Une pépite nommée CIRA…

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Le Centre International de Rencontres Artistiques de Strasbourg existe depuis 1981. Créée par un groupe de passionnés de danses contemporaines, la structure a longtemps été dirigée par la même équipe. Le décès brutal de son président, il y a cinq ans a mis subitement en lumière l’absence totale de transmission sur fond de gros déficit financier. À l’évidence, des forces vives se devaient d’intervenir en urgence…

 

C’est tout sourire dehors que Yoko N’Guyen s’attable pour nous parler des dernières années du CIRA, au bureau de l’association, place des Orphelins.
« Tous nos voyants sont de nouveau au vert » dit avec fierté celle qui dirige le CIRA depuis cinq ans. « Les événements avaient beaucoup pesé sur l’existence-même de la structure qui, jusqu’à la mort brutale de son président, avait toujours été dirigée peu ou prou par la même équipe depuis trente ans. Parmi ces passionnés, il y avait notamment Joëlle Smadja, l’actuelle directrice artistique de Pôle Sud qui fonda, avec d’autres, le CIRA en 1981. Aux difficultés de gouvernance et de projet s’ajoutaient d’importantes difficultés financières, un déficit de 30 000 € pesant sur l’avenir de la structure. Il a fallu à ce moment faire le tour de toutes les bonnes volontés car les difficultés avaient éloigné les personnes qui nous avaient précédés. Il a donc fallu s’astreindre à reconstruire l’image du CIRA auprès du public en reboostant à la fois la programmation dans le sens de propositions répondant à une volonté de renouvellement et en construisant une offre de stages vers des publics sans vrai lien avec le CIRA jusqu’alors.
Aujourd’hui, le pari de renouveau a été tenu : le déficit est résorbé, nos rentrées financières ont doublé, notre public a lui aussi doublé : nous avons plus de 1 200 adhérents mais plus de 2 600 personnes participent à l’ensemble des activités que nous proposons. En conséquence, nos effectifs de permanents ont progressé aux aussi : nous sommes quatre femmes qui gérons la structure : j’ai proposé une forme de management participatif où chacune d’entre nous est à la fois autonome dans ses tâches mais aussi partie prenante dans l’association, ce qui lui permet de donner le meilleur d’elle-même. Nous sommes d’ailleurs en train d’étudier un changement de statut pour le CIRA : la partie événementielle resterait dans le cadre associatif tandis que la partie formation et stages serait hébergée au sein d’une Société coopérative d’intérêt général (SCIG) sur le modèle de Citiz qui est la première SCIG d’Alsace. Ainsi, nous serions toutes quatre réellement associées au projet, en pleine responsabilité. En outre, ce statut permettra au CIRA, le moment venu, de ne pas se retrouver dans la situation pénible de non transmission qu’il a connu au décès de son président historique… » précise Yoko N’Guyen.

Ateliers, stages, événements…

Rassuré et radicalement transformé en terme de management, le CIRA est devenue une de ces pépites culturelles qui comptent à Strasbourg. La structure propose et organise annuellement presque 1000 heures d’activité, des ateliers hebdomadaires, des stages week-end et des stages plus longs pendant les vacances scolaires. « Nous sommes très fières de pouvoir désormais avoir un bel impact avec ces stages pour les enfants à partir de quatre ans » dit Yoko. « Au niveau des événements, je cite volontiers « Strasbourg danse l’été » que nous avons créé il y a quatre ans qui est devenu un grand événement de rentrée, porté par la Ville de Strasbourg à travers le centre Chorégraphique et tout cela sans être attachés à une ligne artistique unique. Nous sommes réellement pluridisciplinaires. Au CIRA, on a accès à la danse classique mais aussi à toutes les disciplines et pratiques contemporaines avec des intervenants, danseurs et chorégraphes renommés locaux, européens et de tous les continents. En fait, en permanence, il y a cette volonté de développer une véritable culture chorégraphique à partir de la danse elle-même. Nous n’avons pas vraiment de lieu à nous, pas encore, mais le CIRA est un espace hybride dans lequel on trouve beaucoup de pratiques différentes, populaires au vrai sens du terme mais sans déroger à une réelle rigueur artistique et à une vraie volonté de ne pas perdre le fil conducteur : l’art chorégraphique. En fait, nous nous développons sans relâche. Je me définis moi-même comme ce buffle qui aide les paysans dans les pays encore loin du modernisme agricole : j’avance méthodiquement et je ne cesse de creuser mon sillon… »

 Diriger le CIRA est un véritable cadeau…

Yoko est une authentique passionnée. « Le fil d’Ariane de ma vie a été le travail du corps qui m’a amené très vite à la danse. D’abord via le théâtre, et cette période de la Courneuve et d’Aubervilliers mise en place par Jack Ralite. Via les cours Simon, je me suis intéressée au travail corporel. Je suis partie jusqu’au Japon pour poursuivre un travail entamé à Paris avec un danseur japonais. Je dis souvent sur la danse que je ne sais pas si je la pratique bien, mais c’est en tout cas ce que je fais le mieux. C’est là où intellectuellement, mon esprit et mon corps sont raccords. Je touche tout à la fois le ciel et la terre sous la forme d’une réelle symbiose. Cet art m’a forgé une vraie capacité à m’adapter à tous les aléas de la vie. En fait, pour moi, diriger le CIRA est un véritable cadeau car je n’aurais jamais imaginé que ça puisse se faire. Après tout ce que j’ai vécu dans la vie je ne pouvais imaginer que je travaillerais à plein temps dans le domaine de la danse et surtout avec cette mission de développement permanent qui est mon truc depuis longtemps, je le sais. Au CIRA, le développement est dans notre ADN il nous est interdit de flancher, il nous faut être sans cesse très créatives. Si la réussite de notre pari de départ est devenue une réalité ; c’est parce qu’on a su monter en compétence mais, comme d’autres, nous sommes confrontées à une évolution des politiques culturelles : des prestations sur des lieux que nous utilisons, comme le Conservatoire par exemple, vont devenir payantes., nous le savons. Comment faire dans ces conditions pour développer notre programme de cours et de stages ? Les quatre nanas que nous sommes se sont prouvées à elles-mêmes d’abord qu’elles pouvaient réussir alors que nous n’avions aucune d’entre nous le profil classique requis en entreprise. Nous nous attaquons donc à cet autre challenge et réussir passera sans doute par bénéficier d’un lieu pour ne plus dépendre autant de nos partenaires. Il va falloir le dénicher. Je regarde un peu autour de moi : on peut tout à fait envisager une location si on parvient à développer nos activités comme on l’imagine… »

Tout le détail des activités et événements du CIRA se découvre sur www.ciradanses.fr

 

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