Des jeunes étudiants en architecture imaginent le Strasbourg de demain

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Chaque année, les jeunes étudiants de l’École nationale supérieure d’architecture de Strasbourg (ENSAS) planchent sur des concours d’aménagement du territoire. Après la place d’Haguenau il y a trois ans ans, l’aménagement des gares de banlieue en 2016, la cohabitation vélos-piétons l’an passé, l’édition 2018 portait sur l’aménagement de la partie urbaine de l’A35, après l’avènement du futur GCO. Et force est de constater que les jeunes futurs architectes ont de l’imagination et du talent…

Architecte diplômé depuis un an, le Strasbourgeois Tristan Siebert (26 ans) a déjà eu l’occasion de se confronter à la réalité du terrain puisqu’il termine un stage d’un an dans une société d’aménagement public de la banlieue parisienne. Il a été partie prenante du concours 2018 en tant que membre de l’association organisatrice, Travailleurs étudiants strasbourgeois accros à l’architecture (TESAA). Créée dans les années 90, cette association, au départ, fonctionnait comme une sorte de « bureau de placement » pour les jeunes architectes diplômés de l’ENSAS. En partenariat avec l’ASEAO (l’Association strasbourgeoise des étudiants en aménagement et urbanisme), TESAA organise donc ces concours auxquels participent volontairement des équipes d’élèves-architectes.

Tristan Siebert l’affirme volontiers : « Le principal mérite de ces concours est de permettre aux étudiants de sortir d’une forme de routine des études et d’entrer en contact avec des opérationnels sur le terrain et des décideurs aménageurs ou politiques. Quelquefois, le concours permet de prendre conscience de certaines réalités. L’an passé, avec le thème de la cohabitation vélos-piétons, on a vraiment pu se rendre compte du manque d’un projet global pour ce que l’on appelle le Ring, c’est-à-dire l’axe Avenue des Vosges, boulevard Wilson, Gare, boulevard de Metz, boulevard de Nancy où malgré la circulation d’une densité impressionnante, il n’existe que très peu de pistes cyclables sécurisées, sans parler des traversées piétonnes qui posent aussi pas mal de problèmes. »
GCO oblige (et préemptant sa réalisation effective), on sait qu’un projet de réaménagement en boulevard urbain de la portion urbaine de l’A35 est une option sérieuse retenue par les élus. C’est donc sur ce sujet qu’a porté le concours de cette année. « On a demandé aux étudiants de réfléchir à un schéma de mobilité à l’échelle de l’agglomération » précise Tristan Siebert « et en même temps aux répercussions que cela pourrait avoir dans la partie urbaine de la traversée de Strasbourg. Bien entendu, on leur a précisé que ce n’était pas un concours de plans de masse où on devait uniquement montrer combien d’immeubles on pourrait caser ici ou là. Ce qu’on attendait d’eux était qu’ils nous fournissent des idées nouvelles et originales sur le devenir des espaces et terrains à aménager. On n’a pas lâché comme ça les étudiants dans la nature : on a fait venir des intervenants professionnels lors de temps forts afin qu’ils aient des points de vue différents. Autre précision : on ne les a pas obligés à prendre en compte le GCO, la question centrale portait sur l’aménagement urbain de l’A35, là où transitent aujourd’hui tant de véhicules, du nord au sud. On leur a donné tout ce matériel, tout en ayant bien conscience qu’ils n’étaient pas en mesure de produire ou bénéficier d’éléments essentiels, comme des études de circulation. On leur a néanmoins communiqué les études existantes » conclut Tristan Siebert.

Parmi les projets récompensés

Henri Castanier et Badr Raissouni

Le projet « Strasbourg en bonne voie » préconise de prioriser un travail de requalification de la vaste zone enclavée située entre la gare centrale et Cronenbourg qui, selon eux, « freine l’étendue de la ville vers l’ouest et engendre l’isolement et le délaissement de certaines zones ».
S’appuyant sur un constat imparable –« le trajet entre la place de la gare de Strasbourg et la patinoire de l’Iceberg dans le quartier de Cronenbourg se voit obstrué par des lignes de chemin de fer, une friche industrielle, les anciens remparts de la ville, un cours d’eau, puis, enfin, l’A 35 »- les deux jeunes étudiants de l’ENSAS proposent de « délocaliser les dépôts SNCF au nord (…) et d’ouvrir la gare vers l’ouest (…) ainsi que de créer de nouveaux passages pour faciliter le franchissement du glacis et du cours d’eau ». À terme, un véritable parc urbain serait ainsi créé.
L’actuelle A 35 serait réduite à deux voies semi-enterrées, limitée à 70 km/h. Le réseau d’axes ainsi créé serait pour l’essentiel piétonnier et/ou réservé pour les transports en commun.

 

Mathilde Delrocq – Justine Gardy – Sophie Pfeil

Dans leur projet joliment nommé « Routes-Roots », les trois étudiantes s’orientent vers « un développement écologique, social et inclusif de la ville. » Elles imaginent s’appuyer sur les 14 gares de l’Eurométropole pour créer un « RER interurbain », complétant l’offre Tram et Bus actuelle, ces gares devenant de « nouvelles polarités attractives et pouvant participer à la construction identitaire des quartiers. »
Le boulevard urbain succédant à l’actuelle A35 comporterait, selon le projet Routes-Roots, des voies de bus réservées et des pistes cyclables, et la déclivité actuelle serait exploitée par l’intégration de la pente dans les projets de construction des bâtiments s’intégrant dans « un quartier écologique ».
Dans le projet Routes-Roots est revendiquée explicitement la « réalisation d’une couture urbaine entre quartiers »

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