« Pandore », Pauline Roeser

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Pandore s’éveille
dans le bruit, perdue
Elle cherche sa boîte,
à ses côtés, disparue
Où sont passés ses maux, ses cauchemars, ses peurs ?
Elle cherche dans le noir
sa boîte à malheur
Ses longs doigts tâtonnent
Mais ne trouvent que poussière
À la place du bois
Sur quelques mottes de terre
Pandore se lève,
En furie :
« Qui a volé ma boîte ?»
La voilà qui crie
« Où sont passés mes chagrins, mes douleurs, mes regrets?
Voyez! Tous mes maux s’en sont allés »
Le visage d’un passant se tourne,
Surpris,
« Mais allez Madame, soyez heureuse! »
Pandore le regarde,
Ahurie :
« Ma toile est toute blanche,
Sans mes maux pour l’habiter
Je suis sans défense
Et me retrouve sans passé.
Mes chagrins donnaient du sens
À ma marche forcée
Où vais-je maintenant
Si ce n’est pour les traîner?
Où est passée ma boîte
Il me faut la trouver
Une araignée y vit
Elle mange les couleurs
Et tisse patiemment, le défilé des peurs
Qui pourra la nourrir ?
Maintenant ma toile est blanche
Et je ne sais plus où aller.
Mes mots sont partis
Tout comme l’araignée »
Le passant, tirant de sa besace pots et chevalets
Les tendit à Pandore :
« Si les mots viennent à manquer,
Arrosez de vers clairs le rouge coulant
et les bleus saillants,
Peignez votre histoire,
Sans rime ni sens,
Vous trouverez la juste nuance. »

Crédit photo: Vincent Muller

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