Les grands vins des petites occasions : Bagelstein

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Au cours de mes dernières années dans le monde du vin, j’ai rencontré beaucoup de professionnels qui nuançaient l’accord parfait avec des airs de pigeon rôti sur coffre, de cuisses de grenouille au beurre persillé, et charlotte glacée mangue coco…

 Je me surprends à saliver devant tant de beaux – mais rares – projets pour le palais. Puisque les essais permettent de mieux comprendre la théorie des accords, il importe de tester ces plats, et indéniablement ces bouteilles, qui promettent tant. Afin de vulgariser l’art des associations mets et vins – et puisque, lorsqu’on jase vin, l’humilité flâne toujours – je proposerai dans cette chronique Web des harmonies particulièrement simples. Que vous ayez choisi « à emporter» ou via une entreprise de livraison, les petits plaisirs du restaurant d’à côté sont à l’honneur. Parce qu’un mardi soir, les contraintes du quotidien peuvent à juste titre donner envie de jeter son dévolu sur une simple quiche ou un bon plat de spaghetti.

Vous parlez bagel ?

Le bagel, particulièrement populaire aux États-Unis et au Canada, est un pain en forme d’anneau et à la mie ferme. Côté cuisson, il a la particularité d’être ébouillanté avant d’être enfourné. S’ensuit souvent une garniture à base de graines de sésame ou de pavot. Les plus fringants oseront une poignée d’échalotes, et ce sera tout aussi délicieux.

Au Bagelstein, le bagel prend ses aises ! La franchise concoctée à Strasbourg propose différentes recettes de sandwiches originaux. Si le bagel vit historiquement un roman d’amour avec le fromage à la crème, le Bagelstein encourage cette union charnelle (à quelques exceptions près). Aux différentes formules proposées s’ajoutent des chips, des pâtisseries, et des softs en mode USA. Aux différentes adresses, les produits frais et l’humour décalé omniprésent en font un véritable succès. Dans le confort de votre cuisine, le fameux « pain rond avec un trou au centre » peut aussi trouver son bonheur avec un verre de vin, encore faut-il repérer celui avec qui il s’entend bien.

 

L’accord Isidore

Devant le menu, mon cœur balance. Au trône des plus populaires, l’Hypolite (poulet) et le Léontine (saumon fumé) se côtoient. Bien qu’attrayants, je renonce. Dans le vaste monde des accords mets & vins, la nature des viandes et des poissons sont des éléments hautement considérés, de quoi laisser un végétarien sur sa soif. Il importe toutefois de prendre en compte la petite sauce – celle qui donne envie de saucer un pain entier, même si ce n’est pas très poli – et les accompagnements. Bref, tout. C’est d’ailleurs pourquoi les plats très complexes, relevant plus de l’art contemporain que de Maïté, représentent de véritables défis pour un sommelier. Afin de faire rayonner les accords veggie, j’ai choisi le bagel Isidore. Que se passe-t-il dans ce bagel ?

Isidore, c’est le crémeux du cream cheese, la fine acidité des tomates, le fondant de la mozzarella, la douceur des poivrons marinés, et la persistance herbeuse de la sauce pesto. Alléchant, n’est-ce pas ? Une recette savoureuse et estivale qui trouve son bonheur avec un vin frais – joli mot pour parler d’acidité – et léger. Un vin boisé étoufferait les saveurs délicates de la mozza. Un vin tannique ? La sauce pesto n’apprécierait guère. Voici donc deux suggestions qui égayeront votre pause repas :

Si le blanc fait battre votre cœur, je propose la cuvée Métiss 2016 du Domaine Bott-Geyl (Beblenheim). Celui-ci est issu d’un assemblage principalement composé de muscat et de riesling ; eh oui, les vins alsaciens peuvent aussi combiner les avantages des variétés de la région ! Il dévoile de délicats arômes de raisins croquants et de limettes. En bouche, il est sec, vif, et fruité. Une forte tension minérale se prolonge en finale, de quoi appeler une autre gorgée. Un vin de plaisir immédiat !

Plutôt rosé ? Optez pour la cuvée Cabochard 2017 du Domaine Sérol, un AOC Côtes Roannaises. La petite appellation d’Auvergne fait briller de jolis vins rosés et rouges issus du cépage gamay saint-romain. Dans le verre, celui-ci sent bon la fraise – la vraie – et les agrumes. En bouche, le vin est sec, gourmand et présente une acidité qui le rend agréablement digeste. Les tanins, quant à eux, sont tout en retenue…un véritable vin de soif ! Outre le sympathique accord avec Isidore, mieux vaut en conserver une bouteille au frigo pour les soudaines envies d’apéro.

Qu’ils soient à base de bagels garnis ou non, certains moments du quotidien peuvent donner envie d’ouvrir une bonne bouteille de vin. Faites-vous plaisir ; les plus beaux accords sont souvent très simples. Les suggestions présentées vous donneront des pistes… Le monde du vin est rempli de curiosités certes, mais l’essai-erreur ne gambade pas trop loin derrière.

Merci au Bagelstein de la rue du Jeu-des-Enfants pour leur accueil !
Les vins présentés sont disponibles au Théâtre du Vin, Rue du Marché Gare à Strasbourg.

 

 

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