Au-delà de l’expérience personnelle, vivre un trek à deux est un moment d’échange unique. “Je garde en mémoire les moments passés avec ma cousine dont je suis toujours très proche. Et malgré le froid et le manque de nourriture, je ne regrette pas d’avoir fait le Kungsleden à cette période de ma vie, juste après mon bac. Mon seul regret serait de ne pas avoir vu d’aurores boréales mais je le referai sans hésiter !”.