Natacha Bieber, des relations internationales à la boucherie artisanale

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A l’approche de ses 30 ans, Natacha Bieber décide de quitter les relations internationales. En quête d’une reconversion, elle découvre la viande presque par hasard, et c’est le coup de cœur. Après être passée par de célèbres maisons à Strasbourg, Paris et Los Angeles, la jeune femme de 35 ans vient d’ouvrir sa coquette boucherie artisanale à deux pas de la place Saint-Etienne.

Meubles en bois clair, billots traditionnels pour découper la viande à l’ancienne devant le client, musique sympa en fond sonore, logo design… Plus qu’une boucherie, le commerce de Natacha Bieber est un concept. Déco ultra soignée, pièces de viandes et de charcuterie joliment présentées dans une armoire réfrigérée : Natacha Bieber a soigné les moindres détails. « Quand je suis rentrée de mon expérience aux Etats-Unis, je me suis dit qu’il me fallait un concept, une image, je voulais que ma boucherie soit belle, soignée, élégante », confie la jeune femme de 35 ans. Pari gagné, on s’y sent bien, dans un esprit commerce de quartier des plus agréables où le boulanger du coin n’hésite pas à ramener les croissants.

Les métiers artisanaux nécessitent beaucoup de travail, de répétitions de gestes…

Mais avant d’ouvrir sa propre enseigne, Natacha a – très – sérieusement travaillé sa reconversion. N’étant plus épanouie dans son job dans les relations internationales, elle réfléchit alors à comment entreprendre. « Je voulais être mon propre patron et acquérir un savoir-faire, confie-t-elle. Je ne pouvais plus être statique derrière un bureau, j’avais envie de faire quelque chose de mes mains. » Elle découvre l’univers de la viande par hasard, dans une boucherie familiale proche du musée d’art moderne. « J’ai tout aimé, le geste, le toucher, c’est un rapport assez charnel avec la viande, mais aussi la technicité, le contact avec les gens… » Son CAP en poche après une année d’expérience chez Kirn, elle décide de partir à Paris, « car j’avais envie de progresser très vite. Les métiers artisanaux demandent beaucoup de travail, de répétition de gestes pour acquérir une solide expertise. Je dois encore gagner en rapidité. »
La jeune femme passe alors par de prestigieuses maisons comme Hugo Desnoyer, Marché d’Aligre ou Yves-Marie Le Bourdonnec. « A Paris, j’ai tout appris : la rigueur, le travail dans le détail, les enchaînements d’heures, le rythme, la clientèle exigeante… » Le 24 décembre au soir, dernier jour de sa saison chez Yves-Marie Le Bourdonnec, ce dernier la regarde et lui dit : « Tu es prête. Mais il faudrait que tu ailles à l’étranger, en tant que Français, nous avons un beau savoir-faire. » Natacha s’envole alors pour Los Angeles, mais revient très vite. « Je ne veux plus vivre ailleurs qu’en France en fait, on est trop bien ici ! En revanche, aux Etats-Unis, tout est possible, il y a un vrai vent de liberté, je suis revenue galvanisée ! »
Natacha investit alors 200 000€ pour installer sa boutique au cœur de Strasbourg. Ses viandes sont rigoureusement sélectionnées – la volaille vient des Landes, l’agneau, le veau et le bœuf du Limousin, le porc du Cantal et du Sud-Ouest. Les amateurs n’y trouveront en revanche aucune charcuterie alsacienne : « Je ne charcute pas, et je préfère proposer d’autres produits de charcuterie que mes confrères, comme du Noir de Bigorre… » Une artisane-bouchère qui se démarque même par son positionnement « flexitarien », en privilégiant le manger « moins de viande, mais mieux. »

17, rue de la Croix, Strasbourg. Tél. 03 90 23 87 38
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