Les mille vies d’Antonia

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Humoriste, comédienne, improvisatrice, voix, maman… Rien n’arrête l’artiste protéiforme Antonia de Rendinger, connue bien au-delà de ses terres strasbourgeoises. Rencontre avec une fille marrante, ambitieuse, bosseuse. Avec la tête dans les étoiles, mais les pieds bien sur terre.

Depuis toute petite, Antonia voulait être célèbre. « Mais mes parents me disaient que ce n’était pas un but en soit, sourit la comédienne de 44 ans. Finalement, j’ai fait des études supérieures qui m’ont apporté la rigueur dans mon travail, la capacité de décortiquer les infos pour les transformer, le tout accru par l’improvisation. »

Antonia de Rendinger a brillamment mené ses études de sociologie jusqu’au DEA, en plus de deux maîtrises en ethnologie et lettres modernes, tout en réalisant son rêve de monter sur les planches. C’est par le théâtre d’improvisation qu’elle est entrée dans le milieu en 1993, avec la Lolita. En 2002, elle écrit son premier spectacle Itinéraire d’une enfant ratée avant de recevoir des mains de Claude Lelouch comme un clin d’œil du destin, le premier prix du Festival d’humour de Saint-Gervais, dix ans plus tard.

La télé n’est pas une fin en soi

Déjà bien connue dans le milieu, sa carrière décolle. Elle rencontre son metteur en scène Olivier Sitruk au réseau impressionnant. Antonia joue au théâtre des Béliers en Avignon, au théâtre des Mathurins à Paris. Elle se fait aussi remarquer dans l’émission de Laurent Ruquier On n’demande qu’à en rire. Mais jette un regard aujourd’hui très critique sur ses années télé. « C’était un moment très prolifique pour ma carrière, mais j’étais en mode pilote automatique dans ma vie de maman, même quand j’étais là, je n’étais pas là. Les passages télé me tenaient beaucoup à cœur, je voulais être la meilleure. Mais c’était ridicule, la télé n’est pas une fin en soi, c’est un monde très injuste. » Antonia kiffe en revanche la radio et ses chroniques sur Europe 1 aux côtés de l’ultra bosseuse Anne Roumanoff. « Aujourd’hui, je rêve d’une chronique sur France Inter, il faut que je m’y remette. »
Actuellement en tournée avec son One woman show Moi jeu, Antonia cartonne partout en France. « Je ne me lasse pas de ce spectacle », confie l’artiste qui y enchaîne une vingtaine de personnalités qui n’ont rien à voir, si ce n’est leur folie. À la tendance des « stand up », Antonia préfère incarner des personnages qu’elle dessine grâce à son sens de l’observation aiguisé et insatiable. Sa manière de créer un spectacle est tout aussi impressionnante que le résultat. « Je réserve pendant trois jours une salle et j’improvise devant le public. J’invite Marko Mayerl, qui a une intelligence du jeu et de la scène hyper intéressante, et il me dirige ou me réoriente. Place ensuite au dérushage : j’affine mes personnages, je trouve le fil rouge du spectacle en fonction de la matière. » En deux mois, c’est plié !

Cinéma, impro, ou sortir de la solitude…

Mais Antonia fourmille d’autres projets. Elle vient d’écrire un court-métrage, s’attaque à l’écriture d’un film. Son rêve ? Refaire du cinéma, après trois expériences dont son rôle de Madame de Cléry dans La Ch’tite famille de Dany Boon, sorti l’an dernier. « J’aime le cinéma car c’est un travail collectif, alors que je suis très solitaire dans mon travail. C’est pour cela aussi que je me remets à l’impro, j’ai envie de travailler avec d’autres gens. Sur un plateau, c’est le moment du jeu vrai, moi qui suis beaucoup dans l’acting, qui force le trait… Là je gomme tout pour trouver l’essentiel du personnage. »
Si elle se questionne parfois sur ce que serait sa carrière si elle avait quitté Strasbourg pour Paris, Antonia ne regrette aucun de ses choix. Ses filles, Victoire et Céleste, les prunelles de ses yeux, et son mari chilien, indéfectible soutien et savant critique à ses heures, sont son essentiel. Elle aime la douceur de vivre strasbourgeoise, sans mettre entre parenthèses son ambition. Dès la rentrée, on devrait la retrouver un jeudi par mois sur la Scène de Strasbourg à la Meinau, où elle invitera deux humoristes à un spectacle d’improvisation. Elle a aussi retrouvé les Improvisateurs et va rejoindre l’équipe de Paris Impro. Bosseuse, Antonia sait aussi « prioriser ». Après dix jours au festival d’Avignon du 5 au 16 juillet, elle prendra un petit break, avant de s’attaquer à l’écriture d’un nouveau spectacle pour faire suite à Moi jeu qu’elle jouera jusqu’en 2021.

© Alban Hefti

Toute son actu sur sa page Facebook/Antonia de Rendinger